L'hydrolienne Sabella D10 / Image : Sabella.
Le fabricant de la première hydrolienne à avoir injecté du courant sur le réseau électrique français se retrouve dans le rouge, la faute au vide législatif qui entoure le développement d’une filière hydrolienne en France. L’entreprise à six mois pour trouver des solutions, sans quoi elle pourrait être contrainte de mettre la clé sous la porte.
Les courants semblaient pourtant favorables au spécialiste quimpérois de l’hydrolien. Après une remise en service de son prototype D10 au large d’Ouessant en juin 2022, celui-ci avait battu, en septembre, des records de production grâce aux grandes marées, permettant d’assurer 25 % du mix électrique de l’île et des pics de puissance atteignant 50 % de ses besoins électriques.
Malheureusement, la réalité financière d’une filière qui peine à se développer a rattrapé l’entreprise. En conséquence, celle-ci vient d’être placée en redressement judiciaire pour une durée de six mois. Dans cet intervalle, elle doit trouver des investisseurs afin de rééquilibrer sa trésorerie. Selon un récent communiqué, les équipes de Sabella seraient d’ores et déjà en train de répondre à des appels d’offres sur la défense et les énergies renouvelables. De plus, la région Bretagne travaillerait activement avec l’entreprise pour permettre un maintien de l’activité de la vingtaine de salariés et la continuité de service de l’hydrolienne D10 pour alimenter Ouessant.
À lire aussi Énergies marines : que valent-elles vraiment ?Un cadre réglementaire peu favorable à l’hydrolien
Malgré ces efforts conjoints pour maintenir Sabella en vie, le salut de l’entreprise ne pourrait passer que par la création d’un cadre législatif sur le développement de parcs hydroliens en France. Ce cadre rassurerait de potentiels investisseurs sur l’avenir de la filière. Seulement voilà, si le président de la République a bien évoqué la planification écologique lors d’un récent discours, la loi de programmation sur l’énergie et le climat se fait toujours attendre.
Prévue par la loi énergie-climat publiée en 2019, la loi de programmation sur l’énergie aurait dû être adoptée avant le 1ᵉʳ juillet 2023. Mais depuis cette date, aucune information officielle n’a été évoquée. Pire encore, les débats parlementaires à son sujet n’ont pas commencé, et ne seraient pas à l’agenda du fait d’un calendrier parlementaire surchargé jusqu’à la fin de l’année.
Certains bruits de couloirs évoquent une présentation au conseil des ministres avant les fêtes de fin d’année pour une première lecture à l’Assemblée Nationale début 2024. Espérons que cette échéance tardive n’ait pas raison de Sabella, l’un des fleurons de l’industrie des énergies renouvelables marines en France.
Commentaires
Ce qu'il faut comprendre en matière d'énergie c'est que les renouvelables viennent en concurrence du nucléaire déjà développé, et pour lequel il faut trouver des investisseurs afin de pouvoir continuer l'entretient et la construction des centrales. D'autre part, le fait que les renouvelables ne disposent pas des outils de stockage - pourtant bien plus faciles à construire et ayant moins d'impacts écologiques que le nucléaire- ne leurs permet pas de piloter la demande .Donc les excluent du marché des énergies
La seule possibilité restante pour elles, reste donc le stockage/pilotage dont le prix de vente serait inférieur à celui de l'atome ? Ce qui est tout à fait possible ,vu la réduction du nombre des contraintes nécessaires pour faire de l'électricité avec le nucléaire
Parce que les subventions ne sont pas assez élevées pour un dispositif qui relève du gadget...
Allez dire ça aux insulaires d’Ouessant.
Chaque pierre à l’édifice est importante, il y a un potentiel énorme et inexploité. Alors pour une fois on pourrait ne pas attendre que les Chinois envahissent le marché.