L’information n’a pas fait grand bruit, et pourtant elle laisse entrevoir l’espoir d’une véritable révolution de la technologie solaire. L’institut de recherche CEA-Liten, dédié à la transition énergétique, et l’entreprise française Roctool annoncent la fabrication des premiers panneaux photovoltaïques biosourcés et 100% recyclables. Moins coûteux et plus « écologiques » que les modules en silicium, ils pourraient être utilisés dans des applications telles que l’automobile, les transports ou la navigation.
A priori, rien ne prédestine la société Roctool à devenir une pépite de l’industrie solaire. Fondée en 2000, l’entreprise, cotée en bourse, s’est spécialisée dans les procédés de chauffage par induction pour le moulage par compression de pièces en plastique. Et pourtant, dans le cadre du programme EasyPoc de soutien à l’innovation dans les PME de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, elle a été sélectionnée pour développer avec le CEA-Liten des panneaux photovoltaïques fabriqués à partir de matériaux biosourcés et recyclables. L’objectif est de concevoir des panneaux photovoltaïques fabriqués plus rapidement et avec des matériaux « naturels », afin de les utiliser dans de nouvelles applications tels que l’automobile, les transports ou la navigation.
La technologie LIT (Light Induction Tooling) mise au point par Roctool, a en effet attiré l’attention de cet institut de recherche dédié au développement de technologies pour la transition énergétique. Ce procédé élimine le besoin d’équipements coûteux comme les autoclaves et les presses pour le moulage de pièces.
Une petite révolution
« Depuis le début de notre collaboration en mai dernier, les équipes n’ont pas chômé et notre travail porte d’ores et déjà ses fruits » annoncent aujourd’hui les deux partenaires dans un communiqué commun. Après une phase d’étude de 4 mois portant sur la recherche, l’approvisionnement de matériaux biosourcés et les essais de transformation, « nous avons pu mettre en œuvre les premiers panneaux photovoltaïques biosourcés et 100% recyclables », précisent-ils.
Les matériaux biosourcés sont issus de la matière organique, d’origine végétale (biomasse) ou animale. Ils sont surtout utilisés dans la construction et le bâtiment, notamment comme matériaux d’isolation. Mais ils sont aussi employés dans la décoration, l’habillement, l’emballage ou encore la fabrication de mobilier.
À lire aussi Isolants biosourcés : quel intérêt?
S’il s’avérait possible de fabriquer des panneaux photovoltaïques dotés d’un bon rendement à partir de matériaux biosourcés, il s’agirait à coup sûr d’une petite révolution dans l’industrie de l’énergie solaire. Aujourd’hui, le matériau le plus utilisé pour fabriquer les cellules photovoltaïques est le silicium. On l’obtient par réduction à partir de silice, substance la plus abondante dans la croûte terrestre, que l’on trouve notamment dans le sable ou le quartz. Mais le silicium de qualité photovoltaïque doit être purifié jusqu’à plus de 99,999 % et le procédé est énergivore, ce qui affecte le coût et l’empreinte carbone de ces modules.
À lire aussi Les films photovoltaïques organiques ouvrent de nouvelles perspectives aux énergies renouvelablesDes résultats encourageants
« Roctool et le CEA-Liten ont mutualisé leur savoir-faire pour tester sur un outillage disponible au sein du centre d’essais de Roctool au Bourget-du-Lac, la mise en œuvre de panneaux de dimensions de 300 mm par 300 mm » expliquent les deux partenaires. Selon leur communiqué, « les résultats sont très encourageants et prometteurs : excellente qualité du produit et des temps de fabrication optimisés qui permettraient de multiplier par 4 la vitesse de production.
Actuellement, plusieurs séries de panneaux sont testés pour vérifier leurs performances et leur résistance aux chocs. Des essais de vieillissement de 1000 heures sont également conduits.
A ce stade, le consortium sélectionne les fournisseurs des matières premières et va poursuivre, son développement sur un nouvel outillage Roctool qui aura la forme d’un capot de véhicule. L’ambition est de présenter d’ici 2022 des premiers prototypes à des industriels intéressés. « Les contacts sont d’ores et déjà initiés », précisent les deux partenaires.
« Une nouvelle ère de l’énergie renouvelable s’ouvre, combinant l’utilisation de matériaux biosourcés et recyclables à une technologie de fabrication performante pour réduire l’empreinte carbone des panneaux photovoltaïques du futur », ont salué le CEA et Roctool.
À lire aussi Pérovskites : ces cristaux vont révolutionner l’énergie solaire À lire aussi De la voile aux déflecteurs de camion : les textiles photovoltaïques de Solar Cloth ont un bel avenir
Très intéressant tout ça. Attention au qualificatif « biosourcé » qui peut induire en erreur. Il siginifie juste que de la matière organique sert de matière première mais ne donne aucune information sur le produit fini.
Exemple d’embrouille: les multinationales des boissons gazeuses vendues en bouteilles plastique prétendent de plus en plus souvent que leurs bouteilles sont biosourcées. Cela signifie sans doute qu’elles ne sont pas issues de la pétrochimie, mais le résultat reste le même plastique (PET) non biodégradable. Donc surtout ne pas jeter un objet biosourcé dans la nature!
@hubert
Le plastique PET est 100% recyclable il est d’ailleurs le plastique le plus recyclé au monde plus de 60% du marché, ce qui semble biosourcé ce sont les cellules solaires dans ce cas, ce qui éviterait d’utilisé du silicium, après ce sont les rendements et la durée de vie qui feront ou pas la viabilité du produit.
Cette technologie est très intéressante si les rendements sont au rendez vous et la durée de vie, cependant il existe une entreprise espagnole avec un système encapsulable en polymère 100% recyclable mais non biosourcé pour le moment, avec un très haut rendement et une production qui serait de 3 panneaux (domestique et solaire a concentration) par minute, avec une usine qui serait prévu dans les prochains mois pour 2022.