La centrale au charbon Émile-Huchet à Saint-Avold et Carling, en 1982 / Image : Charbonnages de France, CNDP.
Alors que la France est censée sortir du charbon, le gouvernement redonne un peu de vigueur au minerai afin de sécuriser l’approvisionnement électrique durant le prochain hiver. Alors qu’elles devaient fermer en 2022, les deux dernières centrales de France seront autorisées à fonctionner plus longtemps, et donc à émettre davantage de CO2.
Entre l’arrêt de plusieurs réacteurs nucléaires l’année dernière et les tensions géopolitiques en Ukraine, la France a été exposée à un risque majeur de pénurie d’électricité durant l’hiver 2022-2023. Mais grâce à la mise en place du plan de sobriété énergétique et un climat hivernal particulièrement doux, le pays a su éviter les délestages. Les mesures d’urgence adoptées ont également inclus le redémarrage de la centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle) en novembre 2022, alors que celle-ci venait de fermer définitivement ses portes quelques mois auparavant.
Depuis, cette centrale et celle de Cordemais (Loire-Atlantique), restent en activité afin de sécuriser l’approvisionnement en électricité, notamment lors des pics de demandes. Selon la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, leur production ne représente que 0,6 % du mix énergétique national, leur durée de fonctionnement étant limitée à certaines périodes de l’hiver.
Pour l’hiver prochain, bien que le risque d’un black-out semble modéré, le gouvernement a décidé de prendre une mesure préventive. Ainsi, les dernières centrales à charbon de France seront autorisées à fonctionner plus longtemps. Le décret est paru dans le Journal Officiel du jeudi 24 août 2023.
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Durant la précédente saison froide, les centrales à charbon disposaient d’un quota de 2 500 heures de fonctionnement, soit l’équivalent de 104 jours d’exploitation continue. Initialement, cette durée était prévue pour être réduite à 1 300 heures pour la saison 2023-2024, réparties entre 600 heures en 2023 et 700 heures en 2024. Mais dans le nouveau décret, ces centrales à charbon sont autorisées à fonctionner avec 500 heures supplémentaires pour un total de 1 800 heures, correspondant à 75 jours non-stop, et ce jusqu’à la fin de l’année 2024. Cette prolongation devrait permettre de mieux affronter une éventuelle vague de froid intense.
Parallèlement, la mesure s’accompagne d’un assouplissement des restrictions sur les émissions de CO2. Le nouveau plafond est fixé à 1,8 kilotonne d’équivalent CO2 par mégawatt de puissance installée. Pour compenser cette augmentation, le coût du carbone a été revu à la hausse : les producteurs devront désormais s’acquitter de 50 euros par tonne de carbone émis, contre 40 euros auparavant.
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Semblant être un pas en arrière, une telle décision questionne sur l’avenir du charbon en France. Pour l’heure, la ministre Pannier-Runacher affirme clairement que cette prolongation accordée n’entrave en aucun cas l’ambition nationale de se débarrasser définitivement du charbon d’ici 2030. Par ailleurs, lors de son passage sur LCI, elle a tenu à rappeler que la France était l’un des premiers pays qui s’engagent à fermer ses centrales à charbon avant la fin de la décennie.
Pour rappel, après que l’État avait ordonné la fermeture des centrales à charbon en France, la centrale du Havre en Normandie a fermé ses portes en 2021. Celle de Gardanne s’est transformée en centrale biomasse. Celle de Cordemais envisage également une reconversion similaire d’ici 2026. La centrale Saint-Avold sera, quant à elle, fermée définitivement à la fin de l’année prochaine.
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Commentaires
Osons rappeler quelques faits sous la présidence Macron:
Fermeture de Fesseheim 2020 par Mme Borne: 1800MW decarbonné
Fermeture de Saint-Avold fin Mars 2022 : 600MW
Mise en service centrale gaz de Landivisiau fin mars 2022 (0 articles de presse à ce moment) 600MW.
10 février 2022: discours pro-nucléaire Belfort
Avril 2022: réelection.
Automne 2022: réouverture centrale charbon Saint-Avold, et achat 500000 tonnes de charbon, puis prolongation des 2 tranches charbon de Cordemais: soit 1800MW de centrale au charbon prolongé jusqu'à ? et avec durée de fonctionnement autorisée augmentée
1er septembre 2023: fin définitive de Fessenheim
Ce discours d’éloges funèbre des ouvriers est bien plus détaillé et amer concernant ces 20 dernières années d’errements en politique énergétique électrique...
https://climatetverite.net/2023/09/01/ce-1er-septembre-fessenheim-expire-et-voila-laddition/
Je ne comprends pas très bien votre logique, ici: vous semblez vous plaindre que contrairement aux promesses électorales, les centrales au charbon ne sont toujours pas arrêtés en France... et pour souligner vos propos vous donnez un lien vers un site rempli d'articles aux thèses climatosceptiques et pseudoscientifiques?
Il dit simplement que si les centrales à charbon ne ferment pas , c'est pour pouvoir assurer l'approvisionnement depuis que Fessenheim a fermé car ce n'est certainement pas des éoliennes ni des panneau solaires qui peuvent assurer une production fiable.
Normalement, pas trop compliqué à comprendre sauf pour ceux que la nature n'a pas gâté en neurones.
Ce n'est pas l'argumentation en elle même que je remet en cause, c'est le fait d'utiliser l'article d'un site notoirenent climatosceptique pour esayer d'illustrer sa propre argumentatiion.
L'idée d'arrêter les centrales au charbon, qui sont en France principalement destinées à la production de pointe, c'est très bien mais il faut une solution de remplacement pour couvrir cette demande de pointe.
D'ailleurs les centrales nucléaires sont certes pilotables mais ne sont pas vraiment adaptées à répondre à la demande de pointe.
Tous les pronucleaires tirent à boulet rouge sur l'arrêt de Fessenheim cause soit disant de tout les problèmes mais le déficit de production nucléaire est surtout dû a l'arrêt forcé de nombreuses centrales à cause des fameuses fissures, au retard de maintenance causé par le covid... et aux grèves aussi.
Vu que les centrales au charbon françaises ne tournent de toute manière que quelques milliers d'heures par ans, leur arrêt à plutôt une importance symbolique que vraiment effective: quelques mesures dans le domaine des transport où du batiment aurait bien plus d'effet.
Je ne connais pas ce site et personne n'est obligé d'être d'accord avec vous sur le fait que ce soit un site climatosceptique.
Et même si il l'était, ça ne change rien à l'argument de fond qui a été dénoncé par tout le monde et qui est que la fermeture de Fessenheim était une faute grave.
Cette fermeture était voulue par l'Allemagne et mis en œuvre avec la complicité des verts
Et les auditions à l'assemblée nationale on mis en évidence l'incompétence, la nullité et surtout la lâcheté des politiques aux pouvoirs de Sarkozy à Macron en passant par Hollande.
Et tout cela par calcul politique pour récupérer quelques voix aux élections.
Minable !
@admin il faudrai censurer ce genre d'attaque personnelle purement gratuite qui n'apportent absolument rien à la discussion et dont le seul but évident est juste le discrédit . Merci d'avance.
Et dire que le sous-sol (charbon) sur cette zone regorge de gaz de houille (méthane) difficile à valoriser pour des raisons purement de législation franco-française, et qu'on vient d'y découvrir des quantités gigantesques d'hydrogène "blanc".
Mais non, il vaut mieux continuer à importer du charbon (carbone à 100%, donc au final CO2 à 100%).