Facebook s’est engagé à opérer une réduction drastique de son empreinte carbone globale, surtout dans les communautés où l’entreprise numérique est implantée. Comme dans la ville danoise d’Odense, où le réseau social récupère la chaleur produite par son centre de données, et la fournira bientôt à 6.900 foyers.
Le nouveau data center de Facebook à Odense, au sud du Danemark, s’étend sur 50.000 mètres carré répartis dans deux bâtiments. Depuis le mois de septembre 2019, la chaleur générée par ses serveurs est récupérée et redistribuée directement dans les radiateurs de la communauté voisine.
Dans la plupart des centres de données, des climatiseurs réfrigèrent les serveurs et les maintiennent à une température inférieure à 28 degrés. La chaleur des machines est donc rejetée dans l’atmosphère
Au contraire, à Odense, où la température est souvent négative en hiver, la chaleur émise par les 176 unités de refroidissement du data center est transférée à une pompe à chaleur de Fjernvarme Fyn, la société locale de chauffage urbain.
Les pompes à chaleur du réseau relèvent la température de la boucle d’eau qui alimente les radiateurs des habitations d’Odense.
A l’heure actuelle, seuls un hôpital local et plusieurs autres bâtiments de la communauté environnante bénéficient du système de récupération de chaleur mis en place par Facebook, mais à terme, le groupe américain espère « recycler » 100.000 MWh produits par ses serveurs, ce qui permettra de chauffer près de 6.900 foyers.
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Une empreinte environnementale en forte baisse
Le 8 juillet dernier, Facebook a publié son premier rapport d’une vingtaine de pages sur son empreinte environnementale. L’entreprise de Marc Zuckerberg annonce des objectifs ambitieux, mais veut se donner les moyens d’y parvenir. Le géant américain investit des sommes importantes dans de nombreux projets de production d’énergies renouvelables. Si ceux-ci n’alimentent pas toujours directement ses centres de données, ils sont, en partie, connectés aux mêmes réseaux électriques que ceux qui fournissent l’énergie aux data centers.
Dans son rapport, Facebook affirme avoir déjà réduit de 59% ses émissions de CO2 par rapport à 2017. 86% de ses activités – centres de données et activités de bureaux – sont alimentées par des énergies renouvelables.
En 2018, Facebook s’est engagée à réduire ses émissions de GES de 75 % et à alimenter ses opérations internationales avec une énergie d’origine 100 % renouvelable d’ici la fin 2020.
« Nous allons continuer à travailler sur notre empreinte carbone pour la réduire encore plus. En 2019, nous avons fait des progrès significatifs, et nous sommes tout à fait alignés avec notre objectif pour 2020 » explique Edward Palmery, directeur du développement durable de Facebook.
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Le numérique se mobilise contre le réchauffement climatique
D’après le cabinet de conseil français Green IT, le numérique était à l’origine de 3,7% des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) dans le monde en 2017 et de 4,2% de la consommation mondiale d’énergie primaire[1].
Le secteur générerait donc une partie relativement réduite des émissions totales de CO2.
Mais en nombre d’équipements, la taille de l’univers numérique aura quintuplé en 2025 par rapport à 2010. Son empreinte carbone représentera alors 6% des émissions globales de GES.
Pour faire face à cette situation, les géants de l’informatique prennent des engagements qui, à défaut d’avoir fait leurs preuves, méritent au moins d’être soulignés : Microsoft veut effacer son empreinte carbone d’ici 2030, Jeff Bezos, patron d’Amazon, a créé un fonds de 10 milliards de dollars pour lutter contre le changement climatique, Facebook participera au financement d’une ferme solaire de 300 MW baptisée « Solar Prospero » au Texas, et investit dans divers projets d’alimentation en eau, notamment au Nouveau Mexique et en Oregon.
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Il y a plus longtemps, en 2008 déjà, la ville suisse d’Uitikon, à côté de Zurich, récupérait déjà la chaleur produite par un centre de données d’IBM pour chauffer une piscine locale. Depuis 2017, le siège social d’Amazon à Seattle est chauffé par la chaleur résiduelle d’un datacenter situé dans un immeuble de 34 étages, qui abrite plus de 250 entreprises actives dans le numérique et les télécommunications.
Facebook s’inscrit donc dans la lignée d’une démarche responsable initiée par les entreprises du numérique. Mais l’initiative que le réseau social met en place à Odense se distingue de toutes les autres par une ampleur encore inégalée : les serveurs produisent jusqu’à 25 MW de chaleur par heure. Cette énergie sera mise à profit pour chauffer des milliers de bâtiments au lieu de quelques-uns seulement.
[1] L’énergie primaire est une énergie disponible dans la nature avant toute transformation, comme par exemple les énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon), le bois ou l’énergie solaire. L’électricité ou l’hydrogène ne sont pas des énergies primaires puisqu’ils doivent être fabriqués à partir d’une autre source d’énergie.
En France aussi, nous avons des acteurs éco-responsable côté cloud et datacenter. Tresorio par exemple avec son réseau de mini data centers intégrés en ville, qui chauffent déjà un hôpital et une usine. C’est bien, on avance dans le bon sens !