On savait le projet de nouveau barrage du Rhône sur la sellette, mais pas pour les bonnes raisons ! Si l’impact environnemental du projet Rhonergia était vivement critiqué, c’est finalement sa proximité avec la centrale nucléaire de Bugey qui a finalement scellé son abandon.

Il n’y aura finalement pas de barrage entre Saint-Romaine-de-Jalionas et Loyettes, à la frontière de l’Isère et de l’Ain. Le projet Rhonergia, dont l’avant-projet sommaire avait été soumis aux services de l’État en avril 2024, vient en effet d’être abandonné. Ce barrage devait pourtant permettre la production de près de 140 GWh d’électricité verte par an, moyennant une usine de production de 37 MW et retenue de 20 millions de mètres cubes.

Ce projet, dont la genèse remonte aux années 1930, faisait l’objet de vives contestations de la part de mouvements écologistes. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il avait été abandonné une première fois dans les années 80. La principale raison de ces oppositions résidait dans le fait que le barrage était censé voir le jour sur le dernier tronçon sauvage du Rhône. Si Olivier Le Berre, directeur du programme, se voulait rassurant en évoquant un projet compact et des mesures de protection de la biodiversité, comme une rivière artificielle dédiée aux poissons, les opposants craignaient surtout une atteinte irréversible de l’environnement local. Contre toute attente, ce n’est pourtant pas ce conflit qui aura eu raison du projet, mais un autre facteur : sa proximité avec la centrale nucléaire du Bugey.

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Priorité aux EPR2 de la centrale du Bugey

La Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) a ainsi évoqué que « des risques techniques sur le projet de l’EPR2 de Bugey, qui auraient pu conduire à une augmentation des coûts et un retard de calendrier pour ce projet, et des enjeux potentiels sur la sûreté de l’exploitation de la centrale nucléaire de production électrique restante ». En d’autres termes, l’État a préféré prioriser le projet des deux futurs EPR2 dont la mise en service est prévue pour 2042. Et pour cause, face aux 3 340 MWe des deux futurs réacteurs, les 37 MW du barrage ne font pas le poids. D’ailleurs, si tout se passe comme prévu, les deux futurs réacteurs pourraient flirter avec une production annuelle deux fois supérieure à l’ensemble des 19 barrages présents sur le Rhône français. Selon la Compagnie Nationale du Rhône, ces barrages produisent annuellement environ 14 TWh.