Stocker et injecter de l’électricité renouvelable grâce à des batteries de véhicules électriques : voici la vocation du système « Advanced Battery Storage » développé par Renault. Des méga-accumulateurs capables d’alimenter l’équivalent d’un village de 5000 habitants.
Intermittente, aléatoire, parfois imprévisible, l’électricité d’origine renouvelable est plus délicate à injecter sur le réseau que celle issue des centrales thermiques ou nucléaires. Pour qu’elle occupe une place toujours plus importante dans le mix énergétique, il faut donc la stocker. La classique batterie est une des solutions. Avec la croissance du parc de véhicules électriques, les constructeurs automobiles disposent de plus en plus d’accumulateurs usés. Ils peuvent les recycler en les confiant à des sociétés spécialisées ou les valoriser en leur donnant une « seconde vie ».
Cette dernière option est une aubaine. En effet, si le recyclage d’une batterie par un prestataire coûte de l’argent aux constructeurs, la valorisation peut lui en rapporter. Avec son système « Advanced Battery Storage », Renault propose ainsi un moyen de stocker et restituer une grande quantité d’énergie avec ses vieilles batteries. La technologie est plutôt simple : des piles de véhicules électriques neuves ou usées sont rassemblées dans un ou plusieurs conteneurs maritimes standards.
Diminuer le coût des énergies vertes
Connectées au réseau public, ces mégas-batteries permettent de compenser les écarts entre la production d’électricité et la consommation. « Elle délivre ses réserves à l’instant précis où un déséquilibre se crée sur le réseau pour en gommer les effets » précise Nicolas Schottey, le directeur du programme « Nouveau Business Energie » chez Renault. Conséquence de ce rééquilibrage : l’injection d’électricité d’origine renouvelable est facilitée et son coût est diminué.
Renault envisage de construire ses premières installations début 2019. Elle se situeront sur quatre sites en France et en Allemagne. Dans l’hexagone, les usines de la marque au losange à Douai et Cléon seront équipées. Outre-Rhin, c’est une ancienne usine à charbon de la Rhénanie-du-Nord-Westhalie qui accueillera le système. Selon Renault, ces mégas-batteries seront « à terme » capables de stocker au moins 60 mégawattheures (MWh) d’électricité, l’équivalent de la consommation quotidienne d’un village de 5000 habitants.
Absorber la production instantanée d’une vingtaine d’éoliennes
L’installation pourra également encaisser ou délivrer « quasi-instantanément » une puissance de 70 mégawatts (MW), soit la production d’une vingtaine d’éoliennes terrestres. Suffisant pour « répondre efficacement à la majorité des sollicitations du réseau » selon Nicolas Schottey.
Une fois complètement déployées, pas moins de 2000 batteries de véhicules électriques prendront place dans les conteneurs. Au milieu de ceux usés, les accumulateurs neufs constitueront un stock pour Renault, qui affirme pouvoir ensuite les réutiliser « pour des futurs usages en échange standard lors des opérations après-vente ».
Une nouvelle spécialité pour les constructeurs automobiles
Avec la Zoé, la marque commercialise un des deux véhicules les plus vendus en Europe. Elle doit trouver des solutions pour gérer un nombre important de batteries neuves et d’occasion. L’année dernière, Renault présentait un système de recharge rapide via des batteries-tampons de seconde vie. D’autres constructeurs explorent aussi la valorisation de leurs accumulateurs usés. Nissan a par exemple installé un système d’alimentation dans le stade d’Amsterdam. Hyundai s’est associé à Wärtsilä pour équiper une usine à Dangjin en Chine et BMW a relié son site de Leipzig à 500 vieilles batteries. La mobilité électrique pourrait bien transformer les constructeurs en fournisseurs d’énergie…
Commentaires
L'énergie verte, ça n'existe pas par définition puisque l'énergie sert à modifier l'environnement à notre profit. C'est donc exactement le contraire de laisser les choses en l'état, principe de base de l'écologie. Il y a simplement des énergies moins grises que d'autres.
Utiliser des batteries usagées de voiture pour les empiler dans des containers en stockage est une solution morte née. Ce sera abandonné dans les 10 ans qui viennent.
Pourquoi ? Parce que ces batteries ne seront pas assez performantes pour tenir le coup dans la durée pour ce genre d'installation;
Le vrai recyclage des batteries consiste à miner celles ci, pour récupérer les matériaux et fabriquer de nouvelles.
Beaucoup plus technique, complexe et écologique.
Plus ingénieux donc pas pour Renault PSA
Alors on les utilise encore tant qu'on peut pour stocker du courant et APRES on les démonte pour les recycler...
Je suis désolé mais ce que vous dites n'a absolument aucun sens.
C'est comme si je disais qu'un moteur de Clio capable de parcourir encore 50 000 km était plus judicieux à recyclé que de revendre en pièce....
Ces packs batterie de VE ne fournissent plus assez de courant pour mouvoir un véhicule de presque 2T de façon satisfaisante mais fournissent assez de courant pour alimenter une zone d'habitation. Alors autant les utiliser jusqu’à la dernière goutte puis les recycler. C'est infiniment plus économique.
On parle là de système plug and play, trés simple à manipulé et à retirer du système (un peu à l'image de rack de serveur).
Bof bof, utiliser des batteries usagées pour stocker de l'énergie = frais de maintenance annuels pour gérer les obsolescences des cellules qui tomberont en rade les unes après les autres... tout ça pour n'être capable de stocker que quelques heures de la conso d'un petit village... à combien va revenir le kWh éolien ? C'est ça la question qui n'est évidemment pas posée dans ce genre d'article (car la réponse pourrait déranger).
Si vous lisez l'anglais, je vous suggère cet article :
https://www.greentechmedia.com/articles/read/6-charts-showing-the-renewables-threat-to-gas
En résumé : Il existe déjà de nombreux projets solaire ou éolien + stockage qui ont contractualisé à des prix inférieurs au coût de revient des centrales à gaz, le prix des batteries et des énergies renouvelables continue à baisser, et cette solution sera la moins chère partout dans le monde d'ici quelques années...
(en espérant que cette réponse ne vous dérange pas)
Votre réponse ne me dérange absolument pas dans la mesure où elle confirme que ce type de projet n'a aucun intérêt. 6 GWh de capacité de stockage au niveau mondial, c'est 0.012 % de la production annuelle d'un pays comme la France... qui représente à peine 2,5% de la production électrique annuelle mondiale.
Bref, rien, un non évènement. Même multiplié par 100, ça resterait un non-évènement au niveau planétaire et une broutille au niveau de la France. Le Power To Gaz est nettement plus pertinent. Et je ne parle même pas de la catastrophe écologique que représente l'extraction des matériaux tels que le Lithium pour les batteries.
Paul,
ce qui importe n'est pas tant la capacité installée que leur aptitude à stabiliser le réseau le temps de lancer des centrales venant en relais (que pour l'instant on laisse tourner à mi puissance "au cas où"). Six GWh de batteries, ça fait un peu plus de 6GW de puissance, soit 10 % de la consommation moyenne en France, 6 % du record de consommation. Sachant qu'on peut l'utiliser à la hausse ou à la baisse (charge ou décharge des batteries), c'est pas une paille.
Le besoin du power to gaz reste à démontrer, et les études sur le sujet montrent qu'il ne serait utile qu'au delà d'un taux d'Enr intermittentes supérieur à 50% dans le mix (probablement largement supérieur d'ailleurs, et dans des proportions, en terme de quantité d'énergie, très faibles...). Le rendement global du cycle power to gaz to power (~20%) interroge quoi qu'il en soit. Le plus urgent si on veut intégrer des quantités significatives de solaire et d'éolien (>à 30 ou 50%) est de développer les interconnections, de faire avancer les réseaux "intelligents" capables de piloter certains usages (ne pas faire fonctionner systématiquement les chauffes eau la nuit serait un début...), et surtout de développer réellement les renouvelables !
6 GWh c'est la capacité installée aujourd'hui dans le monde... pas en France ! Et au rythme d'un projet de 60 MWh par an, même dans 1 siècle on n'aura pas les 6 GWh, vu que les batteries ont une durée de vie limitée (surtout si ce sont des secondes mains). Quant au besoin du Power To Gaz, il n'est pas à démontrer mais à rendre industriellement et économiquement viable, d'où des projets comme celui de Fos sur Mer (https://www.nouvellespublications.com/power-to-gas-l-avenir-energetique-s-installe-a-fos-sur-mer-1583.html).
Cette fois ci ça me semble être une bonne utilisation pour offrir une seconde vie aux batteries Renault, bien plus utile que lorsque le stockage n'est dédié qu'à une seule installation Enr.
Là on se substitue frontalement aux centrales thermiques à flamme pour garantir l'équilibre offre demande, et donc on économise beaucoup de CO2.
Il ne reste plus à Renault qu'à faire comme BMW et son iChargeForward en pilotant la recharge des véhicules qui le souhaitent (moyennant un dédommagement pour les propriétaires), de façon à permettre de lisser les consommations. On commencera alors à vraiment voir tout ce que peuvent apporter les véhicules électriques à un système électrique plus propre et plus sur. En attendant le V2G...
D'un autre côté, pour se muscler et diminuer les risques cardiaques, un vélo électrique "increvable" :
https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/velo-electrique-kilometre-autonomie-delfast-58369/