Pourquoi augmenter les taxes sur l’électricité est une grossière erreur


Pourquoi augmenter les taxes sur l’électricité est une grossière erreur

Illustration : RE.

Le gouvernement français prévoit une hausse importante des taxes sur l’électricité en 2025, une décision controversée qui pourrait engendrer un impact significatif pour de nombreux foyers.

L’augmentation prévue par le gouvernement concerne principalement l’ex-TICFE, nouvellement nommé accise sur l’électricité, dont le taux, initialement fixé à 32 €/MWh avant la crise, pourrait atteindre jusqu’à 40 ou même 42 euros le mégawattheure, selon Le Point et Les Echos. Cette mesure vise à combler un déficit budgétaire croissant, Michel Barnier est en quête de 60 milliards d’euros pour atteindre une réduction du déficit à 5 % du PIB en 2025​.

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Le prix de l’électricité devrait baisser pour les offres au tarif réglementé

Sur le marché de gros, le prix de l’électricité a effectivement chuté grâce à une offre plus stable, notamment avec le retour progressif des réacteurs nucléaires. Le gouvernement mise donc sur une baisse globale des factures des ménages, de l’ordre de 10 % au 1ᵉʳ février 2025, en dépit de cette augmentation de taxe.

Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), insiste sur l’importance de faire bénéficier les consommateurs de cette baisse des prix sur les marchés : « C’est important que les Français qui ont été confrontés à la hausse voient aussi la baisse quand elle se matérialise sur les marchés de l’électricité », a-t-elle expliqué sur RTL. Elle souligne aussi que cette transition énergétique requiert une électricité abordable, en précisant : « Pour répondre à cet enjeu climatique, c’est moins d’énergie fossile (…) c’est plus d’électricité et pour pouvoir aller vers plus d’électricité, il faut que l’électricité soit abordable ».

La dernière hausse des tarifs de l’électricité, décidée le 1ᵉʳ février 2024 par le ministre de l’Économie, s’inscrit dans un contexte de fiscalité élevée sur cette énergie : les taxes appliquées à l’électricité sont 9 fois plus importantes que celles du gaz, 5 fois celles appliquées au gazole, et 11 fois celles du fioul domestique, relativement aux émissions de CO₂ générées, comme l’a révélé l’Observatoire de l’industrie électrique. Un tel niveau de taxation interroge sur la cohérence avec les ambitions climatiques du gouvernement, particulièrement quand les taxes sur le gaz ou les carburants sont maintenues à des niveaux plus bas.

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L’augmentation de l’accise pénalisera les offres de marché

En revanche, les ménages au tarif de marché pourraient être particulièrement exposés. Contrairement aux abonnés aux tarifs réglementés, ces consommateurs avaient grandement bénéficié de la baisse des prix de marché. Ils subiront de plein fouet l’augmentation de la taxe. Cette situation soulève de vives préoccupations, notamment pour les foyers modestes et ceux vivant dans des logements mal isolés, souvent plus vulnérables aux hausses de coûts. Des experts craignent un impact social et une possible résurgence de mouvements de contestation, semblables aux « Gilets Jaunes » de 2018.

Au sein même du gouvernement, des voix s’élèvent contre cette augmentation. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, souligne les effets négatifs potentiels pour les ménages modestes et la classe moyenne. En plus de peser sur la consommation, cette hausse pourrait freiner les efforts de réindustrialisation et d’électrification, alors que le gouvernement encourage la transition vers des véhicules électriques et des infrastructures plus vertes. Certains observateurs dénoncent cette incohérence, craignant un ralentissement des projets de décarbonation.

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