Pourquoi ces habitants ne veulent pas d’une centrale solaire agrivoltaïque ?


Pourquoi ces habitants ne veulent pas d’une centrale solaire agrivoltaïque ?

La centrale solaire agrivoltaïque Sun'Agri d'Étoile-sur-Rhône / Image : Révolution Énergétique - HL.

Le déploiement des énergies renouvelables est parfois confronté à l’opposition de particuliers. Certains refusent la présence d’une centrale à proximité de leur habitation, même en l’absence de nuisances. Dans le Vaucluse, un viticulteur doit affronter une dizaine de résidents qui ne veulent pas de son projet de ferme solaire agrivoltaïque. Qu’est-ce qui motive réellement leur combat ?

Tout le monde veut de l’électricité abondante, à bon prix et bas-carbone, mais peu acceptent d’habiter à proximité d’une centrale ou d’une ligne haute-tension. Ce comportement est très bien décrit par les sociologues. Il a même un nom : « NIMBY ».

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Cet acronyme anglais de « Not In My BackYard » (pas dans mon jardin) désigne des particuliers opposés à l’installation d’une centrale, usine ou tout autre équipement d’intérêt général proche de leur habitation, sans autre motif que l’esthétique.

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4 hectares d’ombrières photovoltaïques au-dessus des vignes

Le phénomène est parfaitement illustré à Travaillan (Vaucluse), où une dizaine de résidents s’opposent au déploiement d’une centrale solaire agrivoltaïque. Porté par le vigneron Fabrice Brunel, le projet consiste à recouvrir de panneaux photovoltaïques 4 hectares de parcelles actuellement en jachère.

La centrale produira l’équivalent de la consommation d’électricité d’environ 800 foyers. Déployée par le spécialiste de l’agrivoltaïsme Sun’Agri, elle doit également rendre de nombreux services au cultivateur.

Les nouvelles vignes plantées après les travaux seront abritées par des rangées de persiennes photovoltaïques. Perchés à 5 m au-dessus du champ « pour laisser passer la machine à vendanger », explique Fabrice Brunel, les panneaux permettront de réduire les besoins en eau, grâce à une moindre évaporation.

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Des cultures protégées gratuitement

« On aura des raisins plus équilibrés », assure le viticulteur, qui vante également la protection physique apportée par la future centrale. « Au printemps on devrait avoir +1 à +2 °C sous les panneaux, ça peut nous protéger du gel. On aura aussi une protection contre la grêle », prévoit-il.

Fabrice Brunel bénéficiera du concept particulièrement avantageux proposé par Sun’Agri. En effet, la société installe ses centrales sans aucuns frais pour les agriculteurs et offre un service gratuit de pilotage agronomique. Sun’Agri se rémunère en vendant la production d’électricité à travers un intermédiaire.

Sans rien débourser, les exploitants agricoles éligibles (car toutes les cultures ne sont pas adaptées à l’agrivoltaïsme) peuvent donc soutenir la transition énergétique tout en obtenant une protection face au changement climatique.

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Des résidents insensibles aux avantages de l’agrivoltaïsme

Des avantages que certains résidents ont du mal à considérer. À Travaillan, les voisins de Fabrice Brunel refusent la présence des ombrières photovoltaïques et l’on fait savoir auprès des médias. « Va-t-on transformer nos campagnes en horreurs métallisées montées sur pilotis de 6 m ? » lance Esther Schlouch, la porte-parole des protestataires au journal La Provence.

« Que vont devenir les oiseaux dans tout ça ? » se questionne-t-elle, avant d’évoquer les touristes qui « ne sont pas venus faire du vélo dans des champs de panneaux photovoltaïques ». La solution pour protéger les cultures face à la hausse des températures devrait se résumer à une plantation d’arbres selon l’opposante. Une stratégie habituelle du phénomène NIMBY, qui occulte souvent leurs revendications personnelles par des motifs environnementaux parfois farfelus.

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« Ce n’est pas une ferme porcine, une éolienne ou un méthaniseur »

De son côté, le viticulteur s’étonne de cette fronde pour « une histoire de vue ». « Mon projet, ce n’est pas une ferme porcine, une éolienne ou un méthaniseur, il n’y a pas de nuisances, aucun bruit, rien », nous explique-t-il.

« C’est quand même chez moi, les gens ne sont pas propriétaires de la vue ! » s’agace le vigneron, avant d’expliquer qu’il « aurait très bien pu construire un hangar de plusieurs mètres de haut en limite de propriété », autrement plus disgracieux qu’une centrale solaire.

Sur la douzaine de protestataires, « seules 2 personnes sont vraiment concernées, la première maison est à 50 m des panneaux et la seconde à 100 m », détaille Fabrice Brunel. Pour réduire la gêne visuelle, il promet de planter une haie paysagère de peupliers qui masquera la vue sur la centrale une fois les arbres adultes.

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Le permis de construire sera certainement attaqué

L’agriculteur reste toutefois compréhensif face à un équipement qui n’apportera pas directement d’avantages aux riverains. « Il faudrait que l’électricité produite bénéficie directement au village, par exemple via une remise de 5% sur leur facture d’électricité », propose-t-il.

Pour l’instant, la fronde des habitants n’est pas une entrave au projet de Fabrice Brunel. Il vient de déposer la demande de permis de construire en mairie et espère une mise en service courant 2023. Le viticulteur devra toutefois défendre son projet devant un juge, la probabilité d’un recours des opposants étant très élevée.

 

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