La filière de la fusion nucléaire, qui concentre beaucoup d’espoir pour la production d’une énergie propre et presque illimitée, a connu une croissance record en 2023. Les investissements se multiplient, malgré les obstacles colossaux qui restent à franchir.
La fusion nucléaire attire de plus en plus d’investissements ! C’est, en substance, ce qu’on peut retenir du quatrième rapport annuel rédigé par la Fusion Industry Association, un organisme qui représente les acteurs de la fusion nucléaire à travers le monde. Dans ce rapport, l’association indique qu’en 2023, les 45 entreprises privées interrogées pour l’occasion ont obtenu près de 900 millions de dollars d’investissement, dont 426 millions de dollars issus de fonds publics. Parmi les investissements notables on peut citer les 100 millions de dollars récoltés par Xcimer, ou les 90 millions de dollars obtenus par l’entreprise américaine Shine. Outre ces investissements, l’association rapporte également 1000 créations d’emplois, portant le total des personnes travaillant dans la fusion nucléaire privée à 4000.
Ce même rapport nous en apprend également plus sur les ambitions du secteur privé en matière de fusion nucléaire. Les entreprises interrogées se disent très confiantes sur une possible première injection d’électricité issue de la fusion sur le réseau électrique d’ici la fin des années 2030. Plus encore, 70% d’entre eux pensent que cette première injection aura lieu avant 2035, et même la moitié des envisagent une possible commercialisation de la technologie en 2035.
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Si les avancées récentes en matière de fusion nucléaire sont légions, ces résultats surprennent au vu de tous les obstacles qu’il faut encore franchir avant une possible commercialisation de réacteurs à fusion nucléaire. On a bien assisté à des réactions de fusion nucléaire, comme celles réalisées par le laboratoire Lawrence Livemore, basé en Californie. Mais pour le moment, ces réactions ne sont obtenues que grâce à d’immenses quantité d’énergie. La dernière expérience réalisée par le laboratoire californien a ainsi permis de dégager 3,15 MJ à partir de 300 MJ d’électricité. En plus de renverser ce rapport énergie consommée / énergie produite, il faut également prendre en compte le fait que l’énergie a été dégagée sous forme de chaleur, il faudra donc ensuite la transformer en électricité.
Face à la multitude d’obstacles techniques à surmonter pour obtenir un projet commercial, ITER, plus gros projet de réacteur à fusion nucléaire au monde, accumule les retards. Celui-ci ne devrait fonctionner à pleine puissance qu’en 2036. Si tout se passe bien, il devrait permettre la création d’un premier démonstrateur industriel, appelé DEMO, qui aboutira lui-même à la construction d’une première centrale à fusion nucléaire commerciale entre 2045 et 2050. On est donc bien loin de l’horizon 2035.
Outre ces défis techniques à surmonter, l’obtention des financements nécessaires à la construction de prototypes et autres démonstrateurs risque également de poser problème. À titre de comparaison, le coût du projet ITER est déjà compris entre 20 et 40 milliards, auxquels il faudra ajouter le coût du démonstrateur DEMO ainsi que celui de première centrale prototype.