Pourquoi le train à hydrogène n’intéresse plus l’Allemagne ?


Pourquoi le train à hydrogène n’intéresse plus l’Allemagne ?

Un train Coradia iLint à hydrogène / Image : Alstom, montage : RE.

Après un lancement en fanfare, l’Allemagne reconsidère son engagement envers les trains à hydrogène face à des obstacles économiques. Des études récentes incitent le pays à revoir sa stratégie visant à décarboner le secteur ferroviaire.

L’année 2022 a marqué un tournant historique dans le secteur ferroviaire allemand. Le pays avait, en effet, inauguré la première ligne ferroviaire au monde fonctionnant entièrement à l’hydrogène. Cette prouesse, réalisée sur une ligne s’étendant sur une centaine de kilomètres, reliait les villes de Cuxhaven, Bremerhaven, Bremervörde et Buxtehude, situées à proximité de la métropole de Hambourg. La compagnie publique LNVG, ancrée au cœur de la Basse-Saxe, a initié ce projet.

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Avec un investissement massif de 93 millions d’euros, elle a acquis une flotte de quatorze trains « Coradia iLint », conçus par Alstom. Cependant, l’enthousiasme initial a été de courte durée. À peine un an après cette avancée majeure, la société d’État LNVG exprime désormais des doutes quant à la viabilité à long terme de cette technologie. Face à divers défis, elle envisage sérieusement de changer de voie.

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Des problèmes économiques et logistiques

L’enthousiasme initial pour le train à hydrogène en Allemagne a été confronté à une réalité économique et logistique difficile. Des études de marché approfondies menées en Basse-Saxe ont mis en balance les avantages et les inconvénients des trains à hydrogène par rapport aux trains à batteries. Le verdict était clair : les trains à batteries s’avèrent moins coûteux à exploiter.

Cette conclusion est, d’ailleurs, renforcée par une autre étude menée par le Bade-Wurtemberg, un autre État allemand. Tout comme en Basse-Saxe, les résultats ont souligné les avantages économiques des trains hybrides à batterie. Pour illustrer ce point, l’étude cite l’exemple de la ligne Westfrankenbahn. Sur une période de trente ans, un train fonctionnant à l’hydrogène coûterait à l’État 849 millions d’euros. En revanche, un train hybride à batterie nécessiterait un investissement de 506 millions d’euros, tandis qu’un train électrique conventionnel s’élèverait à 588 millions d’euros. Ces chiffres parlent d’eux-mêmes : l’option hydrogène est nettement plus onéreuse.

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Mais au-delà des considérations purement financières, le train à hydrogène présente d’autres défis. Les infrastructures nécessaires pour le rechargement, par exemple, sont onéreuses à établir et à entretenir. De plus, ces véhicules, bien qu’innovants, soufreraient d’un manque d’efficacité et d’une consommation d’énergie plus élevée que leurs homologues. L’autonomie limitée de ces modèles pose également problème, car elle pourrait nécessiter d’augmenter le nombre de trains pour assurer un service continu. Ajoutons à cela la disponibilité encore restreinte de l’hydrogène vert et les défis logistiques liés au réapprovisionnement constant des stations. Il faut savoir que l’hydrogène vert ne représentait, en 2022, que 4 % de la production mondiale d’hydrogène.

Vers un nouveau projet ?

Suite à ces défis, la Basse-Saxe se tourne désormais vers les trains hybrides pour ses futurs projets. Dans cette optique, des appels d’offres seront lancés prochainement pour l’acquisition de 102 rames automotrices fonctionnant à batterie électrique. De plus, 27 trains électriques, dépourvus de batteries, seront connectés à des caténaires, ces câbles aériens qui alimentent les trains en électricité.

Il est important de souligner que, malgré ce changement de cap, les trains à hydrogène actuellement en service ne seront pas mis hors service. Ils continueront de rouler, témoignant de l’expérience innovante de la Basse-Saxe dans le domaine ferroviaire.

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Le Québec et la France s’essayent au train à hydrogène

Alors que la Basse-Saxe reconsidère son engagement pour les trains à hydrogène, d’autres régions du monde continuent d’explorer cette technologie prometteuse. Au Québec, par exemple, l’été a vu le déploiement d’un train à hydrogène sur le chemin de fer de Charlevoix. Dévoilé avec enthousiasme en février, ce projet pilote est perçu comme une vitrine technologique, incarnant les efforts québécois pour lutter contre les changements climatiques. Toutefois, la question demeure : le Québec suivra-t-il la même voie que l’Allemagne en ce qui concerne l’adoption à long terme de cette technologie ?

De l’autre côté de l’Atlantique, la France s’est également lancée dans l’aventure de l’hydrogène. En 2021, le pays a passé commande de 12 rames destinées à plusieurs de ses régions, dont la Bourgogne-Franche-Comté, l’Occitanie, le Grand Est et l’Auvergne-Rhône-Alpes. Ces trains, une première pour le réseau ferroviaire français, sont testés depuis février 2023, avec une mise en service prévue pour 2025.

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