Le risque de méga coupures d’électricité est particulièrement élevé cet hiver. Pourtant, elles ne devraient pas avoir d’impact significatif sur le fonctionnement des voitures électriques. Certains véhicules pourront même fournir une alimentation de secours à leur propriétaire ou à des services de santé.
Entre le risque de coupure de courant et les voitures électriques, le rapprochement est vite fait. Certains imaginent qu’elles ne pourront plus rouler lors des délestages. Il est peut-être étrangement utile de rappeler qu’une voiture électrique ne fonctionne pas sur rallonge ni caténaire. Grâce à sa batterie, un véhicule électrique peut franchir plusieurs centaines de kilomètres en toute autonomie.
Contrairement à une voiture essence ou diesel, elle ne dépend pas d’une station-service pour faire le plein. Selon une enquête d’Enedis réalisée en 2020, 88 % des utilisateurs de voitures électriques ne rechargent jamais ou presque jamais sur une borne publique. Leur véhicule est donc branché à domicile et, dans une moindre mesure, au travail.
À lire aussi Comment un simple SMS pourrait sauver la France d’un blackout l’hiver prochainParmi eux, 81 % rechargent entre 18 h et 7 h du matin, donc essentiellement la nuit lorsque la demande en électricité est au plus faible. Mais que se passe-t-il lors d’une panne de courant ?
D’abord, il faut savoir que ces coupures « tournantes » interviendront durant les heures de pointes, qui s’étalent le matin entre 8 h et 13 h et le soir entre 18 h et 20 h. En effet, la France ne dispose pas de suffisamment de capacité de production et d’import d’électricité seulement dans un contexte bien particulier : aux heures de forte consommation, par temps très froid et sans vent.
Pas de carburant lors d’une coupure de courant
Les coupures devraient être ciblées géographiquement et ne pas dépasser deux heures, le temps de laisser retomber la consommation. Dans l’immense majorité des cas, cela n’aura aucun impact sur l’autonomie disponible. Une voiture branchée sur wallbox (une petite borne de recharge domestique) nécessite une dizaine d’heures pour être complètement rechargée. Un délestage décalera simplement de deux heures la fin de la recharge, soit pas grand-chose au regard de la durée totale du plein.
Au lieu de s’achever à 3, 4 ou 5 h du matin, la charge sera complète entre 5 et 7 h. Pour les adeptes des heures creuses (qui débutent généralement à 22 h), cela ne changera strictement rien, le risque de délestage nocturne étant nul. Il faut également noter que la plupart des véhicules électriques n’ont pas besoin d’être rechargés de 0 à 100 % quotidiennement. Pour de nombreux propriétaires, le temps de recharge routinier est nettement inférieur à celui d’une charge complète.
Seule une petite partie des utilisateurs de voitures électriques risque d’être réellement affectée par les délestages. Il s’agit des personnes rechargeant sur les bornes publiques, à l’occasion comme au quotidien. Après une coupure, il est probable que ces bornes ne relancent pas automatiquement la charge. C’est problématique lorsqu’on n’est pas à proximité pour lancer une nouvelle session.
D’autre part, des automobilistes réalisant un long trajet pourraient devoir patienter sur les stations de recharge, le temps de rétablir le courant. Ils se retrouveraient alors à la même enseigne que les conducteurs de voitures essence ou diesel, les stations-service ne pouvant débiter de carburant sans alimentation électrique.
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Selon le modèle, posséder une voiture électrique peut être un atout considérable en temps de pénurie énergétique. Certains véhicules sont en effet dotés d’une fonction « V2L » (vehicle-to-load), qui permet d’y brancher n’importe quel appareil électrique, généralement limité à un total de 3,7 kW de puissance.
Une batterie de 50 kWh suffit par exemple à alimenter un réfrigérateur de 150 W pendant 15 jours, ou un chauffage d’appoint de 2 000 W pendant 25 heures. En cas d’urgence, il est tout à fait envisageable que des voitures électriques équipées de V2L assistent des cabinets médicaux, cliniques, ou tout autre lieu d’importance non doté de générateur de secours.
Enfin, s’il est inenvisageable de faire (légalement) le plein de carburant lorsque les stations-service sont fermées, il est parfois possible de recharger une voiture électrique lors d’une coupure de courant. C’est le cas des véhicules branchés sur un micro-réseau avec batteries, sur certains types d’installations photovoltaïques ou sites industriels bénéficient d’une alimentation de secours.
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Encore un argument pour des solutions de Battery-as-a-Service, comme EP-Tender, qui se chargent en heures creuses et sont disponibles pendant les coupures dues aux pointes de charge.
EP-Tender prévoit même de participer au lissage des pointes de charge, car l’ensemble de batteries amovibles reliées au réseau peuvent lui fournir du courant à la demande.