L'éolienne SG 6.6-170, basée sur la plateforme 5X / Image : Siemens Gamesa.
Près de 30 % des 108 GW d’éoliennes fabriquées par Siemens Gamesa pourraient être défectueuses. Une nouvelle qui vient secouer le groupe Siemens Energy, déjà en proie aux difficultés financières.
Lors d’une conférence de presse tenue la semaine dernière, Siemens Gamesa, acteur majeur de l’éolien, a annoncé que son parc d’éoliennes terrestres subissait de graves défaillances techniques. Ces défaillances auraient d’abord été relevées par l’opérateur d’un parc éolien qui aurait découvert « un comportement vibratoire inhabituel » au niveau de certains composants de la turbine.
Suivant ces informations, Siemens Gamesa aurait constaté des défauts principalement liés aux pales, mais également à des roulements de la turbine. Seraient concernées par ces défaillances la plateforme 4X, mais aussi la plus récente nacelle 5X. Si aucun chiffre précis n’a été donné à l’heure actuelle, le fabricant a indiqué que 15 à 30 % de son parc terrestre pourrait être concerné, soit plus de 30 GW d’éoliennes. Jochen Eickholt, PDG de Siemens Gamesa, aurait évoqué des problèmes liés à des fournisseurs mais également des problèmes de conception. Lors d’une conférence téléphonique, il aurait indiqué que les défaillances étaient « bien pires que ce que j’aurais cru possible ».
À lire aussi L’éolienne géante de Vestas atteint sa puissance maximalePlus d’un milliard de dollars de réparations
Pour l’heure, des examens techniques sont en cours pour évaluer avec précision les défaillances techniques ainsi que les mesures à prendre et les coûts qui y seront associés. Les résultats de ces examens devraient être dévoilés lors de la présentation des résultats du troisième trimestre le 7 août prochain. Outre les réparations des turbines défectueuses, l’entreprise cherche désormais à développer un modèle statistique qui estimerait le taux de défaillance sur la durée de vie économique des éoliennes, à savoir 20 ans.
Cette situation vient aggraver les problèmes que connaît déjà Siemens Gamesa. Le fabricant espagnol fait face à d’importantes difficultés sur son activité offshore. L’entreprise, qui avait promis une hausse de 30 % de ses capacités de production, prend du retard vis-à-vis de ses objectifs. Aux dernières nouvelles, la société peinerait à augmenter ses effectifs, et subirait des délais majeurs au niveau dans la construction des nouveaux sites de production.
La filiale éolienne fait trembler la maison mère
Ces annonces ont eu pour conséquence de faire chuter les actions de la maison mère, à savoir Siemens Energy. Celles-ci ont, en effet, perdu 37 % à la bourse de Francfort sur la seule séance du vendredi 23 juin. Cette nouvelle vient s’ajouter à la situation financière compliquée du groupe allemand qui a essuyé un déficit de 712 millions d’euros sur l’année 2022. Si les résultats devraient progresser pour l’année 2023, l’entreprise a donc finalement dû revoir ses objectifs face à ces incidents.
Malgré cette succession de revers, Siemens Energy continue à croire en sa filiale éolienne. Selon Christian Bruch, PDG de Siemens Energy, l’éolien reste « une activité très prometteuse ». Siemens Energy, qui vient de prendre le contrôle total de Siemens Gamesa, espère pouvoir opérer les changements nécessaires au sein de la filiale pour qu’elle devienne un contributeur fiable aux résultats du groupe.
D’une manière plus générale, le secteur occidental de l’éolien rencontre d’importantes difficultés financières, en partie dûes à la forte inflation, mais aussi aux problèmes d’approvisionnement précipités par le contexte géopolitique mondial. L’entreprise danoise Vestas, leader mondial de la fabrication d’éoliennes, a également connu une année 2022 difficile. Dans le même temps, les acteurs chinois gagnent du terrain, comme Goldwind, Envision ou encore Mingyang.
Commentaires
A force de chercher à faire des économies partout , voici qu'on découvre que celles ci finissent par couter plus chers, que ce qu'aurait couté un produit fabriqué en y intégrant celui de la qualité ?
On est vraiment dans un monde de fous, ou l'on prétend faire des économies en faisant fabriquer par d'autres ce que nous savions parfaitement faire avant ? Pour dans le même temps, devoir faire vivre des milliers de chômeurs, qui faute d'emploi vivent au dépend de ceux qui travaillent encore !
Tiens tiens, il n'y a pas que le Nucléaire qui fait face à des pannes en série et de série...
C'est malheureusement un aléas industriel et sur la durée de vie d'équipements, cela peut arriver bien avant les dates dites de "garantie" d'usages...
Toutefois, des équipements dits "garantis" 20, 30 ou 40 ans peuvent durer bien plus longtemps dans beaucoup de domaines aussi (Cf voiture...).
La course à la plus grande éolienne, ainsi que la course à la plus grande part de marché n'est pas sans risques qualités... Si le parc offshore de Saint-Nazaire utilise des éoliennes General-Electric, la plupart des suivants en France seront faits avec des Siemens-Gamesa... Espérons qu'elles n'auront pas les mêmes problèmes. Deux décennies en arrière, les problèmes de rendement des turbines à gaz avaient coûté très cher à Alstom. Au tour de Siemens ? Là aussi, espérons que non, sinon les objectifs ENR européen pourraient sérieusement en pâtir. :-(
De mémoire, les turbines à gaz Alstom n'étaient pas issues du rachat de la branche du suisse ABB ? Le défaut était déjà présent avant le rachat, et Alstom l'a découvert après le rachat.
Ce problème de roulement semble un problème récurrent chez Siemens. Il me semble que c'était également un problème de roulement de la turbine vapeur Siemens qui a conduit à arrêter l'EPR finlandais pendant plusieurs mois.
Malheureusement pour Siemens, c est la dure loi d un marche tres competitif. Certains seront elimines, mais ça ne change rien a l evolution globale de l eolien offshore. Par exemple ,ce n est pas parce que Renault va mal, qu on va s arreter de produire des voitures !!!!
Il serait peut-être bien par ailleurs que Renault (ou Stellantis) se mette (aussi) à faire des vélos...
L'exemple de la production des voitures est judicieux... par certains aspects, un petit peu moins par d'autres...