La géothermie est peut-être enfin en passe d’être considérée à sa juste valeur. Cette énergie renouvelable, dont le potentiel est important en Europe, a été listée comme l’une des priorités dans le développement des énergies renouvelables par la Commission Européenne. 

Les ministres de l’énergie de l’Union Européenne se sont (enfin) penchés sur la question de la géothermie lors d’une réunion informelle qui s’est tenue les 15 et 16 juillet à Budapest. Le sujet était, en effet, en tête de l’ordre du jour. Et pour cause, en janvier dernier, la Commission Européenne a adopté une résolution appelant l’UE à accélérer les efforts en vue de l’utilisation de la géothermie. Celle-ci est, en effet, une source d’énergie renouvelable largement disponible, en particulier dans l’Europe de l’ouest. Pourtant, en 2022, en Europe, elle ne représentait que 0,5% du marché global de l’électricité renouvelable, 0,2% de l’électricité totale, et 2,8% de l’énergie primaire.

Dans un contexte de recherche d’énergie renouvelable fiable, stable et bon marché, la géothermie se présente comme une solution idéale. D’ailleurs, selon Martin Arndt, coordinateur d’un projet financé par l’UE pour faciliter l’utilisation de l’énergie géothermique, le continuent possède un potentiel important, que ce soit sous Paris, en Allemagne du Nord, en Belgique ou encore aux Pays-Bas. La géothermie possède de nombreux avantages : son prix reste stable, elle permet de produire de la chaleur, de l’électricité ou les deux. Enfin, elle peut être déployée presque n’importe où, même en site isolé.

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Les projets de géothermie se multiplient enfin

En Europe, les projets de géothermie sont de plus en plus nombreux, comme dans la ville d’Aarhus, au Danemark. Là-bas, près de 36 000 foyers sont alimentés grâce à la géothermie, ce qui représente près de 20% des habitations de la ville. En France, c’est l’Élysée qui vient d’être équipé d’un système de géothermie permettant de réduire de 80% les émissions de CO2 liées au chauffage et à la climatisation du palais présidentiel. Pour y parvenir, des forages de 64 mètres de profondeur ont été réalisés, afin de prélever de l’eau souterraine dont la température reste à 16°C toute l’année. L’installation affiche un remarquable coefficient de performance situé entre 4 et 5. En d’autres termes, elle permet d’obtenir 4 à 5 kWh de chauffage grâce à seulement 1 kWh d’électricité.

À plus grande échelle, des installations géothermiques voient actuellement le jour en Alsace, afin d’exploiter les saumures géothermales du sous-sol. Plusieurs entreprises travaillent à exploiter ces eaux souterrains afin de chauffer bâtiments et habitations environnantes, tout en récupérant un précieux métal présent dans ces saumures : du lithium.

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La géothermie, un terme qui désigne plusieurs types d’installations

Derrière le nom géothermie se cache, en réalité, plusieurs types d’installations différentes. D’abord, on retrouve la sonde géothermale. Associée à une pompe à chaleur, elle permet de récupérer les calories présentes dans le sol, à une profondeur inférieure à 200 mètres, et une température n’excédant pas 20°C. Cette technique est très répandue, en particulier pour le chauffage des logements individuels, car elle est moins coûteuse que les autres techniques, et plus facile à mettre en place.

À faible profondeur, on retrouve également les « doublets géothermiques ». Cette technique est employée lorsqu’un aquifère est présent dans le sous-sol. L’aquifère est une roche qui permet à l’eau de circuler librement. Dans ce cas de figure, il y a un forage de production, et un forage d’injection. L’eau chaude souterraine est pompée, puis exploitée dans le cadre d’un système de chauffage, avant d’être réinjectée dans le sol. Sur ce type d’installation, les forages peuvent atteindre 1,5 à 2 kilomètres de profondeur, et la température de l’eau peut atteindre 85°C. C’est cette technique qui est employée à l’Élysée.

Enfin, il existe la géothermie de moyenne et haute énergie, dont la température dépasse souvent les 90°C. Grâce à des températures plus élevées, cette solution permet également de produire de l’électricité, mais est plus difficile à mettre en œuvre.