Dans la province du Yunnan, en Chine, les fonderies d’aluminium tournent au ralenti par manque d’électricité. Et pour cause, le niveau des fleuves est au plus bas, réduisant drastiquement les capacités de cette région qui dépend majoritairement de l’hydroélectricité. Une situation qui s’explique en partie par le réchauffement climatique et qui pourrait se répéter à l’avenir.
Depuis le début de l’automne, c’est la troisième fois que la province du Yunnan demande aux fonderies d’aluminium de ralentir leur production. Après 10 %, puis 20 %, c’est désormais une baisse de 40 % de la production qui est attendue. Selon la banque d’investissement chinoise Citic Securities, l’ampleur de cette chute de production pourrait atteindre 700 000 à 800 000 tonnes d’aluminium. Toujours selon Citic Securities, cette situation risque, si elle perdure, d’entraîner une hausse mondiale du prix de l’aluminium.
En cause : une production hydroélectrique en chute libre du fait d’un été 2022 particulièrement chaud et de très faibles niveaux de précipitations. La province chinoise dépend en effet à 80 % de l’électricité générée par les nombreux barrages de la région. Ces restrictions font écho aux coupures de courant qui ont eu lieu pour les mêmes raisons, cet été, dans d’autres régions de la Chine.
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Situé au sud de la Chine, le Yunnan est une région essentiellement montagneuse qui dispose d’un potentiel hydroélectrique exceptionnel. On y dénombre pas moins de 7 barrages d’une puissance supérieure à 3 000 MW. À titre de comparaison, la centrale hydroélectrique française la plus puissante fait 1800 MW (le barrage de Grand’Maison). Parmi ces 7 barrages, on retrouve la centrale hydroélectrique de Baihetan, deuxième plus puissante du monde, qui a été mise en service à la fin de l’année 2022.
Cette large quantité d’électricité disponible à faible coût a fait le bonheur de la très énergivore industrie de l’aluminium qui s’y est largement développée ces dernières années. Il faut en effet près de 13,5 MWh d’électricité pour produire une tonne de ce métal de plus en plus utilisé. Ainsi, les fonderies locales utilisent 30 % de l’électricité de la région pour produire 10 % de l’aluminium du pays, soit un peu plus de 5 millions de tonnes par an.
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Mais il y a un hic. Les capacités de production hydroélectriques de la région, aussi importantes soient-elles, ont besoin d’eau pour fonctionner. Or, l’été 2022 a été particulièrement chaud et sec à travers toute la Chine, faisant chuter de moitié les capacités hydroélectriques de certaines régions. Face à cette situation, le gouvernement chinois avait notamment demandé l’arrêt de toutes les usines de production du Sichuan pendant une semaine au mois d’août.
Au Yunnan, ce manque d’eau n’est pas nouveau. En 2010, déjà, la province avait connu « la pire sécheresse depuis 100 ans» selon la presse officielle. Elle avait notamment affecté 86 % de la production agricole régionale. Ces sécheresses de plus en plus récurrentes sont, selon l’écologiste Wu Dengming (fondateur de l’ONG Green Volonteer League), directement liées au réchauffement climatique qui provoque la fonte irrémédiable des glaciers tibétains. C’est pourtant de ces glaciers que les principaux fleuves de la région prennent leur source.
En devenant de plus en plus réguliers, ces épisodes de sécheresse pourraient avoir d’importantes conséquences sur l’équilibre économique de la région.
Comment ne pas comprendre que ces infrastructures – du fait des niveaux de température de l’eau qui peut atteindre 25 à 30 °C sur plusieurs mètres d’épaisseurs en été , de l’inertie thermiques de l’eau qui peut prendre plusieurs mois pour qu’elle se rapproche de celle de l’air, des volumes et surfaces concernée, de la proximité des espaces froids que constituent la neige et la glace, du nombre de ces équipement dans le monde qui ne fait qu’augmenter depuis un siècles – puissent n’être sans impact sur la quantité d’eau disponible et du réchauffement ?
A quelque chose malheur est bon. En cas d’augmentation sensible du cours du lingot d’aluminium, l’usine de Dunkerque, alimentée par la centrale de Gravelines pourra relancer une partie de ses cuves. Cette usine avait été mise au ralenti il y a quelques mois.