La centrale au charbon de Cordemais en 2019. / Wikimedia - KaTeznik
Alors qu’elle devait être convertie à la biomasse, la centrale thermique de Cordemais (Loire-Atlantique) brûlera finalement du charbon jusqu’à ses derniers jours. EDF et son partenaire SUEZ ont abandonné le projet qui consistait à remplacer le combustible par des déchets de bois.
Les centrales au charbon de France métropolitaine devaient définitivement cesser leur production en 2022. La promesse de campagne d’Emmanuel Macron ne sera finalement pas tenue : la dernière fonctionnera jusqu’en 2024. Il s’agit de la centrale de Cordemais en Loire Atlantique, dont EDF vient d’annoncer l’abandon de son projet de conversion à la biomasse.
Le plan « Ecocombust » préparait depuis 2015 l’introduction de 80 % de déchets de bois parmi le mix de combustible. 160 000 tonnes de « black pellets » principalement issus de meubles usagés devaient être engloutis chaque année.
Le bois recyclé serait trop cher
Problème : Suez, l’entreprise engagée pour ériger l’usine fabriquant ces granulés, s’est retirée du projet « compte tenu de l’incertitude actuelle sur l’existence d’un marché aval pérenne et rentable sur le long terme ». Un combustible de substitution « trop cher » et « pas compétitif par rapport au charbon » explique EDF à l’AFP. L’usine nécessitait un investissement de 149 millions d’euros, à ajouter aux 20 millions d’euros prévus pour l’adaptation de la centrale. L’énergéticien a donc renoncé à trouver un nouveau partenaire, d’autant qu’il aurait impliqué un important décalage dans le planning de production.
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Or, la centrale de Cordemais est stratégique. Ses deux tranches de 600 MW chacune contribuent à la stabilité électrique de la péninsule bretonne. Le gestionnaire du réseau français RTE estime le site indispensable en attendant la mise en service du réacteur EPR de Flamanville, prévue pour 2024. Ses chaudières brûleront donc du charbon et rien d’autre jusqu’à sa date de fermeture, qui n’a pas encore été définitivement fixée. Tant pis pour les rejets de CO2, qui s’élèvent à 820 g/kWh pour le charbon. C’est le mode de production d’électricité le plus émetteur, loin devant le gaz fossile (490 g) déjà très polluant, le solaire (45 g), l’hydro (24 g), le nucléaire (12 g) et l’éolien (11 g).
Cordemais ne doit toutefois pas fonctionner en continu. Le plafond a été fixé à 750 h/an, soit 5 fois moins qu’actuellement selon EDF. Le site sera principalement exploité aux périodes de tensions du réseau, notamment pour couvrir les pics hivernaux.
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Commentaires
Brûler du feu bois pour produire de l'électricité est nuisible sur le plan environnemental et sanitaire, et profondément stupide en bilan sun-to-electricity. C'est donc une excellente nouvelle que ce projet soit abandonné.
Il est grands temps de sortir de l'ère de la combustion.
"Pourquoi la centrale de Cordemais va continuer à brûler du charbon ?"Parce que Fessenheim a été fermée, que la France n'arrive plus à construire de nouvelles centrales nucléaires, qu'il n'y a pas eu de réflexion sérieuse sur l'utilisation de la biomasse. Cette dernière est utilisée en continu en France, alors que cette précieuse énergie pilotable ne devrait être utilisée qu'en pointe, en hiver, à la place du charbon, lorsqu'il n'y a pas de vent.
Bah, non...
on vous le dit dans l'article, le problème est l'enclavement de la Bretagne du point de vue du réseau électrique. Vous pouvez produire ce que vous voulez à la frontière allemande, sauf à construire de nouvelles lignes, vous ne l'enverrez pas à Brest en période de forte consommation...
Pour le reste, de nombreuses modélisations montrent qu'on peut fonctionner avec un réseau alimenté à 100% par des renouvelables, et on voit d'ailleurs la quantité de CO2 dans la production électrique française baisser d'année en année avec le développement des énergies renouvelables intermittentes, bien loin de l'image que voudraient en donner les anti éoliens, et de façon assez triste les pro-nucléaire qui se lancent dans une sorte de croisade négationniste niant le potentiel du solaire et de l'éolien dans décarbonation de l'électricité à l'échelle mondiale (que ne permet pas le nucléaire...).
"on peut fonctionner avec un réseau alimenté à 100% par des renouvelables"
Oui, bien sûr, largement d'un point de vue technique.
Le back-up à hydrogène serait la partie très chère de cet ensemble, mais le reste serait abordable.
D'un point de vue sociétal, je n'y crois pas beaucoup. On est à des années-lumières de l'acceptation de cela (imaginez combien il faudrait encore de GW d'éoliennes, même s'il y a de la place en mer).
Ce qui peut sauver les anti-nucléaires, c'est que la France n'arrive plus à construire de réacteurs nucléaires, faute de compétences (ce qui est pour l'instant le cas).
Il y aura probablement un mix, à l'avenir, avec une moindre part de nucléaire. Je ne vois pas comment, d'un point de vue sociétal, il pourrait en être autrement.
Ne me parlez pas du modèle allemand, avec ses affreuses centrales à lignite, volontairement préservées pour encore au moins 15 ans, par la sortie prématurée du nucléaire.
Bonjour,
Depuis quand mes panneaux solaires (10KWc) émettent du CO2 ??
...."le solaire (45 g), l’hydro (24 g), le nucléaire (12 g) et l’éolien (11 g)".... ??
Je voudrais savoir d'où proviennent ces émissions en production alors que toutes ces énergies sont censées ne pas produire de CO2 ?
A moins que ce "cout" en CO2 n'intègre celui émis en fabrication, lequel peut être nul en cas d'utilisation d'ENR à100% ? Auquel cas, il ne faut pas comparer en CO2 mais en énergie nécessaire à la fabrication par GW pondéré par le facteur de charge.
Il s'agit de valeurs en ACV donc tout compris (en particulier la construction). Les émissions nulles en cas de production 100% en ENR, à l'heure actuelle ça n'existe pas. En particulier, les panneaux PV viennent presque tous de Chine, je ne vous fais pas l'injure de vous dire avec quoi ils ont été produits.
Il y a quelques jours j'avais envoyé une réponse à Fred mais, pour une raison inconnue, elle n'apparait pas.Je reprends donc : étant données les informations données dans ce magazine qu'en Europe on va se lancer sur des nouveaux capteurs ( en particulier, en Suisse , et, en Pologne( il y a quelques semaines) : des films de capteurs à base de Pérovskite), on doit s'attendre à ce que la valeur de 45g diminue considérablement.
Néanmoins, la fermeture des centrales à charbon reste très difficile, comme le montre le cas de cette centrale de Cordomais, et celui de la Chine où malgré un effort considérable pour pousser les énergies renouvelables , "ce n'est pas demain la veille": nécessairement , il y a aura une transition.Pour accélérer celle-ci, on peut s'appuyer temporairement sur les énergies fossiles dès lors que le CO2 formé n'est pas relâché dans l'atmosphère.C'est notamment le cas avec le méthane pour la production d'hydrogène soit par thermolyse, comme indiqué dans ce magazine et avec un produit de valeur ( du carbone), soit de même pour le vaporeformage avec piégeage ( voir dans le site sepra81), plutôt que par "CSC" (en attendant que la prix de la tonne ce CO2 monte à ~100 euros: ce n'était que quelques uns il y a quelques années ,et c'est maintenant à ~50: prise en compte des conséquences financières catastrophiques du réchauffement climatique). Dans le même ordre d'idée, on pourrait réduire l'impact du charbon, non plus en le brulant mais en le transformant en "syngaz".
Si on accepte la logique de bien séparer les émissions en production et en construction (y compris dé-construction), il est certain qu'actuellement les 2ièmes émettent du CO2 (mix énergétiques non 100% ENR) êtes-vous d'accord pour dire que les 1ières n'émettent PAS de CO2 ?
On découvre enfin l'une des raisons pour lesquelles le gouvernement actuel n'a pas frémis à l'OPA hostile et débile de VEOLIA sur SUEZ, une opportunité pour se désengager du projet sans en porter le chapeau.
Merci de nous avoir éclairer