Une entreprise s’est donnée pour mission d’injecter de l’oxygène dans la mer tout en produisant de l’hydrogène vert. Il s’agitait d’une bonne façon de lutter contre le développement des zones mortes, notamment dans la mer Baltique, particulièrement touchée par ce phénomène.
Le réchauffement climatique associé aux activités industrielles agit sur le milieu marin en le privant peu à peu d’oxygène. En effet, l’augmentation de la température de l’eau ralentit le brassage des océans et ralentit la solubilité de l’oxygène dans l’eau. Et les rejets des activités des industries ou de l’agriculture provoquent une hausse des nutriments, entrainant le développement des algues, lesquelles consomment de l’oxygène. Ce manque d’oxygène dans les océans, appelé « anoxie », crée des zones mortes. La mer Baltique est particulièrement touchée par ce phénomène en raison de son caractère intracontinental.
Redonner vie au milieu marin en lui réinjectant de l’oxygène
Pour remédier à la situation, une entreprise a décidé de redonner vie à la mer en lui redistribuant de l’oxygène. Fondée en 2017, Lhyfe est un groupe européen spécialisé dans la production et la fourniture d’hydrogène vert. La société est d’ailleurs connue pour avoir testé la première plateforme pilote de production d’hydrogène vert en mer au monde.
À terme, elle souhaite à la fois produire de l’hydrogène vert en mer et distribuer de l’oxygène dans le milieu marin. En effet, l’électrolyse de l’eau qui permet la production d’hydrogène vert produit aussi de l’oxygène qui trouvera ainsi une utilité en étant réinjecté dans le milieu marin. Pour se donner une idée des quantités, la production d’un kilo d’hydrogène vert renouvelable par électrolyse de l’eau conduit à la coproduction de 8 kilos d’oxygène, selon Lhyfe.
L’entreprise a débuté des travaux de recherche dès 2020, pour permettre de redonner vie aux zones marines privées d’oxygène en mer Baltique. En 2023, le projet prend une nouvelle dimension avec le financement du fonds du plan d’action pour la mer Baltique (BSAP). Baptisé « BOxHy », il réunit, outre Lhyfe, une entreprise qui développe des projets d’hydrogène, Flexens ainsi que l’université de Stockholm (Suède).
Un site pilote dans la mer Baltique pour tester la réinjection de l’oxygène dans l’eau
Ces trois entités ont dévoilé l’avancée de leurs recherches qui se termineront en octobre 2024. La préparation d’un site pilote devrait voir le jour pour tester la redistribution d’oxygène en profondeur dans la mer Baltique. Cela permettra de mesurer l’impact de cet apport d’oxygène sur le milieu marin avant d’envisager un déploiement à plus grande échelle.
En pratique, il s’agira d’injecter de l’oxygène gazeux pur dans les profondeurs marines, « en dessous d’une zone où se produisent de fortes variations de la densité de l’eau (pycnocline), à l’aide d’un système qui répartit l’oxygène en micro bulles de manière homogène », selon le communiqué de presse. Ce système aurait déjà fait ses preuves aux États-Unis, au sein de plusieurs lacs d’eau douce. Pour le PDG de Lhyfe, Matthieu Guesné, « à travers ce type d’initiatives, en plus de réduire notre empreinte carbone, nous pouvons imaginer apporter un service à l’environnement et avoir un impact positif sur l’écosystème naturel ».
« Il s’agitait d’une bonne façon… » 🙂