La méthanisation n’est pas la seule technologie pour produire du gaz vert. Situé à Saint-Fons près de Lyon, dans la « vallée de la chimie », le démonstrateur Gaya annonce la production de méthane à partir de combustibles solides de récupération (CSR).
Également appelés combustibles dérivés des déchets (CDD), les CSR sont fabriqués à partir des refus de tri de déchets solides, et se présentent sous la forme de granulés (pellets), de briquettes, de poudre ou de flocons issus du broyage et du compactage des déchets non recyclables. Principalement composés de plastiques, de bois, de papiers et de cartons, ils sont, en France, essentiellement issus d’activités économiques. .
La réglementation interdisant l’enfouissement de ces déchets ultimes, et leur incinération étant difficile faute de capacités, la valorisation énergétique des CSR serait, pour l’heure, le seul moyen d’éliminer ces déchets non recyclables (voir l’avis de l’auteur ci-dessous).
L’Europe produit entre 18 et 20 millions de tonnes de CSR dont 3 millions de tonnes en France, selon une estimation de l’Ademe.
Production de méthane par pyrogazéification
Lancé en 2010, le projet de recherche et développement Gaya réunit onze partenaires, et vise à produire du méthane renouvelable par voie thermique. En termes techniques, il s’agit d’une « pyrogazéification », un procédé de valorisation de matières solides. Elles sont chauffées à très haute température (entre 800 et 1.500 degrés) en absence d’oxygène, ce qui les décompose en différentes molécules gazeuses.
Depuis novembre 2019, Gaya réussissait déjà à produire un gaz de synthèse à haut pouvoir calorifique avec de la biomasse forestière. Ce gaz est ensuite épuré et transformé en méthane par un procédé catalytique.
L’objectif était ensuite de réussir la même opération en utilisant cette fois des CSR.
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Il y a quelques jours, la plateforme Gaya a réalisé « une innovation mondiale » en produisant les premiers mètres cubes de gaz renouvelable à partir de ces CSR. « Avec Gaya, nous avons fait des avancées scientifiques majeures pour le développement et l’industrialisation des filières de production de gaz renouvelable » explique Adeline Duterque, directrice du Crigen un centre de R&D d’Engie qui participe au projet.
La plateforme de Saint-Fons a déposé une dizaine de brevets. Elle souhaite maintenant diversifier les intrants et optimiser la production de gaz renouvelable pour amener progressivement la filière à baisser ses coûts de production. Le démonstrateur emploie de 15 à 25 personnes sur le site et dispose d’une puissance d’environ 600 kW, pour une production de méthane de 30 à 40 Nm3/h.
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Fort de ce premier succès, le groupe Engie envisage à présent la construction d’une première unité industrielle au Havre à partir de 2023. Un projet baptisé « Salamandre » qui devrait permettre dès 2026 de produire jusqu’à 150 GWh de gaz renouvelable par la valorisation de 70.000 tonnes de déchets non recyclables par an. « En outre, le procédé permettra également de produire environ 45 GWh de chaleur renouvelable pour alimenter des besoins urbains ou industriels » souligne le communiqué de l’énergéticien français.
Ca ressemble autant à du recyclage que le nucléaire à de l’énergie verte
C’est un des grands paradoxes des filières de retraitement des matières issues des énergies fossiles. On a besoin de s’en débarasser sinon on va finir noyé dedans, mais on veut aussi que ça soit utile et que ça ait l’air éco-responsable, donc on crée des solutions et on développe des filières. Ce mène à se décomplexer face à l’usage des matières plastiques, car puisqu’on les recycle après, c’est pas bien grave. Si en plus l’industrie appelle renouvelable ce qui vient du pétrole, alors là c’est parfait. Comme le dit l’auteur, le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne crée pas. Mais… Lire plus »
Au lieu de parler de « gaz renouvelable », qui entretient la confusion dans l’esprit d’un public mal informé, on devrait plutôt parler de « gaz renouvelé ».
Entièrement d’accord avec l’analyse de BD. Une source de CO2, sans compter les risques de fuite sur le CH4, dans une usine probablement peu contrainte (ce n’est pas du Seveso).
Au fur et à mesure de l’article, je me disais qu’on marchait un peu sur la tête…