Le projet hydrolien du raz Blanchard est relancé
Situé entre le cap de La Hague, à la pointe du Cotentin (Normandie) et l’île anglo-normande d’Aurigny, le raz[1] Blanchard est un des plus puissants courants marins du monde. L’endroit idéal pour immerger des hydroliennes et exploiter l’énergie des marées. Une filiale d’EDF y disposait d’une concession, mais elle a abandonné son projet et l’a revendu à un consortium constitué d’HydroQuest, un fabricant d’hydroliennes, et Qair marines, un énergéticien indépendant spécialisé dans l’électricité verte. Du coup l’espoir d’une mise en service prochaine de la première ferme d’hydroliennes au large des côtes françaises renaît.
HydroQuest est l’un des rares fabricants français d’hydroliennes. Filiale des Constructions Mécaniques de Normandie (CMN), l’entreprise teste depuis 2019 sur le site d’essai d’hydroliennes géré par EDF au large de l’île de Bréhat, un prototype d’hydrolienne à axe vertical de 1 MW baptisé OceanQuest.
Les résultats semblent concluants puisque le fabricant annonce maintenant la construction d’une machine à double axe vertical, basée sur le même concept, mais dont la puissance sera portée à 2,5 MW. Cela en fera l’hydrolienne la plus puissante du monde, le record étant actuellement détenu par celle de 2 MW de la startup écossaise Orbital Marine Power.
HydroQuest compte immerger 7 de ces nouvelles turbines dans le raz Blanchard, l’un des courants marins les plus puissants du monde, entre le cap de La Hague, à la pointe du Cotentin, et l’île anglo-normande d’Aurigny. Pour ce projet de 17,5 MW, HydroQuest s’est allié au groupe Qair, un producteur d’énergie renouvelable actif dans une douzaine de pays sur 3 continents.
Rachat de la concession d’EDF dans le raz Blanchard
Deux entreprises françaises, EDF et Engie disposaient de concessions dans le raz Blanchard, mais elles ont toutes les 2 jeté l’éponge, lâchées par leur partenaire respectif chargé de fabriquer les hydroliennes : Naval Group pour EDF et GE pour Engie. Ces deux constructeurs ont en effet annoncé l’arrêt de leurs investissements dans cette technologie.
Si la concession d’Engie a été reprise par le groupe britannique Simec Atlantis Energy, celle d’EDF vient d’être rachetée par le consortium HydroQuest – Qair.
« Grâce à cette acquisition nous n’avons pas besoin de refaire les études d’impact. La concession était déjà prévue pour accueillir 6 hydroliennes, les modifications sont donc mineures. Il reste seulement les procédures administratives » précisent les deux partenaires. La réalisation du parc est toutefois conditionnée au soutien public. Des démarches ont déjà été entreprises auprès de l’Ademe dans le cadre du Programme d’Investissement d’Avenir (PIA).
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« Si tout va bien », explique Hydroquest, « la fabrication des premières hydroliennes démarrera à Cherbourg en 2023, au sein des ateliers de CMN ». Les 7 turbines envisagées pèseront chacune 350 tonnes. Elles seront lestées au fond de la mer sur une zone de 12 hectares. Leur entrée en service est prévue en 2025. Grâce au fort courant du raz Blanchard, la ferme sous-marine de 17,5 MW devrait produire chaque année, pendant au moins 20 ans, jusqu’à 41 GWh d’électricité, ce qui correspond à la consommation d’un peu plus de 8 000 foyers.
Le raccordement électrique se fera au fond de la baie d’Écalgrain, avec un point d’atterrage situé près du parking de la plage. « Cela sera assez discret : en dehors du local de raccordement, toutes les connexions électriques seront souterraines et rejoindront le poste électrique de Bacchus. Il n’y aura pas de pylônes aériens », assure Olivier Guiraud, directeur général de Qair Marines.
Les perspectives de l’énergie hydrolienne au large des côtes de l’Hexagone restent limitées. Les acteurs de la filière espèrent pouvoir atteindre une puissance de 37 MW sur l’ensemble du territoire national, soit plus du tiers de l’objectif de 100 MW que s’est fixé l’Europe en 2025.
Alors qu’en Grande-Bretagne, les appels d’offre en cours portent déjà sur 124 MW, en France, la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) n’en prévoit aucun sur la première période (2021-2024). Qair et les autres acteurs du secteur revendiquent déjà une place pour cette technologie sur la période 2025-2028. « La baisse des coûts observée dans l’éolien et le photovoltaïque pourra aussi se produire dans l’hydrolien à condition d’engager des volumes suffisants d’appels d’offres », estime Olivier Guiraud, qui espère que la filière pourra descendre sous les 50 €/MWh après l’installation du premier gigawatt.
[1] Un raz en français (cf. raz-de-marée) est un terme issu du normand qui désigne un courant marin rapide.
Commentaires
Bonne nouvelle, mais je suis étonnée : le rendement des 7 turbines projetées ne serait que de 27% ? (production de 41 GWh pour une puissance de 17,5 MW)
Une question qui peut paraître idiote, n y a t il pas un risque de modification en ralentissant ce courant, ou bien est ce que c 'est "pouillème"
C'est pouillème. Le jour où des hydroliennes parsèmeront densément tous les couloirs à courant, là ce ne sera plus pouillème.
Et la question n'est pas du tout idiote (la réponse oui peut-être!). On peut se poser la même question pour les éoliennes qui freinent l'écoulement des masses d'air donc pourraient avoir une influence sur la météo et donc le climat. Mais on sait pas trop quelle influence!
Il n'y a pas de crise de l'énergie, tout simplement parce que il y en a partout et à tout moment !