Pourquoi cet État est contraint de gaspiller son électricité renouvelable ?


Pourquoi cet État est contraint de gaspiller son électricité renouvelable ?

Illustration : Getty, montage : RE.

Réputé pour sa production fossile, le Texas a décidé de se lancer massivement dans les énergies renouvelables. Il installe des éoliennes et des panneaux solaires à tour de bras. Mais en oubliant de mettre à niveau son réseau électrique, toute cette énergie mise dans sa transition risque d’être gaspillée.

Le Texas, c’est l’État de la démesure. Avec ses pickups et ses énormes échangeurs autoroutiers. L’État que nous associons tous à la famille Ewing. À son univers impitoyable et son puissant empire du pétrole. Mais, nous le savons peut-être moins, c’est aussi devenu, depuis quelque temps, l’État des énergies renouvelables.

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Début 2023, Engie — le fournisseur français de gaz fossile et d’électricité — a inauguré au Texas, un parc de pas moins de 650 000 panneaux photovoltaïques, pour une puissance de 250 MW. Et ce, juste après y avoir lancé le plus grand parc éolien terrestre des États-Unis. Près de 90 éoliennes de 120 mètres de haut pour une puissance cumulée de 300 MW. C’est environ six fois plus que les plus grands parcs français. Le tout installé sur une surface plus étendue que Paris. Et avec un facteur de charge alléchant, de presque deux fois celui que l’on trouve chez nous. Grâce à la topographie de la région, largement désertique et plane.

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On aimerait s’en réjouir. D’autant que la production éolienne et solaire du Texas devrait doubler d’ici 2035. Mais dans sa folie des grandeurs, l’État semble avoir omis un point pourtant crucial. Il lui est rappelé aujourd’hui dans une analyse de l’Agence d’information sur l’énergie américaine (EIA). Ses experts jugent en effet que le réseau électrique de l’État, opéré par Electric Reliability Council of Texas (ERCOT), n’est pas au niveau.

Un réseau électrique à moderniser d’urgence

Depuis longtemps, les spécialistes préviennent. Si nous espérons intégrer une part massive d’énergies renouvelables variables sur nos réseaux, il nous faudra les moderniser. Notamment parce que ces derniers ont été conçus et dimensionnés à une époque où la production était centralisée et pilotable. Elle pouvait donc assez facilement s’adapter à la consommation. Avec des énergies renouvelables variables, ce ne sera plus le cas. Or, il est indispensable d’assurer en permanence l’équilibre production/consommation. Sans quoi, les coupures et congestions risquent de se multiplier.

L’une des options, pour éviter de mettre en péril le réseau, c’est de littéralement « jeter » de l’électricité bas-carbone par les fenêtres, en bridant la production. Un comble par les temps qui courent. Pourtant, le Texas a déjà recours à la pratique. En 2022, il a laissé filer 5 % de sa production éolienne et 9 % de sa production solaire. D’ici 2035 — c’est presque demain —, les experts de l’EIA estiment que ces chiffres pourraient montrer respectivement à 13 et 19 %.

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Un réseau isolé du reste du pays

C’est d’autant plus dommage que le Texas est l’un des États les plus gros consommateurs d’énergie. Et le phénomène ne concerne pas seulement les jours où les productions sont importantes, mais les consommations faibles. Selon l’EIA, il arrive que lorsque la demande est forte et que la production pourrait être suffisante à la satisfaire, celle-ci ne peut pas être acheminée correctement du fait de la capacité limitée des lignes. La situation pourrait représenter plus d’un tiers des cas de coupures réseau en 2035.

La problématique est encore exacerbée par le fait que le réseau texan n’est pas connecté aux réseaux des États voisins. L’ajout de batteries géantes sur le réseau pourrait aider en permettant au moins de stocker une partie de l’électricité renouvelable produite en excès dans certaines situations. Mais certains suggèrent également de penser à implanter des parcs éoliens et surtout des fermes solaires au plus près des centres de consommation. Pour éviter les besoins de transport de l’électricité sur des centaines de kilomètres — le Texas étant plus grands que la France — et limiter les risques de formation de goulots d’étranglement.

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