Pourquoi cette éolienne flottante bizarroïde obtient des subventions ?


Pourquoi cette éolienne flottante bizarroïde obtient des subventions ?

Le projet d'éolienne flottante à multiples rotors / Image : Wind catcher systems.

Nous connaissions déjà le dreamcatcher, l’attrape rêve destiné à nous aider à tirer le meilleur parti de nos nuits. Il y a désormais le windcatcher, un étonnant concept d’éolienne qui revient sur le devant de la scène. Présentée il y a deux ans, cette immense structure flottante à multiples turbines vient d’obtenir une nouvelle subvention de l’État norvégien.

Imaginez une structure flottante aussi haute que la tour Eiffel. Quelque 320 mètres. Sur laquelle on viendrait fixer pas moins de 115 turbines d’une puissance de 1 mégawatt (MW) chacune. Des éoliennes d’un diamètre d’environ 30 mètres. C’est le drôle de projet développé par la société norvégienne Wind Catching Systems. Avec l’espoir que cette éolienne d’un genre nouveau produise, sur une superficie réduite de 80 %, cinq fois plus d’énergie que les plus grandes éoliennes en mer du monde. De quoi alimenter jusqu’à 80 000 foyers. Un pilote doit être installé cette année sur le parc éolien offshore de Mehuken (Norvège).

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Rappelons que jusqu’ici, l’idée des ingénieurs était surtout de développer des éoliennes de plus en plus grandes. En peu de temps, la surface balayée par les pales a ainsi quintuplé. Et la course au fabricant qui proposera l’éolienne la plus gigantesque continue. La plus grande éolienne offshore en cours de construction est aujourd’hui annoncée avec un diamètre de 260 mètres.

L’idée a porté ses fruits. Puisque les coûts de l’éolien offshore ont chuté. De près de 50 % au cours de la dernière décennie. Mais le gigantisme a peut-être atteint ses limites. Les pales commencent à devenir trop longues pour être transportées par bateau. Trop lourdes aussi. Car même si les ingénieurs travaillent à les alléger, ces pales doivent être assez solides pour résister aux conditions qui règnent en mer.

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Vers des éoliennes multirotors ?

Alors, pourquoi ne pas envisager des turbines avec plusieurs rotors, chacun plus petit ? Le concept avait déjà été présenté dans les années 1930. Avec une turbine à triple rotor de 20 MW. Puis dans les années 1980. Mais des problèmes de vibrations avaient sonné le glas de ce type d’installations. Puis, c’est le fabricant danois Vestas qui s’était emparé de l’objet. En 2016, il avait expérimenté une éolienne à quatre rotors. Avec un gain de puissance annuel de… 2 %. Au profit d’un rayon de balayage agrandi et d’interactions entre les rotors.

Mais les questions demeuraient. Notamment concernant les problèmes de corrosion que pourraient rencontrer les structures en treillis qui supportent les multiples rotors de ces éoliennes d’un autre genre. Ou encore, concernant les interactions des uns avec les autres lorsque leur nombre grimpe au-delà de la dizaine. Voire de la centaine comme pour le projet de Wind Catching Systems.

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Près de 3 millions d’euros de subventions

Aujourd’hui pourtant, les analystes voient dans ces systèmes multirotors, une piste pour dépasser encore les limites que les éoliennes offshore conventionnelles semblent être sur le point d’atteindre. Et faire baisser encore les coûts. Selon eux, le marché pourrait se développer. Ils parlent même d’une croissance de plus de 6 % par an d’ici 2031. La société vient d’obtenir une seconde subvention de la part d’Enova, une société d’état norvégienne chargée de financer la transition énergétique, pour un montant de 9,3 millions de couronnes (860 000 €). Elle avait déjà décroché une première cagnotte de 22 millions de NOK (2 M€) à l’automne 2022.

En plus de celui de Wind Catching Systems, les projets ne manquent d’ailleurs pas. Du côté de Bremerhaven (Allemagne), un prototype à deux rotors a été installé par EnBW sur une fosse inondée. Il sera déplacé sur la mer Baltique si les tests sont concluants. Et les ingénieurs de Offshore Renewable Energy (ORE) Catapult estiment qu’il pourrait tout à fait apparaître des structures à 40 rotors dans les eaux du Royaume-Uni entre 2030 et 2040.

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