Après quatre années et demie de recherches, une équipe de 14 scientifiques encadrés par l’université de Lappeenranta (LUT) en Finlande et l’Energy Watch Group ont démontré que d’ici 2050, l’humanité pouvait se passer totalement des énergies fossiles et du nucléaire pour son approvisionnement en énergie. La transition vers 100 % d’énergie renouvelable n’est pas seulement possible techniquement, elle sera aussi « économiquement compétitive ».
Nous vous avions déjà rapporté les conclusions d‘une recherche menée par une équipe d’experts de l’université Stanford[1] aux USA. Ils ont démontré qu’une transition vers 100 % d’énergie renouvelable en 2050 est tout à fait possible dans la plupart des pays de la planète. D’autres études scientifiques viennent régulièrement confirmer ce diagnostic.
Et pourtant des opinions prétendant l’inverse continuent à s’exprimer dans les médias et sur les réseaux sociaux : dans la transition vers un système énergétique mondial neutre en CO2, l’intermittence des énergies renouvelables rendrait inéluctable le recours au nucléaire. Un dogme qui, sauf erreur, n’a jamais été démontré et encore moins validé par une recherche scientifique sérieuse.
Dirigée par le Dr Christian Breyer de l’université de Lappeenranta (LUT) en Finlande, une équipe de 14 scientifiques parmi les plus renommés au monde dans le domaine de la transition énergétique a mené sur une période de quatre ans et demi une nouvelle recherche au cours de laquelle ils ont collecté et analysé une masse considérable de données. Leur conclusion confirme qu’un système composé à 100% d’énergies renouvelables est effectivement possible à l’horizon 2050 dans les secteurs de l’électricité, du chauffage, des transports et du dessalement de l’eau, « pour un coût inférieur au système actuel utilisant des combustibles fossiles et du nucléaire ».
Le solaire et les éoliennes apparaissent comme les nouveaux atouts du futur système énergétique mondial. Les installations photovoltaïques seront la source d’approvisionnement en électricité la plus importante : elles fourniront environ 69% des consommations d’énergie de l’humanité d’ici 2050. L’énergie éolienne interviendra pour environ 18% des besoins, les énergies de la biomasse 5% et l’hydroélectricité 3%. Cela se traduira par une capacité installée dans le monde d’environ 63.400 gigawatts de solaire photovoltaïque et de 8.000 gigawatts d’énergie éolienne. Selon les chercheurs, environ 85 % des consommations en énergie seront fournies en 2050 par les productions locales et régionales décentralisées.
Des résultats conformes aux prévisions de l’Agence internationale de l’énergie : dans un rapport récent, l’AIE, prédit en effet un boom du solaire dans les cinq prochaines années. Les installations décentralisées posées par les particuliers, les entreprises et les commerces devraient notamment connaître une forte croissance. D’ici 2024, elles représenteront 6 % des surfaces de toiture disponibles dans le monde.
Besoins en chaleur
Basés sur 85% de combustibles fossiles en 2015, les approvisionnements en chaleur seront couverts à 100% par les énergies renouvelables en 2050. Les pompes à chaleur auront une place importante : elles fourniront environ 44% des besoins, suivies du chauffage électrique direct à raison de 26%. La biomasse (essentiellement le bois) représentera 12% du mix, de même que le gaz produit par des sources d’énergie renouvelable.
Stockage d’énergie
Pour contrer les arguments selon lesquels l’intermittence de certaines sources d’énergie renouvelable ne permettrait pas à nos sociétés de recourir uniquement aux énergies vertes, les scientifiques expliquent que le stockage de l’énergie jouera un rôle essentiel dans la transition. Il s’agira d’une combinaison des technologies de stockage de l’électricité et de la chaleur. En 2050, celles-ci couvriront environ 23% de la demande d’électricité et environ 26% de la demande de chaleur.
Faisabilité technique et compétitivité économique
Ce système énergétique reposera sur une « électrification complète dans tous les secteurs de l’énergie« , précisent les auteurs de la recherche. « Une transition vers des énergies 100% propres et renouvelables est hautement réaliste, même aujourd’hui, avec les technologies disponibles » a déclaré le Dr Christian Breyer. Commentant les conclusions de l’étude, Claudia Kemfert, directrice du Département de l’énergie, des transports et de l’environnement à l’Institut allemand de recherche économique (DIW), souligne quant à elle la viabilité économique des énergies renouvelables : « Ce travail démontre de manière impressionnante que le passage aux énergies renouvelables n’est pas seulement réalisable techniquement, mais aussi avantageuse en termes économiques ».
« Les résultats de l’étude prouvent que tous les pays peuvent et doivent accélérer les objectifs actuels de l’Accord de Paris sur le climat » constate le Dr Christian Breyer. « La transition énergétique n’est pas une question de faisabilité technique ou de viabilité économique, mais relève d’une volonté politique », ajoute Hans-Josef Fell, président de l’Energy Watch Group en guise de conclusion. Il enjoint dès lors tous les gouvernements à prendre connaissance des recommandations nées de ce rapport et de les appliquer sans délai.
- L’étude de l’université LUT et de l’Energy Watch Group (résumé en français)
- La nouvelle étude de l’AIE sur les énergies renouvelables
[1] L’université Stanford située au cœur de la Silicon Valey, en Californie est classée parmi les meilleures universités au monde, après le MIT mais avant Harvard. Elle compte plus de 20 prix Nobel parmi ses professeurs et ses chercheurs.
Commentaires
L'étude en question est en fait réalisée par l'"Energy Watch Group" qui est un think tank lié du parti politique des verts allemands. Autrement dit, la conclusion était déjà acquise avant la rédaction du rapport. Le résumé en français étant on ne peut plus superficiel, je me suis mis à la recherche du document en anglais. En fait on y trouve juste des analyses régionales pas plus fouillées que l'analyse globale en français.on n'y trouve, aucune estimation des matières premières et de l'énergie nécessaires à la mise en place des différentes sources d'énergie, et à la transformation des systèmes économiques, une prise en compte très succincte des moyens de réaliser une telle transformation dans une économie non planifiée, aucune discussion des contraintes politiques et géopolitiques, pas la moindre donnée précise, sur les performances des systèmes de stockage, ni d'analyse poussée de leur coût. On peut noter par ailleurs que dans un système qui dépend à plus de 85% de sources intermittentes et non pilotables, il est surprenant que la demande en énergie soit constituée de seulement 25% d'énergie stockée.Il est tout aussi étonnant que l'énergie finale consommée en 2050
Bref, on est très loin d'avoir une démonstration de la possibilité d'avoir 100% de renouvelable mais au mieux une esquisse de ce que que pourrait être un tel système.
Bonjour,
Un lien vers l'étude en question ?
Merci
thank you very nice website article
En effet, la question du "comment on stocke" est totalement zappée. C'est caractéristique de "chercheurs" qui n'ont aucune expérience industrielle et qui manipulent des concepts sans savoir ce qui est réalisable en pratique ou pas.
L'ADEME en France , nid d'antinucléaires avant tout, a déjà fait plusieurs études du même acabit en négligeant de tenir compte de certaines réalités physiques comme le rendement des systèmes (avec un ordinateur on peut programmer n'importe quoi) et en faisant l'impasse sur certaines démonstrations comme la capacité du modèle proposé de satisfaire à l'équilibre instantané du réseau, c'est à dire à la façon dont réagit ce modèle à une fluctuation du vent ou du soleil.
On constatera aussi dans le texte de l'article que les arguments avancés sont "flous".
Et comme disait Martine Aubry : quand c'est flou, y a un loup !
Et si les chercheurs qu'apparemment vous aimez bien prendre pour des neuneus ici, vous disent qu'il faut absolument faire du nucléaire et que c'est la seule solution, là y'a pas de problème vous les croirez sur parole je suppose ?
Les solutions de stockage existent, elles ne demandent qu'à être développées.
C'est assez consternant de voir à quel point ce fil de commentaire a été accaparé par des pro-nucleaires.
Ici c'est revolution-energetique.com , pas "on-continue-comme-avant.com". Que venez vous donc faire ici ? Croyez vous que l'industrie nucléaire soit si faible au point qu'elle ait besoin de votre prosélytisme pour espérer survivre ?
Ah oui peut être bien en fait...
Cet article est une publicité mensongère pour les ENR. L'auteur s'appui sur le seul argument de paille que c'est le fruit du "travail de 14 scientifiques pendant 4 ans et demi". Ceci n'est absolument pas un argument scientifique. On peut réunir 14 autres scientifiques et les faire travailler pendant 5 ans et aboutir à la conclusion inverse ou même que la terre est plate. Ce qui est complétement passé sous silence ici, c'est les hypothèses de départ et les conditions aux limites de l'étude. En émettant l'hypothèse que j'ai la force de soulever un immeuble à la seule force de mes bras, je peux vous démontrer scientifiquement ma capacité à réaliser des choses extraordinaires. Maintenant vous êtes tout à fait en droit de réfuter mon postulat de départ, ce qui fera s'effondrer toute ma démonstration. Et bien c'est exactement le cas de l'étude de l'université LUT. Investir massivement dans l'éolien et le PV est une immense connerie économique (filière très subventionnée) et écologique (aggravation des émissions de GES du à la consommation d'énergie fossile par les processus de fabrication, transport, installation et maintenance des installations éoliennes ou PV, consommation accrue de métaux et de terres rares.) Alors que l'urgence du réchauffement climatique nous appelle à la sobriété et à une meilleure utilisation des capacités dont nous disposons déjà. Il serait par exemple plus avisé de diriger en priorité les budgets vers l'isolation massive et systématique des bâtiments anciens et l'équipement des foyers en pompes à chaleur.
Sur le même sujet, je vous conseille de lire le rapport de l'ADEME "Trajectoires d'évolution du mix électrique 2020-2060" dont il faut saluer l'honnêteté intellectuelle. Les données, les hypothèses et les limites sont clairement explicitées dans leur publication.