La tour Essentiel, dans le quartier Confluence à Lyon sera dépourvue de chauffage, climatisation et ventilation mécanique / Image : Nexity, montage : RE.
Alors que le changement climatique et la conservation des ressources sont au cœur des préoccupations, l’importance de l’efficacité énergétique dans la construction ne peut être sous-estimée. C’est dans ce contexte que l’agence d’architecture Baumschlager Eberle a introduit un concept d’immeuble appelé « 2226 » et qui défie les normes traditionnelles de la construction. Sans recourir au chauffage, à la ventilation mécanique, et à la climatisation, le bâtiment maintient une température intérieure confortable entre 22 et 26 degrés Celsius tout au long de l’année. Si plusieurs exemplaires de ce bâtiment existent déjà dans le monde, la France aura le sien d’ici quelques années.
Alors que le concept de la maison passive est déjà bien établi en France, le modèle 2226 prépare son entrée avec son premier projet à Lyon, baptisé « Essentiel », qui s’élevera dans le quartier Confluence. Ce sera donc le premier immeuble sans climatisation, chauffage ni ventilation mécanique dans le pays. Il est prévu pour 2025 et proposerait 23 logements distincts, allant de 2 à 5 pièces, et comprendrait également une surface commerciale de 238 m².
Cette prouesse architecturale a déjà fait ses preuves en Autriche et en Suisse. En plus de sa conception bioclimatique, son efficacité est largement attribuable à trois éléments clés : la forte inertie thermique de la structure, une isolation méticuleuse et un système de ventilation naturelle assistée par un logiciel. Ensemble, ces caractéristiques créent un exemple d’efficacité énergétique qui pourrait bien redéfinir l’avenir de la construction écologique.
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L’inertie thermique, en tant que caractéristique essentielle d’un bâtiment, joue un rôle vital dans le maintien d’un environnement intérieur confortable. Elle se réfère à la capacité des parois à stocker la chaleur, atténuant ainsi les fluctuations de température à l’intérieur du bâtiment face aux variations climatiques à l’extérieur. Plus les parois sont épaisses et composées de matériaux denses, plus l’inertie thermique augmente. Les concepteurs du bâtiment 2226 ont habilement misé sur cette propriété en choisissant des matériaux avec soin.
Pour les murs, la brique en terre cuite s’est imposée comme un choix idéal. Avec une densité élevée, souvent située entre 1 600 et 2 000 kg/m³, elle possède une excellente capacité de stockage de chaleur. La haute capacité calorifique de ce matériau signifie qu’il peut absorber et conserver une grande quantité de chaleur, contribuant ainsi à la régulation thermique du bâtiment.
Le choix du béton pour le plancher a également été motivé par ses propriétés thermiques. Ce matériau dense est capable d’absorber et de retenir une grande quantité de chaleur, agissant comme un réservoir thermique qui libère de la chaleur quand cela est nécessaire.
Pour l’isolation, les concepteurs ont choisi de l’isolant en fibre de bois, un matériau biosourcé qui se distingue par sa faible conductivité thermique, ralentissant ainsi le passage de la chaleur. Les ouvertures avec triple vitrage et la réduction des ponts thermiques, notamment en enfonçant les menuiseries dans les murs, renforcent encore cette isolation.
Le résultat est un bâtiment composé de parois d’une épaisseur impressionnante de 76 cm, combinant 38 cm d’isolant et 38 cm de mur. Cette construction robuste contribue à créer un environnement intérieur où la température demeure stable et confortable, indépendamment des changements climatiques extérieurs.
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Mais alors, comment la maison parvient-elle concrètement à maintenir une température ambiante de 22 à 26 °C ? L’été, la forte montée en température de l’air extérieure au cours de la journée pourrait facilement rendre l’intérieur inconfortable. Cependant, dotées d’une forte inertie thermique, les parois agissent comme un bouclier thermique en retenant la chaleur. Lorsque celle-ci commence à être libérée et que la température intérieure augmente, un système de ventilation naturelle assistée par logiciel s’active.
Équipée de capteurs intelligents, la technologie gère automatiquement les volets de ventilation. Ces ouvrants automatisés régulent la ventilation naturelle et permettent d’évacuer la chaleur emmagasinée, assurant ainsi la fraîcheur dans chaque pièce. En plus de contrôler la température intérieure, la myriade de capteurs contrôle également le taux de CO2 et l’hygrométrie pour assurer une bonne qualité d’air.
Durant l’hiver, les parois épaisses du bâtiment absorbent une quantité significative de chaleur provenant de l’environnement intérieur, notamment des activités des occupants et des appareils électroniques. Cette chaleur emmagasinée est ensuite restituée progressivement, contribuant au confort des occupants. Les grandes ouvertures, conçues pour maximiser l’apport solaire, contribuent également à l’apport de chaleur.
Ce concept ingénieux, déjà éprouvé dans certains pays d’Europe, se serait avéré remarquablement efficace d’après les données recueillies. Les concepteurs ont pu constater que le système maintenait une température minimale de 22° en hiver et une température maximale de 26° en été. Le bâtiment 2226 démontre ainsi comment l’innovation dans le choix des matériaux et la technologie de ventilation peuvent fonctionner en synergie pour créer un environnement intérieur confortable et écoénergétique, indépendamment des saisons.
Commentaires
22°C, c'est beaucoup trop chaud pour moi.
Au-dessus de 17°C-19°C dans les chambres, on dort mal, et 20°C est tout à fait confortable dans le reste du logement.
L'été, OK pour 22-26°C parce qu'une trop grande différence de température avec l'extérieur serait désagréable, mais sinon je n'achèterai pas un logement aussi chaud en permanence (d'ailleurs j'ai récemment renoncé à acheter un appartement qui me plaisait pourtant, parce que la température minimum était de 21.5°C)
Je suppose que 22 degrés l'hiver est la température possible mais non obligatoire, augmenter l'aération doit permettre une température plus basse,....
Peut-être suffit-il d'entre-ouvrir un peu la fenêtre ? Étant donné qu'on n'utilise aucune énergie, ça ne serait pas, à proprement parler, du gaspillage.