Presque entièrement dépendante des imports chinois, la France rêve de fabriquer massivement ses propres panneaux solaires. S’il existe déjà quelques usines dans l’hexagone, aucune n’est assez grande pour satisfaire la transition énergétique. Un gigantesque complexe photovoltaïque imaginé par Carbon près de Marseille pourrait répondre à une grande partie de la demande avant la fin de la décennie.
La France aura sa « gigafactory » de panneaux solaires et elle se situera à Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône, nous apprend le quotidien local La Provence. Le projet est porté par Carbon, une société lyonnaise, dont l’ambition est d’implanter plusieurs grandes usines de production de wafers (tranches de silicium), cellules et modules photovoltaïques en France et en Europe.
Son premier complexe sera donc situé à proximité immédiate des bassins ouest du port de Marseille, une zone stratégique pour la réception et l’export de matériaux. Car l’usine ne se contentera pas d’assembler des panneaux solaires, elle en fabriquera à partir de polysilicum brut d’origine européenne et bas-carbone, promet l’entreprise. La matière sera transformée en wafers, ces tranches extrêmement fines de silicium (160 micromètres) qui forment la base d’une cellule photovoltaïque. Des cellules de technologie TOPCon et IBC à haut rendement qui seront également fabriquées sur place, tout comme les modules prêts à être commercialisés.
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Le complexe doit être lancé en 2025, une échéance qui semble extrêmement courte pour un si grand projet. « C’est possible si tous poussent en ce sens, même si le planning est tendu et qu’il ne faut prendre aucun retard » tente de rassurer Richard Loyen, le délégué général du syndicat des professionnels du solaire Enerplan. Employant 3 000 personnes au départ, l’usine produira 5 GW de panneaux photovoltaïques chaque année pour un chiffre d’affaires de 1,2 milliard d’euros attendu dès 2026.
Le site atteindra un rythme de croisière de 20 GW/an pour 10 000 employés en 2030. Un volume considérable, à comparer aux 2,6 GW de puissance photovoltaïque mise en service en France durant l’année 2022 et 15,7 GW de puissance solaire installée actuellement. Logiquement, la gigafactory Carbon de Fos-sur-Mer pourra donc exporter une partie de sa production vers nos voisins européens.
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Si l’emplacement exact au sein de la zone industrielle n’est toujours pas déterminé, l’entreprise annonce occuper une surface de 60 hectares dont 35 ha de bâtiments, sur des terrains aujourd’hui propriété du Grand port maritime de Marseille. Une petite partie des 240 MW de puissance électrique nécessaire au site sera assurée par des centrales solaires déployées sur les vastes toitures.
Le complexe consommera une quantité d’eau phénoménale estimée à 3 millions de m3, selon Pierre-Emmanuel Martin, le patron de Carbon, qui ne précise pas d’unité de temps ni de détails sur l’origine de cette consommation. Pour mieux saisir, 3 millions de m3 équivaut à un peu plus d’un tiers de la capacité du lac artificiel de Carcès (Var).
L’investissement est estimé à 1,5 milliard d’euros, provenant d’un « alliage de fonds propres, de soutiens publics et de financement bancaire » d’après le dirigeant. Une première campagne de financement de 120 millions d’euros est en cours et se terminera à l’été 2023.
Bonjour,
Moi aussi, j’ai du mal à comprendre. Ce n’est plus écologique.
Quand vous écrivez<< Le complexe consommera une quantité d’eau phénoménale estimée à 3 millions de m3. 3 millions de m3 équivaut à un peu plus d’un tiers de la capacité du lac artificiel de Carcès (Var) >>.
Cette eau consommée que devient-elle ?
N’y a t’il pas d’alternatives ?
Merci pour vos explications.
Stephane
J’attends les recours juridiques, les manifestations et les blocages de chantier de la part des associations ecologistes et des riverains, qui vont finir par avoir la peau de ce projet (comme celle de plus des deux tiers des projets de construction ou d’extension de zones d’activité et d’usines en France). On finira probablement par faire comme on a toujours fait : faire fabriquer en Chine et importer, en payant avec de la dette.
En considérant qu’on est en hiver déjà en sécheresse et que si mars ne voit pas d’eau alors 2023 va être catastrophique leur projet ne pourra pas se faire.
Un projet similaire a été autorisé en 2021 en Moselle dans une région où la tension en eau est nettement moindre que dans le sud. Belle annonce qui n’engage que ceux qui y croient et les finances des collectivités et de l’Etat car 2 ans après, toujours pas la moindre pierre pour la construction de cette giga usine.
Le projet se fait. Mais aux Etats Unis (qui ont mis plus d’argent et d’appui sur la table)
Bjr
Effectivement 3 milliards de m3
C’est 3 x 1cube de 1 km de côté.
Dessalement d’eau de mer ?
Détournement de la durance ou du Rhône ?
Il faudra surveiller la consommation énergétique de l’usine en MWh par an
Du boulot pour Hugo…
La nécessité d’autant d’eau peu nous faire comprendre ceci. Il ne sera pas possible de consommer autant d’énergie dans le futur qu’aujourd’hui, meme en substituant toutes les énergies fossiles en renouvelable….
Bel investissement qui nécessitera probablement d’aller pomper l’eau dans le Rhône pour fonctionner.
Le choix de Fos sur mer peut se discuter en raison de la montée annoncée des eaux de la Méditerranée liée au réchauffement climatique. Il me semble qu’il vaudrait mieux désinvestir dans ce genre de zone menacée.