La startup française Datafarm, place ses datacenters dans des installations agricoles où ils sont alimentés en énergie décarbonée par des méthaniseurs. Le gaz généré par la fermentation de déjections animales et de résidus des cultures est utilisé par une trigénération qui produit à la fois de l’électricité, de la chaleur et du froid, celui-ci servant à climatiser les équipements informatiques.
Cloud computing, big data, intelligence artificielle … Le développement des nouvelles technologies entraîne une explosion des besoins de stockage des données informatiques et une augmentation exponentielle de la consommation d’énergie des serveurs. Depuis le 1er janvier de cette année, les datacenters européens ont consommé près de 50 milliards de kWh et selon les prévisions de la Commission, la barre des 100 milliards sera atteinte avant le 31 décembre. 40% de cette énergie est utilisée pour la climatisation et le refroidissement des machines et des salles informatiques.
Face à la croissance de leurs coûts mais aussi aux émissions de gaz à effet de serre que représente cette voracité énergétique lorsqu’elle est satisfaite par des énergies fossiles, les géants du secteur informatique mettent en place des solutions alternatives. Google et Facebook, par exemple, implantent des datacenters dans les pays nordiques où ils sont réfrigérés par l’air froid ou l’eau des mers du Grand Nord. Mais cette solution n’est pas à la portée d’entreprises plus modestes.
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Hébergement « vert »
Actifs dans ce secteur depuis plusieurs années Stéphane Petibon et ses associés proposent des solutions d’hébergement de serveurs informatiques à leurs clients. Ils sont donc partis, eux aussi, à la recherche de réponses à ces problèmes énergétiques.
En quête d’électricité verte pour alimenter leurs machines ils ont d’abord pensé naturellement au solaire et à l’éolien. Mais la variabilité des productions de ces technologies nécessitait d’y associer des solutions de stockage pour garantir un approvisionnement fiable, sécurisé et constant des serveurs.
Après avoir rencontré un éleveur breton qui exploite une biométhanisation agricole, ils ont alors eu l’idée d’installer leurs datacenters à la ferme et de les alimenter avec l’électricité produite par des méthaniseurs. Ces installations génèrent de l’énergie par la fermentation contrôlée de biomasses d’origine animale ou végétale. Parmi leurs atouts, notons qu’elles permettent de valoriser des déchets et d’éviter des émissions de gaz à effet de serre en se substituant aux énergies fossiles. Mais surtout elles produisent de façon quasi continue une énergie verte sous la forme de biogaz.
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Production combinée d’électricité, de chaleur et de froid
Fin 2019, Stéphane Petitbon et ses associés décident de créer une startup pour exploiter ce filon, et ils la baptisent « Datafarm ». Ils proposent aux agriculteurs d’installer les datacenters dans leurs fermes et de les alimenter en électricité renouvelable par l’énergie générée dans un méthaniseur.
La matière première est constituée de déchets biodégradables tels que les déjections animales, les résidus des cultures, etc. Une exploitation d’une centaine de vaches en produit environ 30 tonnes par jour.
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Le gaz généré par la fermentation anaérobie des micro-organismes présents dans le digesteur est injecté dans une installation de trigénération. Une turbine permet d’abord de produire de l’électricité à raison de 38 %, et de chaleur résiduelle à hauteur de 62 %. Celle-ci peut être utilisée dans la ferme pour chauffer les bâtiments, mais aussi sécher les foins ou d’autres productions végétales, faire du fromage, etc.
Une partie de cette chaleur peut aussi produire … du froid grâce à un absorbeur fonctionnant par exemple avec du bromure de lithium. Par cette technique, de l’eau chaude dont la température est comprise entre 75 et 85°C fabrique une eau glacée entre 7° et 12°C. On comprend l’intérêt : la production de froid est utilisée pour la climatisation des serveurs. « Cette solution nous permet de réduire la proportion d’électricité nécessaire au refroidissement de nos infrastructures à 8 %, alors qu’il en faut 20 à 50 % habituellement » explique Stéphane Petibon.
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Bilan carbone
Un méthaniseur d’une puissance de 500 kW utilisé pour alimenter en énergie les serveurs de Datafarm permet d’éviter l’émission annuelle de 12.000 tonnes de CO2. Soit l’équivalent des émissions annuelles d’un millier d’européens.
Le marché visé par la startup est dès lors celui des entreprises de plus de 500 salariés. Il y en a 2.400 en France et elles ont l’obligation de publier leur bilan carbone. Celui-ci permet d’établir leurs émissions de gaz à effet de serre dans le cadre de la stratégie française de réduction de l’empreinte des entreprises. « Notre offre permet de réduire les émissions de dioxyde de carbone des clients qui nous confient l’hébergement de leurs serveurs, de 20 à 30 % en moyenne » nous assure Stéphane Petibon.
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Mise en route avant fin 2020
Datafarm est donc à la recherche de fermes partenaires. Deux critères entrent en ligne de compte : la puissance de l’installation de méthanisation et la proximité d’un réseau de fibres optiques pour connecter le datacenter. Pour l’heure, la jeune pousse a trouvé deux exploitants agricoles répondant à ces conditions, l’un à Saint-Omer dans le Nord, l’autre en Bretagne, à Arzal. Ces premières installations pilotes seront mises en route d’ici la fin de cette année. Quatre autres devraient être construites en 2021.
Dans chaque infrastructure, la start-up envisage d’héberger les serveurs informatiques de 80 clients.
Son objectif est aussi de se développer en dehors des frontières de l’Hexagone. Avec seulement 500 méthaniseurs, la France est sous-équipée. L’Allemagne, quant à elle, en compte 12.000.
La méthanisation n’est pas toujours exempte d’inconvénients et doit être observée avec circonspection.https://reporterre.net/methanisation-un-digestat-bien-indigeste-pour-les-sols-et-les-eaux
Et les cas de pollutions de l’environnement ne sont pas rares, comme ici : https://www.ouest-france.fr/environnement/environnement-en-finistere/pollution-de-l-eau-en-finistere-les-methaniseurs-de-futures-bombes-ecologiques-6945195
Tiens, c’est un peu curieux de votre part de vous référer à un article de Reporterre. Si vous trouvez ce site sérieux, pourquoi n’invoquez-vous pas aussi leurs très nombreux articles qui condamnent le nucléaire ?
https://reporterre.net/Nucleaire-un-siecle-de-desastre-sanitaire
https://reporterre.net/Les-centrales-francaises-ne-sont-plus-a-l-abri-d-un-accident
https://reporterre.net/Il-y-a-une-forte-probabilite-d-un-accident-nucleaire-majeur-en-Europe
Et bien d’autres …
Il doit y avoir une erreur dans la quantité de déjection des vaches, c’est plutôt 3 tonnes et non pas 30 tonnes. Sinon cela voudrait dire que les vaches expulsent 1/3 de leur masse corporel en déjection chaque jour…
Le chiffre de 30 tonnes est validé. Il ne s’agit pas seulement des déjections mais aussi de tous les autres déchets organiques de la ferme, comme la paille du fumier, les résidus de cultures et autres végétaux, déchets de lait, etc.
Pour les déjections seules, j’ai vérifié : une vache en produit 60 à 100 kg par jour (30 à 50 kg de bouses et 30 à 50 litres d’urine). Pour 100 vaches ça fait déjà 6 à 10 tonnes.
Bonjour,
Je suis aussi surpris par ce chiffre de 30 tonnes de déchets par jour pour 100 vaches.
Le contexte semble être celui d’une exploitation industrielle où les pauvres bêtes ne vont jamais pâturer.
C’est une forte incitation à consommer moins de produits laitiers et moins de viande !
Super intéressant. Et garanti 100% greenwashing. Sachant que les fermes ne sont pas sur Mars mais dans des campagnes où le réseau électrique existe aussi (et même le réseau informatique, sinon les datacenters…), quelle différence y a-t-il entre consommer de l’électricité ici ou là? Cela ressemble fort à un commerce de certificats dont on sait l’effet nul qu’ils ont sur les émissions. L’électricité de méthanisation, si elle n’alimente pas les datacenters, eh bien elle alimentera d’autres consommateurs, vous ou moi par exemple. Et si tout cela était plutôt lié au coût du foncier pour installer ces datacenters? Le m² de… Lire plus »
Hubert, pas d’accord avec vous. Vous auriez raison si les datacenters n’utilisaient que l’électricité produite par la turbine à gaz de l’installation de méthanisation. En effet, dans ce cas, peu importe l’endroit où ils sont installés (les pertes par transport de l’électricité sont très faibles). Mais l’intérêt, comme j’ai essayé de l’expliquer dans l’article, c’est la trigénération et plus particulièrement la production de froid (pour réfrigérer les serveurs) par la technique de l’absorption, en utilisant non pas de l’électricité, mais une partie de la chaleur produite. Ainsi, comme l’explique Stéphane Petitbon : » Pour le refroidissement des infrastructures nous n’utilisons… Lire plus »
Autre intérêt (financier) :l’électricité est auto-consommée « sur place ». Donc en ne passant pas par le réseau, on évite les coûts liés à celui-ci. Et puis, en ne dépandant pas du réseau, les risques de black-out sont réduits, ce qui, pour un datacenter n’est pas négligeable.
Vu comme ça… Effectivement, si on veut du froid pas cher, il faut le chercher là où il y a un excédent de chaleur gaspillé donc récupérable! Je suis assez ébahi par les « 20 à 50% ». Donc dans le pire des cas, lorsque je consomme 1kW « informatique », kilowatt qui finit forcément en chaleur, il faut que je consomme en plus 500W pour extraire ces au total 1,5kW thermiques vers l’extérieur? C’est très mauvais! Ceci dit, on n’a pas forcément besoin d’une clim, mais simplement de bons ventilateurs sauf si la température extérieure est trop élevée. Du coup le plus sage… Lire plus »