Nucléaire : stop ou encore. Par Antoine de Ravignan.
Nulle part ailleurs qu’en France, le débat sur le nucléaire n’est aussi clivant. On est pour ou on est contre, radicalement. Dans son livre Nucléaire stop ou encore ? le journaliste d’Alternatives Economiques, Antoine de Ravignan, fait, en 6 chapitres, un tour complet du sujet, bourré de références et d’informations.
De fait, l’éventail des choix est ouvert. Notre parc de 56 réacteurs vieillit, inexorablement, et ne pourra être prolongé indéfiniment. Après plusieurs accidents majeurs, les contraintes de sécurité des réacteurs ont été renforcées, et les prix de leur construction s’envolent. A l’inverse, le coût des énergies renouvelables s’est effondré, et devrait continuer de baisser.
Pour qui veut s’informer, pour qui ne serait « ni pour ni contre, bien au contraire » mais entend comprendre les enjeux, les options sont peu nombreuses : passer des jours et des nuits à surfer sur les sites des uns et des autres et s’efforcer de démêler le vrai du faux ; lire les 855 pages du rapport de RTE « Futurs énergétiques 2050 », et se reporter en sus à quelques analyses critiques ; ou se procurer le livre d’Antoine de Ravignan, Nucléaire stop ou encore ? édité par Les Petits Matins.
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La renaissance du nucléaire que d’aucuns croient voir ? Elle est introuvable, et si le GIEC et l’AIE lui voient jouer un rôle dans la réduction des gaz à effet de serre, ce rôle est sans commune mesure avec celui des énergies renouvelables, qui se développent bien plus rapidement, partout dans le monde, que le nucléaire.
L’EPR de Flamanville, premier réacteur en construction, accumule les retards et les difficultés : il sera mis en route, au mieux, avec plus de dix ans de retard, et un coût total de 20 milliards d’euros au lieu des 3,5 milliards prévus. Voilà qui plombe EDF bien davantage que l’obligation qui lui est faite depuis 2010 de vendre à prix fixe une partie de l’électricité de ses réacteurs à la concurrence. Et ses perspectives d’exportations sont maigres.
Les petits réacteurs modulaires, les surgénérateurs ou la fusion nucléaire n’échappent pas au scalpel analytique de Ravignan, qui montre que ce qu’on appelle « le nucléaire du futur consiste en réalité en des projets conçus dans un passé déjà lointain et conservés dans un présent dont les paramètres ont fondamentalement changé », notamment du fait de la révolution éolienne et solaire.
La prolongation des réacteurs actuels n’est pas donnée d’avance
Le risque nucléaire ne disparaît pas avec le neuf, malgré toute la confiance qu’on peut porter à l’Autorité de Sûreté Nucléaire. La prolongation des réacteurs actuels jusqu’à 50 voire 60 ans de fonctionnement, pour souhaitable qu’elle soit, n’est pas donnée d’avance. On le voit avec le grand nombre de réacteurs arrêtés aujourd’hui.
Les « nécessités » du retraitement du combustible et de l’enfouissement profond des déchets nucléaires sont discutées à la lumière de ce qui se fait ailleurs. Enfin, économies d’énergie et, surtout, énergies éoliennes et solaires présentent des perspectives réalistes. Les accusations portées contre elles, souvent au nom de l’écologie, sont mises en pièce méthodiquement.
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Et pourtant, Antoine de Ravignan évite (presque) toutes les facilités de l’argumentaire partisan. Sa critique des critiques portées à l’encontre de l’étude Futurs énergétiques 2050 en témoigne : les antinucléaires lui ont reproché de n’avoir pas étudié en détail les conséquences d’un scénario de plus grande sobriété, comme si l’objectif inavoué de RTE avait été de préparer les esprits à une relance du nucléaire en montrant qu’un scénario avec du nucléaire neuf est plus économique. C’est, dit-il, accréditer l’idée qu’une décision aussi importante se fonde sur des écarts de coûts pas si considérables que ça. C’est aussi suggérer qu’on ne peut faire « aussi économique » qu’avec le nucléaire, ce qui reste à démontrer tant sont grandes les incertitudes sur son coût économique et les conditions de son financement. Enfin, la sobriété du côté de la consommation pourrait donner des marges de manœuvre pour une « réindustrialisation » plus profonde, éminemment souhaitable, ce qui revient peu ou prou à rester dans la « trajectoire de référence » de la consommation d’électricité proposée par RTE.
Tout au plus peut-on s’interroger sur sa critique – assez largement partagée j’en conviens – de l’inclusion du gaz dans la « taxonomie » européenne des énergies propres, présentée comme la nécessaire concession française à nos voisins qui souhaitaient en exclure totalement l’énergie nucléaire. C’est à mon sens ignorer d’une part les conditions concrètes, assez drastiques, de cette double inclusion, et d’autre part le fait que des centrales thermiques d’appoint resteront nécessaires ; le gaz fossile n’y sera pas rapidement remplacé par du biométhane ou de l’hydrogène vert, car il faudra pour cela disposer en Europe d’abondants excédents d’électricité bas-carbone, et nous en sommes encore loin.
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Le livre d’Antoine de Ravignan se veut avant tout un plaidoyer pour un débat public sur l’avenir du nucléaire, « qui doit être pensé en relation avec les autres composantes non seulement du système électrique, mais aussi du système énergétique dans sa globalité », et dont il détaille en conclusion les conditions. Le « en même temps » macronien – et la relance du nucléaire, et le développement des énergies renouvelables, malgré le recul sur l’éolien terrestre – « parait frappé au coin du bon sens, ce qui le rend séduisant pour beaucoup de Français ».
Pour autant, reprendre pour un siècle d’industrie nucléaire malgré les risques de toutes natures alors que des alternatives se développent dans le monde entier, est une question sérieuse qui mérite un débat approfondi. Antoine de Ravignan apporte à ce débat une documentation solide et des analyses informées. C’est déjà beaucoup.
Commentaires
Je n'ai pas lu le livre mais le résumé me rend un peu perplexe : "énergies éoliennes et solaires présentent des perspectives réalistes" hélas pas à court terme.
Aujourd'hui les énergies solaire et éoliennes n'ont d'intérêt pour la décarbonation et la production d'énergie à coût maitrisé que si on a des dispositifs de stockages d'énergie économiques, fiables et et capacité suffisante, ce qui n'existe pas (encore).
Sinon on est obligé d'avoir, en support, des capacités de productions pilotables (gaz, nucléaire, charbon, fuel..).
Ce qui est pratique c'est que l'on a un bon exemple à proximité : l'Allemagne qui a un plan de remplacement du nucléaire par l'éolien et le solaire et qui peine à arriver au niveau de consommation CO2/habitant français et à se défaire de sa dépendance au gaz russe.
Je pense que le sujet doit être politique et pas forcément technique. La science nous apporte des solutions et le politique doit faire des choix pour faire avancer son pays. Le coût est primordial mais ne doit pas être la seule base de réflexion.
Si nous souhaitons une armée nationale très forte, si nous souhaitons une mains mise des états ou des puissants sur l'énergie poursuivre l'investissement nucléaire est indispensable.
En revanche si nous voulons un nation européenne unis vers un monde de paix et de coopération, une Europe autonome en énergie et évitant les excès les surcoût et les détournements de budget on doit très vite se tourner vers le tout renouvelable.
Question de choix pas de technique ni d'argent.
Et pour l’intermittence solaire et éolien, qu'est-ce qu'on fait? On se sert la ceinture, on sort les bougies, on attend un miracle... ou on brûle du charbon et du gaz?
Pascal roy vous êtes dans cette catégorie sûrement de personne informé et compétente qui véhicule de fausse idée pour alimenter des discutions de comptoir ou de bureau et faire peur aux gents pauvre d'esprit. Donc si on risque de ne pas avoir d'électricité on fait le nécessaire pour en avoir suffisamment en évitent trop de contrainte.
Avec 35 années passées dans la production d'énergie électrique, 10 ans à produire un minimum d'énergie solaire sur ma toiture, réduit ma consommation de chauffage tout-électrique par un poêle à bois, je pense avoir le recul nécessaire pour ne pas tomber dans vos critiques insultantes qui n'apportent aucune solution concrète.
J'ai également une petite expérience en matière d'électricité et de solaire.
Et je fais plusieurs constats les progrès technologiques sont considérable et ce qui est vrai aujourd'hui ne l'était pas il y a 5 ans.
Deuxièmement il me semble que les particuliers volontaire peuvent s'il le souhaite pour un investissement relativement faible produire sur leur maison plus d'électricité que d'énergie consommé en achetant des produits du commerce.
Dernier point nous sommes actuellement au point 0 de la gestion des énergies.
Et si nous continuons à nous droguer a l'atome on ne pourra pas investir dans la recherche de l'optimisation des flux d'énergie.
Il y a donc du travail en perspective, pose massive de panneau solaire fabrication française de panneau si cela interresse des industriel besoin pendant mini 50 ans, recherche sur la gestion des flux, et dans une moindre mesure sur du stockage.
Si vous avez débuté la démarche du solaire et d'une modulation de votre consommation vous ne pouvez pas dire que vous ne connaissez pas le sujet, et si vous continuez a parler de bougie vous êtes je le confirme un menteur. Navrant pour vous.
Menteur? Bois/ bougie? Quelle différence? Quelle naïveté de de croire à ce point au progrès.
D'abord il faut rappeler le nucléaire n'est qu'une technologie de stockage
Que ce stockage ne peut se faire qu'avec l'uranium qu'on extrait à l'autre bout du monde .
Que cette extraction va consommer des quantités considérables de pétrole, d'eau et d'électricité.
Que pour utiliser l'uranium , il faudra ensuite l'enrichir, lui construire des usines extrêmement complexes. Besoins qui vont encore consommer des volumes considérables d'énergie pétrolière et électrique.
Il faudra aussi faire en sorte qu'il ne manque jamais d'eau. Ce qui demande des investissements supplémentaires , consommateurs de pétrole et d'électricité
Et après utilisation il faudra le laisser décroitre, le conditionner ,puis éventuellement l'enfouir ? Donc construire des sites adaptés qui vont encore consommer énormément d'eau , de pétrole et d'électricité sans produire un seul watt, mais qui en consommeront .
Alors que pour construire une éolienne il faut du béton, de la résine et du métal .Qu'en stockant l'énergie issus de cette production on pourrait obtenir le même résultat qu'avec l'uranium ! Mais sans les inconvénients !
Le gaz est aussi une capacité de stock .Mais il n'est pas une fatalité ! On peut faire beaucoup mieux sans lui ?
Il me semble que le sujet est bien traité d'après l'échantillon présenté ici. Une remarque toutefois. l'auteur ecrit : " le gaz fossile n’y sera pas rapidement remplacé par du biométhane ou de l’hydrogène vert, car il faudra pour cela disposer en Europe d’abondants excédents d’électricité bas-carbone, et nous en sommes encore loin."
Cela n'est vrai que pour l'hydrogène vert, car la production de biométhane ne repose pas sur une production d'électricité verte à convertir sous une forme stockable de l'énergie comme pour la production d'hydrogène, par exemple, mais sur la gazéification des végétaux, de préférences ceux que l'on considère aujourd'hui comme des dechets non valorisés, qui se présentent naturellement sous une forme stockable en citernes.
Tout à fait, juste un bémol, certains procédés de gazéification/pyrolyse des matières végétales utilisent de l'électricité et l'électricité a été envisagée pour ce type de production.