L’entreprise est en grande difficulté depuis son rachat en 2012 par Électricité de France (EDF). Alors qu’une lutte acharnée contre l’inondation du marché photovoltaïque par la Chine la fait vaciller, la voilà engagée dans un rachat par la startup Carbon.
En 2021, l’arrivée des méga usines, les « gigafactories », célébrées en grande pompe à l’Élysée, pouvait menacer les producteurs français de panneaux solaires. Déjà bien installé, Photowatt et ses 170 salariés craignaient d’être pris entre le marteau et l’enclume : la baisse des prix induite par la concurrence chinoise et les gigafactories venues la contrer par la production de masse.
À peine achetée en 2012 par la filière renouvelable d’EDF, la maison mère cherchait un repreneur pour Photowatt. Il est le seul fabricant de lingots de silicium français, et ne produit plus aujourd’hui que des wafers et assemble des panneaux. Le rachat avait été orchestré par Nicolas Sarkozy, en pleine campagne de présidentielle. Ce coup avait été dénoncé par son rival d’antan, François Hollande.
La startup Carbon en lice pour le rachat
EDF peine depuis des années à redresser Photowatt. Dotée d’une capacité de production annuelle de 250 mégawatts (MW), la startup du sud de la France Carbon s’est proposée pour la racheter l’entreprise installée à Bourgoin-Jallieu en Isère.
Carbon et EDF Renouvelables, une filiale à 100 % d’EDF, « sont parvenus à un projet d’accord pour la cession de Photowatt», lequel projet « prévoit le maintien de l’emploi sur le site de Bourgoin-Jallieu », a indiqué Carbon. « L’objectif, c’est d’assurer la croissance de Photowatt sur le long terme et de pérenniser l’expertise », sans pouvoir donner plus de détails avant que les salariés ne soient informés. Côté EDF, pas plus de détails n’a été donné à la presse. L’entreprise renationalisée tiendra Conseil social et économique (CSE) le 19 septembre, lequel dessinera les contours de la vente.
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Cédric Thuderoz, coordinateur régional de la CGT Énergie est inquiet. Intégrer Carbon représente un saut dans l’inconnu. D’abord, concernant la production, l’échelle n’a rien à voir. 250 MW pour Photowatt contre une ambition de 20 000 MW pour Carbon d’ici 2030. EDF, fort de sa nationalisation, laisse sa filiale à une startup dont la même source, doute des capacités à lever les 1,4 milliard d’euros pour sa gigafactory.
Autre symbole de la dissymétrie dans le rachat : EDF finance « en grande partie » l’opération de reprise pour adapter le site, « car Carbon n’en a pas les moyens ». Les salariés considèrent qu’EDF « cherche à soigner son image en déléguant la fermeture de Photowatt à un tiers ». Alors que le siège et le plus grand site de production de Carbon se situeront à Fos-sur-mer, le futur nous dira où le centre de gravité se déplacera, anéantissant ou conservant Photowatt.
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