Illustration : Révolution Énergétique.
La transition énergétique allemande prévoit de vastes projets d’interconnexion pour répartir sa production d’énergies renouvelables intermittentes. Or, ces projets ont du mal à passer. Dernier exemple, la Suède. On vous explique pourquoi.
À l’origine, un vaste projet, nommé Hansa PowerBridge. Il désignait une ligne électrique de 300 km qui devait relier l’Allemagne et la Suède au travers de la mer Baltique. Le projet a été promu notamment par 50Hertz, l’un des quatre opérateurs réseau d’Allemagne, issu de l’énergéticien Vattenfall et responsable de l’exploitation du réseau électrique dans l’est du pays.
Le Hansa PowerBridge avait pour objectif d’aider à stabiliser les prix de l’électricité en Allemagne. Outre-Rhin, en effet, les prix sont très variables, du fait de deux facteurs, notamment. En premier lieu, une forte dépendance au prix du gaz, dont nous avons pu observer en direct les conséquences lors de l’envolée de ces derniers à la suite des sanctions prises par l’Union européenne sur le gaz russe. En second lieu, la variabilité de la production des énergies renouvelables, qui conduit à des chutes du prix de l’électricité lorsque les moyens intermittents produisent au même moment. L’idée qui soutenait le projet était de pouvoir compter sur le marché suédois pour stabiliser les prix du réseau allemand.
La technologie envisagée était le HVDC, pour « High Voltage Direct Current », soit en français « courant continu haute tension », technologie permettant d’assurer de pertes faibles de transmission sur la longue distance prévue pour l’interconnexion. La capacité de la ligne était de 700 MW. Le coût, de l’ordre de 600 millions d’euros, était réparti à 50 % / 50 % entre 50Hertz et Svenska Kraftnät, le gestionnaire suédois du réseau.
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Dans un communiqué de presse (en suédois) du 14 juin 2024, le gouvernement de Suède déclare avoir décidé de ne pas autoriser le lancement de projet de connexion entre l’Allemagne et la Suède. La raison principale avancée par le gouvernement suédois est l’inadéquation entre les systèmes de production électrique allemands et suédois. Tout d’abord est mis en avant le fait que le projet conduira à connecter le nord de l’Allemagne au sud de la Suède, et que ce dernier est aujourd’hui peu doté en infrastructures de production d’électricité. Ensuite est évoqué le fait que le marché de l’électricité en Allemagne ne « fonctionne pas de manière efficace ». Cette tournure de phrase désigne bien sûr les fortes variations de prix, oscillant entre les prix positifs très élevés et les prix négatifs.
Les craintes de Stockholm résident dans le fait que le marché allemand pourrait participer à la perturbation du marché suédois, conduisant à augmenter les prix locaux. Ebba Busch, ministre de l’Énergie et l’industrie, a ainsi déclaré : « La Suède a besoin de conditions prévisibles pour construire des réseaux de production et de distribution d’électricité qui favorisent un système électrique offrant des prix compétitifs. ». Le communiqué indique que les acteurs de l’énergie en Suède n’ont pas identifié de besoin qui justifierait cette interconnexion. Il ajoute que le sud de la Suède est déjà une des régions d’Europe ayant le plus d’interconnexions avec d’autres régions d’Europe.
La grande difficulté des interconnexions allemandes
Rappelons qu’en mars 2023, le gouvernement de Norvège avait, lui aussi, refusé d’autoriser une telle interconnexion avec l’Allemagne. Cela montre la difficulté que rencontre l’Allemagne avec son Energiwende, c’est-à-dire son modèle de transition énergétique. Ce modèle conduit à des comportements erratiques des prix de l’électricité, et une grande difficulté dans l’équilibrage des capacités de production.
Si une possible solution pour l’Allemagne réside dans l’interconnexion avec les pays voisins, les exemples de la Norvège et de la Suède démontrent que du point de vue de ces mêmes voisins, cela ressemble plus à une « exportation des problèmes » allemands, plutôt qu’à une solution. Et ces problèmes ne vont faire que s’amplifier avec les très vastes projets d’éolien offshore dans la mer du Nord, en l’absence de systèmes de stockage de très grande ampleur associés.
Commentaires
L'article ne rapporte que de manière incomplète l'argumentation de la Suède. La raison pour laquelle elle considère que le marché Allemand ne fonctionne pas de manière efficace est du au fait que l'Allemagne n'est pas divisée en différentes zones de prix électriques. C'est d’ailleurs ce que recommande la commission européenne à l'Allemagne mais celle-ci a refusée de le faire pour l'instant. C'est surtout la Bavière qui refuse cette évolution, vu que cela entraînerait une augmentation du prix dans les pays du sud de l'Allemagne mais une baisse dans ceux du Nord de l'Allemagne. Vu que la Suède serait lié avec le Nord de l'Allemagne, tant qu'il n'y a pas de zone prix régionales (comme c'est le cas en Italie par exemple) alors le prix n'est pas intéressant pour la Suède. Ce refus Suédois est donc aussi un moyen de pression sur l'Allemagne pour qu'elle introduise ces zones de prix différentiés.
Si la conséquence d'une transition énergétique basée sur des ENR par nature intermittentes et inégalement reparties sur un territoire national sont une régionalisation des prix, alors cette transition n'aura tout simplement pas lieu : les populations qui vivent sur des territoires peu propices aux ENR se revolteront contre la hausse des prix, et c'est bien normal. Le gouvernement fédéral allemand a parfaitement raison de refuser la régionalisation des prix de l'électricité dans un objectif fe cohésion nationale. Les prix doivent être nationaux, les couts des infrastructures destinées à pallier la variabilité et la concentration géographique des ENR doivent évidemment être mutualisés de la manière la plus large possibile. Une transition énergétique basée sur l'individualisation, la régionalisation, le cloisonnement, n'a rigoureusement aucune chance de reussir. L'Allemagne ayant choisit un mix énergétique largement basé sur des ENR intermittentes et géographiquement concentrées, il est évident que les moyens de stockage et de distribution necessaires doivent être démultipliés et leurs couts mutualisés sur la base la plus large possible.
Dans ce cas, la transition énergétique va être très très coûteuse !
Limiter les exportations d'énergie renouvelable allemande excédentaire vers la Suède à certaines heures, et puis empêcher l'hydraulique suédois de compenser les périodes sans vent et sans soleil renchérira les coûts de l'électricité des deux côtés de la frontière. Il vaut mieux laisser émerger des prix différents dans certaines zones : cela incitera les industries énergivores à se localiser près des sources de production abondantes plutôt que de construire des autoroutes électriques (dont ne veulent pas les riverains) à travers chaque pays. Cela a toujours été le cas dans le passé : l'industrie d'aluminium française s'est localisée dans les Alpes quand les barrages ont été construits, l'industrie française, allemande, britannique du 19ème et du 20ème siècle s'est localisée dans les zones charbonnières, etc...
Si on renchérit notre transition énergétique, elle sera inacceptable. Et en pratique, nos industries iront ailleurs dans le monde, là où l'énergie sera moins chère.
Cela n'empêche d'ailleurs pas des redistributions par l'argent public entre les régions privilégiées et les régions défavorisées.
Le fait d'avoir différentes zones de prix ne veut absolument pas dire individualisation, régionalisation et encore moins cloisonnement. Au niveau local, les régions du sud de l'Allemagne ont besoin de développer leur capacités de stockages vu qu'elles seront souvent en situation de pénurie. Le problème du prix national est qu'il n'y a pas de signal prix qui les incitent à construire des capacités de stockage. Donc le fait d'avoir un prix régional permettrait aussi d'inciter à la construction de connections nord-sud, alors que pour l'instant le sud ne voit pas l'intérêt financier. Même si les prix sont différents, cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas imaginer un mécanisme supplémentaire de péréquation permettant un rééquilibrage solidaire, mais cela permettrait d'orienter les Investitions vers les infrastructures qui sont nécessaires au niveau local.
Je ne comprends pas qu'en Europe on puisse encore subventionner de nouvelles installations d'énergies renouvelables sans qu'elles intègrent d'une façon ou d'une autre au moins 6h (disons 4h à 10h pour laisser place au débat sur l'optimum ici) de capacité de stockage d'électricité associé, nécessaires pour les rendre pilotables donc utiles au Grid, au moins sur des périodes de 24h, le stockage saisonnier venant en plus. En rajouter sans stockage à grande échelle est une pollution néfaste pour le réseau, Leur seul intérêt dans un tel cas étant de nous rendre toujours plus dépendants du gaz (Russe), pour toujours plus de CO2 en prétendant le contraire. Comment expliquer qu'une telle abherarion puisse perdurer ? Et aussi qu'on n'ait toujours pas lancé de programme de recherche sur ce stockage à grande échelle de l'électricité en Europe, quand les places sont à prendre sur ce futur marché majeur, quand le reste du Monde est dessus et nous disposons de tous les talents nécessaires. Et qu'il n'y ait toujours pas de maître étalon qui fixe mondialement au niveau du GIEC sur des bases de consensus scientifique mondial raisonnable intégrant les externalités, qu'aucun marché financiarise du carbone ne pourra jamais établir car les marchés sont incapables par nature d'intégrer celà. N'y a-t-il pas d'ecolos Honnêtes et Cartésiens quelque part en Europe ?
Ce que je ne comprend pas non plus c’est pourquoi on n’a toujours pas rendu obligatoire l’équipement V2G/V2H sur tous les véhicules électriques neufs.
D'abord il y a le problème de l'accélération de l'usure des batteries qui n'ont qu'au mieux que quelques milliers de cycles de charge/décharge.. Avec le V2G/V2H le risque est que la batterie dure 2 à 3 fois moins longtemps, alors qu'elle peut représenter plus du tiers du prix du véhicule. Pas question d'offrir ce cycles au Grid gratuitement ou sans le savoir. Nissan s'est lancé sur le V2G en mode marketing sur des batteries avec moins de cycles que Tesla donc pas sérieux. Tesla le fera avec des batteries Million Miles quand ils les auront.L'autre problème c'est nos réseaux haute et basse tension, très peu capable de supporter ce type d'usage inversé. Il a été construit selon une logique hiérarchique verticale, d'arbre à l'envers, de nos méga centrales vers les usagers. Pas du tout dans une optique de décentralisation de la production. Quand j'ai parlé de V2G au dernier salon de l'auto à des pros d'Enedis, de RTE et d'EDF ils se foutaient tous de moi disant qu'helas considérant les Milliards d'Euros nécessaires pour remplacer le FRID Parisien pour permettre ça, et qui n'ont jamais été planifiés ni par la gauche verte ni par personne, ils seraient tous morts avant de voir ça réalisé autrement qu'en mode blabla vert en gaspillant l'énergie derrière. Selon eux déjà pour permettre de brancher la nuit quelques dizaines de pourcent des voitures existantes sur Paris/RP cela coûterait un bras, que personne n'a commencé à planifier sérieusement. Les grandes copros Avec parkings devraient remplacer leurs TGBTs pour quasiment les doubler voir plus, et derrière les grands transfos seraient et grandes artères du réseau parisien seraient à remplacer complètement pour multiplier leur capacité. Nulle part programmés à ce jour. Jouez plutôt les renouvelables et le V2H jusqu'au off Grid dans votre maison de campagne.... Ce sera bien plus facile et utile à tout le Monde.
On préfère rêver à l'énergie verte !
Tous les beaux scénarios 100% enr de negawztt, de l'ademe et du Fraunhofer institüt ont du plomb dans l'aile. Heureusement les politiciens commencent à s'en rendre compte, on évitera la catastrophe.
De quels politiciens parlez-vous ? Regardez les projections européennes, par exemple pour éclairer la décision de l'objectif de réduction d'émission de CO2 en 2040 : on a toujours un développement massif d'énergies intermittente et, au mieux, le maintien du parc nucléaire.
Les 27 Etats-Membres se sont mis d'accord pour des objectifs d'énergies renouvelables, pas du tout pour quoi que ce soit d'autre (ni gaz, ni pétrole, ni nucléaire).
Les renouvelables sans stockage à grande échelle de l'électricité ou de la chaleur c'est juste la bonne excuse pour nous faire consommer du gaz quand il fait nuit et qu'il n'y a pas de vent. Après ils le maquillent en parlant d'énergies intermédiaires mais comme ils ne lancent rien de sérieux sur le stockage indispensable le seul gagnant de toutes leurs approximations c'est Poutine ses oligarques et leur concurrents.. regardez la courbe en canard de la consommation et celle de la production des renouvelables. Sans stockage c'est mort. Avec ça peut marcher mais c'est beaucoup plus cher. Faut juste être sérieux.
Je parle par exemple de la suede qui refuse de jouer le rôle de déversoir du surplus intermittent allemand. Sinon c'est bien beau de se fixer de grands objectifs, mais il faut que ce soit realiste. Par ailleurs les membres de l'ue se sont accordés sous pression allemande à reconnaître le gaz comme energie verte (signe que même les politiciens allemands ont conscience que le 100% enr est illusoire)
Il existe des scenaris qui peuvent marcher. Mais c'est avec du stockage à très large échelle de l'électricité, à la fois sur la journée de 24h et sur le saisonnier. Après en fonction de l'évolution des prix et de l'efficacité des panneaux et de ceux du stockage, l'optimum peut varier dans le temps. Aujourd'hui avec des panneaux chinois très bon marché et du stockage très cher Tony Seba pousse des scenaris où il installe 4 à 5 fois la capacité solaire nécessaire sur une année à fournir l'energie requise, pour minimiser le stockage très cher, produisant un excès d'énergie considérable (jusqu'à +300% à +400% sur une année) dont la valorisation peut générer de nouvelles opportunités de business. Le problème reste le prix des énergies renouvelables pilotables. Elles sont devenues les moins chères du monde, au moins pour le solaire niveau production en non pilotable, mais restent très chères en configuration pilotable. Le problème est que personne en Europe ne cherche à faire ça correctement sans gaz Russe comme si tous nos écolos n'étaient que des gens insinceres et irrationnels au service de Mr Poutine qui agissent contre les intérêts de leur pays.
Je suis pro nucléaire et pro renouvelables mais rationnel, chacun là où c'est utile et efficace. Elon Musc dont Tony Seba est un des gourous est ignoré par nos écolos irrationnels européens. Pourtant il a tout dit dans son annonce des Toits Solaires Tesla (critiquables par ailleurs) il y a plusieurs années, et qui est toujours visible sur YouTube. Comme les prédictions de Tony Seba. Et côté nucléaire l'urgence est de réouvrir Fessenheim pour l'exemple et de relancer la recherche sur les Réacteurs nucléaires de 4e génération pour fermer le cycle du combustible et nous rendre souverain sur notre combustible pendant des siècles en consommant les déchets des premières générations jusqu'aux EPRs en cours de planification. Helas personne ne propose ça !
Un raisonnement que je partage largement.
Techniquement OUI, être à 100% ENR est possible, mais c'est une question de coût. Dans les pays tropicaux-équatoriaux, c'est plus facile.
Dans nos pays, le PV est très fortement impacté par l'existence de jours consécutifs de ciel gris, où la puissance du PV est réduite de 90%.
Pour ce qui est de Fessenheim , et vous le savez bien, elle ne sera pas rouverte car trop d'éléments ont été enlevés. Et c'est navrant. Mon souhait personnel est de construire de nouveaux réacteurs sur ce site.
Le Niger vient de retirer ses autorisation d'exploitation à ORANO sur l'un de ses sites majeurs. Les Russes sont en embuscade pour reprendre le site, évidemment. Orano (et la France) se trouve pris entre le marteau de la sphère russe (Niger, Mali, Burkina, Khazakstan) et l'enclume du monde anglophone (Canada , Australie).
Vous avez donc parfaitement raison de proposer de pousser fortement sur l'avancée de la 4e génération qui nous permettrait d'utiliser les stocks de U238.
L'idée de réouvrir Fessenheim pour un méga projet de stockage à grande échelle d'électricité verte produite ailleurs pourrait aussi être une option si on cherchait vraiment à le faire rationnellement et dans une optique patrimoniale. Je pense que les écolo locaux visiblement très puissants et au service d'intérêts aux poches profondes risque de rendre de nouveaux réacteurs nucléaires là bas très précaires. Alors que les mêmes puissantes connexions au Grid pourraient reservir pour du méga stockage centralisé qui serait bien plus difficile à dégommer par les ennemis de nos intérêts français, si fait à partir de matériaux non problématiques sur un plan écologique..
Ou sont les plus gros gisements d'électricité verte ? éolien marin.
Quelle est la distance entre les champs éoliens marins et Fessenheim ? 1000 km.
Les Allemands se tirent les cheveux pour relier le Nord de l'Allemagne au Sud (Bavière).
Et vous proposez de faire chez nous ce qu'ils n'arrivent pas à faire chez eux ?
Les nouvelles lignes à haute tension DC seraient peut être la solution pour relier ça de façon efficace sur 1000km+, ou d'autres ENRs selon les interconnexions du GRID européen qui passent à proximité.
C'est juste que les écolos véreux qui ont réussit à faire fermer un réacteur de génération rescente là bas, qui ne présentait aucun risque particulier, pourraient très bien recommencer si vous reconstruisez là bas n'importe quel réacteur nucléaire. Pas confiance ! Ils feront tout pour le dégommer à nouveau pour satisfaire leurs bailleurs de fonds. Après, soit vous vous essayez aussi sur l'immense réseau électrique qui desservait la centrale bêtement supprimée, soit le stockage à grande échelle pourrait être une solution évidente là bas, et ça permettrait pour une fois d'expliquer que cela est indispensable pour l'avenir, aussi bien des ENRs que du nouveau nucléaire EPR &+non amorti afin de reduire son coût par KWH en le faisant bosser à 100% de sa capacité tout le temps grâce au stockage, et qu'on devrait se bouger le cul dans ce domaine critique de business d'avenir avant que toutes les technos possibles en stockage à grande échelle, en électrique mais aussi en thermique, pour le Grid n'aient été brevetées et cornacquees par les américains et les chinois pendant qu'on dort en Europe à confondre dépenses et investissements et à faire comme si on ne comprenait rien aux chaînes de valeur, drives par des benets !
Les câbles électriques de Fessenheim existent encore, en effet. Les dômes des 2 réacteurs existent encore. Et la réserve foncière existe sur site.
Les câbles en place permettent en effet de véhiculer 2x 900MW. Et effectivement l'électricité peut parfaitement circuler dans les 2 sens (dans l'hypothèse d'une usine de stockage).
Maintenant il serait également possible, avec 2 réacteurs EPR2-1200MW d'utiliser la capacité de transport 2x900MW pour l'usage français, et de tirer une ligne 2x300MW par-dessus le Canal d'Alsace (large) puis le Rhin (un ruisseau à truite à cet endroit) pour envoyer vers l'Allemagne. La distance Fessenheim-Munich étant de seulement environ 300km , contre largement plus pour un trajet en provenance du nord-Allemagne.
La Bavière est une région très industrielle, donc elle a besoin d'électricité, et la ressource hydroélectrique allemande est inférieure à la ressource française.
Dans un monde rationnel je vous comprends. Mais dans celui hysterise par nos écolos les plus nuls du Monde et probablement vendus au gaz Russe, mais c'est seulement mon sentiment, Construire un nouveau réacteur là bas serait un investissement précaire. Alors que du stockage à grande échelle je ne vois pas comment ils pourraient vous le dégommer même avec leurs scenaris de tsunami à la Fukushima les plus délirants. Bien sureveles et protégés de tout ça devrait être possible. Après on pourrait imaginer qu'ils utilisent les raccordements existants dans le sens aval, quand ils déchargent vers le Grid, mais que dans l'autre sens pour les recharger au lieu de les donner aux renouvelables on leur ajoute des lignes à très haute tension et très faibles pertes en DC comme les chinois en déploient à tour de bras, pour les raccorder à un EPR ou un nouveaux réacteur de la génération N-1 , ou plusieurs, pour en assurer la pilotabilite par stockage à distance, les réacteurs tournant à 100% de leur puissance nominale en quasi continu. C'est à modéliser et permettrait de conserver l'avantage de ce stockage pour la partie nucléaire permettant de faire monter plus haut la part de base load nucléaire et reduire leur coup par MWH produit en non pilotable mais non intermittent. Faudrait qu'EDF regarde le scénar optimum pour eux et qu'ils contribuent à ces débats au lieu de se taire tout le temps laissant trop de place aux hurluberlus.
Il existe une solution politico-économique: que l'Allemagne accepte de payer un prix contractuellement stable pour son élecricité.
Et il existe une solution technique : construire 2 EPR2 2x1200MW ou 2x1600MW (ou alors 2x PWR-N4 2x1450MW) à Fessenheim (il y a des réserves foncières sur ce site) avec une participation financière de 25-33% de l'Allemagne à ce projet.
On peut donner le premier coup de pioche dès l'an prochain si les Allemands sont intéressés.
A vrai dire , le Land de Bavière, très industriel et absolument pas anti-atome, pourrait devenir un bon partenaire d'investissement.
Pour quelle raison l'Allemagne (ou la Bavière) ferait-elle ce cadeau à l'industrie française ?
L'Allemagne est un pays qui défend ses intérêts de pays.
La Bavière est une région qui défend ses intérêts de région, dans le contexte de la législation nationale.
La législation nationale dit "nucléaire interdit en Allemagne" mais comme le nucléaire français est trop compétitif, je vais faire en sorte au niveau européen (entrisme) de bannir le nucléaire à l'échelle européenne.
La Bavière dit "je veux une électricité la moins chère possible pour mon industrie et c'est bien dommage que le nucléaire me soit interdit par ma législation nationale".
Il y a conflit d'intérêt très fort entre l'Allemagne (pays) et la Bavière (région).
L'Allemagne est hostile à la France. La Bavière n'est pas hostile à la France.
On peut s'entendre avec la Région Bavière.
On ne peut pas s'entendre avec le pays Allemagne.
Pour une mise en route vers 2050 ..... Ou comment rêver totalement déconnecté des réalités. Que nous apprennent les dernières années ? Le prix du photovoltaïque est divisé par 2 tous les 3 ans et le prix des batteries baisse encore plus vite .
D'un point de vue électrique le seul intérêt de Fessenheim est sa connexion réseau lui permettant d'accueillir une grosse batterie sans frais d'infrastructure et ainsi stockeront lors d'épisodes de prix négatifs pour revendre en pointe. C'est efficace, rentable, rapide et cela peut être évolutif.
Rajouter du nucléaire sans batteries ( peu modulable économiquement) en Europe conduirait à augmenter les périodes de prix négatifs et ne stabiliser ait en rien le marché.
Actuellement nous avons 2 centrales d'arrêtés pour cause de surproduction ( pour éviter que les prix ne baissent trop)
Les allemands ont besoin d'électricité de pointe, pourquoi voulez vous leur proposer de l'électricité de base ?
La rentabilité des batteries stationnaires n'est pas démontrée. Sinon, on en verrait fleurir partout, c'est très simple à installer.
Pour l'instant, seuls quelques projets arrivent à émerger, dans des conditions très spécifiques : fournir des services systèmes aux opérateurs de réseaux (mais il n'y a pas besoin de dizaines de GW), ou en hybridation sur des sites de production d'énergie intermittente pour économiser un peu de coûts de raccordement.
Ces batteries ne traitent pas les enjeux de fluctuation de prix entre les différentes semaines ou les différents mois de l'année. Tout simplement parce que cela coûte trop cher. Si une batterie n'est stockée qu'une fois en été quand il y a abondance d'énergie comme en ce moment et déstockée qu'une fois en hiver quand la demande est au plus haut, alors elle ne sera jamais rentabilisée.
L'année dernière en Europe on a installé plus de 17 GWh de batteries stationnaires. En 2024 on dépassera vraisemblablement 25 GWh de nouvelles installations. Les batteries sont peu visibles ce qui peut expliquer qu'on les voit mal .https://www.lechodusolaire.fr/la-capacite-installee-de-stockage-de-lenergie-solaire-a-double-en-allemagne-en-2023/
En Californie les batteries réussissent ponctuellement à être la première source d'alimentation du réseau . https://www.greenunivers.com/2024/04/les-batteries-prennent-les-commandes-du-reseau-californien-353282/
Le développement des batteries peut à y regarder rapidement sembler assez lent, mais il est en réalité beaucoup plus rapide que celui du photovoltaïque.
En effet , les batteries actuellement , ne travaillent quasiment que sur des cycles journaliers, ce qui se passe en Californie montre que ce sont les productions des centrales de pointe gaz qui sont progressivement remplacées. En France, qui est toujours un cas particulier, si on observe la gestion des steps et son évolution, on peut même bénéficier souvent de 2 cycles journaliers, cependant l'environnement réglementaire freine fortement leur introduction.
Il peut être intéressant de noter que les batteries se développent à toutes les échelles, du stockage chez les particuliers au stockage réseau en passant par les entreprises.
Depuis 15 ans le prix des batteries baisse sensiblement de 30 % par an ce qui le rend rentables pour le stockage journalier, la prochaine étape sera le stockage hebdomadaire
On en revient toujours au b-a-ba : la rentabilité.
Si un système n'est pas rentable, il est naturellement remplacé par un autre système ayant un prix de revient inférieur. C'est la jeu de la libre concurrence.
Sauf qu'en Europe, une législation s'est mise en place , sous l'influence des écolos (manipulés par des puissances étrangères) et des Allemands (à la fois manipulateurs et manipulés) qui tend à empêcher la libre concurrence.
Pour rappel, il a fallu seulement 7 ans pour construire Fessenheim 1 + 2 (1971-1978) : 2 réacteurs.
En donnant le premier coup de pioche en 2025, nous pourrions avoir de l'électricité de ce site en 2032-2033 et non pas 2050.
C'est juste une question de volonté politique et de bonne organisation. Exactement 2 choses qui manquent cruellement à notre classe dirigeante.
Mais alors si c’est si facile pouvez vous nous expliquez pourquoi TOUS les politiques qui promeuvent le nucléaire dans leurs programmes ne nous parlent que des EPR, hors de prix, qui ne marchent pas, et qui ne seront pas prêts avant 2050 au mieux ?
Il faut également tenir compte de l'état de l'industrie française. A l'époque, l'industrie était à son apogée après les 30 glorieuses et la reconstruction complète du pays. On n'avait pas construit que des réacteurs nucléaires, il y avait un savoir-faire dans tous les domaines (génie civil, métallurgie, etc.).
Aujourd'hui, sans même parler des aléas et des retards, tous les projets d'infrastructure sont extrêmement longs.
Pensez que la première ligne de métro a été construite il y a 125 ans en moins de 18 mois alors qu'elle traversait tout Paris. Aujourd'hui ce n'est plus possible.
Ça c'était à une époque où l'on avait le savoir faire, il suffit de regarder Flamanville pour voir que ce n'est pas si simple
Les Enr sont non pilotables..pour chaque MW d ENR il y a 1MW de gaz ou charbon derriere.
Les ENR participent a la hausse du prix de l electricite en rendant volatile la production.
C est la base.
Quand aux prix que vous evoquiez c est du au faible cout de production en chine
Cela changera quand la chine aura fini de se dedollariser et ou quand les mineraux rares necessaires a la conception de produits sus cites dans votre post,passeront en quantite critique,et cela sera bien avant les hudrocarbures
Donc il faut acheter le maximum de panneaux PV tant qu'ils sont peu chers?
On sera alors indépendant énergétiquement et on ne dépendra plus des ressources en
minéraux rares.
Ce serait une option si on croit qu'ils sont fortement subventionnés en Chine pour tuer la concurrence occidentale et qu'on croit vraiment à l'histoire sur le manque de matériaux de base générant leur hausse de prix vertigineuse à venir sans espérer de substituts alors que plein sont étudiés. Si celà se passait et que ni de nouvelles mines ni le recyclage ne permettaient de compenser ceux qui auraient stocké pourraient être gagnants mais j'y mettrai pas mes euros perso car pas envie de me retrouver à porter le mistigri si ça baisse encore...
Mais si je voulais taquiner les écolos beats amoureux de ces panneaux chinois je rappelerai qu'il existe sur le solaire des risques d'effacement bien plus élevés et prouvés dans l'histoire que les tsunamis de type Fukushima à Fessenheim... En cas de méga activité volcanique du genre plusieurs fois ce qu'on a eu en Islande il y a quelques années on pourrait perdre énormément de puissance solaire produite durablement ! Ils ont prévu quoi pour ça les verts luisants qui exigent du risque zéro sur tout et son contraire côté nucléaire ?
"Actuellement nous avons 2 centrales d’arrêtés pour cause de surproduction"
Parce que la loi française sur l'électricité dit que l'électricité éolienne est prioritaire et que les autres DOIVENT s'effacer.
On demande à une électricité stable de s'arrêter pour laisser la place à une électricité instable. On marche sur la tête.
Or ralentit/accélérer une centrale nucléaire implique des surcoûts.
Il suffit d'écouter la récente interview d'Henri Proglio sur Sud-Radio pour comprendre.
Il y explique qu'il a fallu réaliser des travaux couteux dans les centrales nucléaires pour accroitre leur flexibilité. On a dépensé de l'argent pour s'effacer devant une autre source de production .
C'est d'une stupidité économique totale et absolue. C'est germano-européen.
On marche sur la tête.
C'est là où on boucle avec l'intérêt aussi pour le nucléaire de bénéficier de stockage à grande échelle d'électricité et/ou de chaleur. Pour faire travailler ses réacteurs proche de 100% de leur puissance nominale, presque tout le temps afin d'éviter les complexités et risques à vouloir les rendre plus pilotables tout en réduisant le prix de production du KWH nucléaire, qui sur les nouveaux réacteurs à construire donc pas encore amortis est très cher comparé au coût de production du solaire non pilotable à base de panneaux chinois. Faudrait juste qu'on se mette à bosser sur le stockage en Europe, avant que tout ait été breveté et cornaque par les Américains et les Chinois, et qu'on se retrouve encore en position de consommateurs dépensiers qui s'appauvrissent au lieu s'assurer un avenir à nos enfants en captant la valeur ajoutée de ces nouveaux business.
A un moment il faut savoir, soit le nucléaire est pilotable et on le pilote, soit il n'est pas pilotable et c'est une production de base. En France on a longtemps géré notre surplus par les exportations sans piloter ( ou si peu l) le nucléaire. Si il n'est pas pilotable 20 a 30 GW est un maxi, si il l'est certaines centrales auront des facteurs de charge faibles, voir très faibles ( d'où un coût qui explose)
Nous ne sommes absolument pas équipés pour garder notre place de 1 er exportateur mondial d'électricité . Les prix de l'électricité sur la marché spot ne sont pas suffisants pour garantir l'export de notre électricité et l'hiver nos capacités d'export sont au final assez limitées. Avec moins d'export les prix du nucléaire vont mécaniquement augmenter et rajouter dix EPR en France ne fera qu'amplifier le problème.
Quand a la soit disant priorité des énergies renouvelables, c'est simplement du au fait qu'elles ont un coût marginal nul ce qui n'est pas le cas du nucleaire. Force est de constater que personne en Europe ne se précipite sur les contrats long terme d'EDF alors que les producteurs de renouvelables signent de nombreux PPA. Si passer un contrat de long terme était avantageux cela se bousculerait au portillon. Ce n'est pas ce que l'on constate.
Les ENR seraient impossible à rentabiliser sans les contrats de long terme et la priorité d'injection.
Si elles étaient vendue aux mêmes conditions que les énergies pilotables, elles devaient obéir à la loi de l'offre et la demande.
Hors comme elle produise surtout quand personne n'a besoin d'électricité (surtout le solaire) elles se vendraient pour une bouchée de pain, voir moins.
Les sources pilotables ne produisent pas quand personne n'a besoin.
Elles sont donc garanties de toujours vendre leurs productions.
Les ppa ne sont qu'une operation de communication, cela permet à certaines grandes entreprises d'affirmer qu'elles s'alimentent 100% en renouvelable (ce qui est faux, elles s'alimentent sur le reseau comme tout le monde et ne font qu'acheter des garanties d'origine)
Physiquement, les électrons suivent les lois de Kirchhoff. Mais économiquement, les PPA permettent bien aux entreprises qui achètent cette énergie de financer des projets renouvelables.
Le nucléaire a été pensé pour fournir l'énergie de base à un pays autrefois industrialisé qui s'appelle la France. Les pics sont assurés par l'hydraulique et quelques centrales charbon/fioul/gaz (à une époque il y avait même le gaz de haut-fourneaux , monoxyde de carbone, qui était brulé dans une centrale pour produire de l'électricité en Lorraine). C'était l'équation de base qui a parfaitement fonctionné en France dans les années 80-90-2000, c'est à dire AVANT que l'UE et les écologistes ne viennent foutre la merde.
Initialement, le pilotage d'un réacteur s'étale sur plusieurs heures, car l'injection de bore (acide borique) qui permet de diminuer l'activité du réacteur génère progressivement des produits de fission qui empoisonnent le réacteur. Ce processus de génération des ces "poisons" s'étale sur plusieurs heures. Les ingénieurs atomistes ont des équations pour gérer ce pilotage.
Puis avec les dernières générations de réacteurs PWR sont apparues les barres grises qui n'existaient pas sur les réacteurs initiaux 900MW. Elles permettent de piloter le réacteur avec finesse et de ce fait limiter l'usage d'acide borique dans l'eau pressurisée.
Si on fait trop souvent varier la puissance d'un réacteur (avec les barres, ou avec l'acide borique), on génère un surplus de produits de fission, et on déstabilise l'équilibre du dosage de l'uranium dans le réacteur, car ces barres coulissent verticalement, donc on se retrouve avec trop d'uranium "usé" en fond de cuve et trop d'uranium "pas usé" dans le haut de la cuve, en comparaison d'un réacteur qui aurait tourné de façon stable.
Tout cela pour dire que le nucléaire n'est pas conçu pour être pilotable à l'échelle de quelques minutes. Pour cela , il y a les STEP et les turbines à gaz.
Pour ce qui est de l'export...
L'export n'a pas été pensé comme un débouché naturel. Le plan nucléaire Messmer conçu dans les années 70 avait pour but d'assurer la souveraineté énergétique de la France. Si nous avons aujourd'hui de gros excédents à l'export, c'est pour 2 raisons :
Aujourd'hui, nous sommes toujours exportateurs, ce qui signifie que l'électricité est toujours plus chère chez nos voisins...malgré leurs magnifiques éoliennes. .sinon ils ne nous l'achèteraient pas. Business is business
En résumé :
Très bien expliqué. Merci