Sélectionnée parmi plus de 1000 candidatures, la jeune entreprise parisienne NetZero vient d’empocher l’une des quinze bourses d’un million de dollars octroyée par la fondation Elon Musk dans le cadre d’un concours consacrés aux projets de capture du CO2. Elle a développé un procédé de production de biochar, un amendement du sol, à base de carbone, issu de la pyrolyse de déchets agricoles.
Comme l’a souligné le GIEC dans son dernier rapport, la réduction des émissions de CO2 ne suffira plus à limiter durablement le réchauffement climatique. Des solutions de capture du carbone atmosphérique doivent aussi être mises en œuvre.
Le but de la compétition lancée par la fondation Elon Musk est de sélectionner et d’aider financièrement les startups qui développent des procédés innovants et prometteurs dans ce domaine. Elle vient de désigner 15 lauréats, parmi lesquelles figure la startup française NetZero, qui ont reçu chacun une enveloppe d’un million de dollars à titre d’encouragement. Et en 2025, les 3 solutions les plus prometteuses pourront encore se partager une bourse de 100 millions.
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Le biochar est utilisé par les cultivateurs pour améliorer la qualité des sols, et donc leur productivité ; mais il peut aussi contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique comme solution de séquestration à long terme de carbone atmosphérique dans les sols.
La production de biochar est obtenue à partir de matières organiques par un procédé appelé pyrolyse. Il s’agit d’une réaction thermochimique au cours de laquelle cette matière est chauffée à haute température, en l’absence d’oxygène. Notons que la chaleur issue du processus peut aussi être valorisée en produisant par exemple de l’électricité.
NetZero utilise des résidus agricoles produits dans les régions tropicales, comme des cosses et coques de café et de cacao, des écorces de noix de coco, des coquilles d’arachides ou de noix de cajou, des rafles de palmiers, etc. D’habitude, ces déchets sont soit brûlés, soit mis en décharge où ils pourrissent en rejetant du CO2 dans l’air.
Le principal composant chimique du biochar est le carbone. Il a été initialement capturé par les plantes dans l’atmosphère lors de la photosythèse. Lors du processus de pyrolyse, il en est extrait sous la forme d’une matière pulvérulente, noire et solide. S’il est enfui dans les sols, ce carbone sera stabilisé en y restant emprisonné pendant des centaines d’années. Comme on le comprend, la production de biochar est une solution peu coûteuse, mais aussi utile, d’élimination du carbone à long terme.
Selon le GIEC les solutions de production de biochar, si elles étaient déployées à l’échelle mondiale, pourraient extraire de l’atmosphère jusqu’à 2 milliards de tonnes de CO2 chaque année.
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NetZero compte actuellement une poignée de salariés. Elle a été cofondée par Aimé Njiakin, un entrepreneur camerounais actif notamment dans la production de café, le Français Axel Reinaud, un ancien du Boston Consulting Group, ainsi que le paléoclimatologue Jean Jouzel, figure emblématique de la lutte contre le changement climatique.
Le projet de la startup consiste à déployer à grande échelle la production de biochar dans les régions tropicales. Son modèle économique s’appuie notamment sur la vente de crédits carbone aux grandes entreprises.
Lors de la COP26 qui s’est tenue à Glasgow en novembre 2021, NetZero a annoncé le lancement d’une première unité à Nkongsamba au Cameroun. L’emplacement voisine avec une usine de transformation du café possédée par Aimé Njiakin. « Avec ses 10 000 tonnes de capacité annuelle de traitement, cette petite usine de 500 m² garde la bonne taille pour collecter dans un territoire proche les déchets agricoles et pour restituer l’amendement aux agriculteurs qui auront fourni la matière première”, explique Axel Reinaud.
La jeune entreprise s’apprête à ouvrir « très prochainement » une nouvelle usine au Brésil, indique-t-elle dans un communiqué.
Si j’ai bien compris, ce sont les végétaux qui capturent le CO2 et ensuite le procédé fixe ce carbone de façon stable dans le biochar. C’est ça?
Oui, c’est ça ! On chauffe de la biomasse sans oxygène, on obtient une sorte de charbon de bois et un gaz de synthèse (CH4, H2, CO, CO2). Le gaz de synthèse est utilisé pour chauffer la biomasse, et peut être aussi pour d’autres usages, le charcoal est épandu comme amendement.
J’ai quand même des doutes sur l’enrichissement des sols au charbon. Ça me paraît plutôt une pollution supplémentaire. En outre le système revient à imiber du co2 à long terme par décomposition et à en produire à court terme en chauffant, en générant des crédits de carbone immédiats afin que les industriels puissent en produire plus ailleurs. C’est donc le contraire de ce qu’il faudrait faire. Mais si o gagne de l’argent…