Illustration : Révolution Énergétique, Getty.
L’option Tempo d’EDF a pour but d’inciter les clients à reporter leurs consommations lors des épisodes de grands froids. Avec plus de 500 000 abonnés désormais, a-t-elle réellement un impact sur l’équilibre du réseau public d’électricité ?
Avec la crise de l’énergie ayant fait flamber les prix de l’électricité, EDF a dépoussiéré son offre Tempo pour inciter les consommateurs à reporter leurs usages en cas de pic de demande. Concrètement, cette option propose des prix de l’électricité très attractifs pendant la majorité de l’année, avec une réduction comprise entre 27 % et 44 % selon les jours, par rapport au tarif réglementé de vente (TRV) avec l’option heures pleines/heures creuses. En contrepartie, les prix sont extrêmement élevés pendant les heures pleines des 22 jours rouges, qui sont prévus en hiver, en cas d’épisodes de grands froids qui conduisent à une hausse de la demande en électricité.
Avec l’augmentation des prix de l’électricité, Tempo a gagné de nombreux clients ces derniers mois. Mais alors qu’on sort de deux semaines avec 9 jours rouges, dont de nombreux consécutifs, et qu’il ne reste plus que 9 jours rouges à positionner d’ici la fin de la saison hivernale, on peut s’interroger sur l’impact réel des jours rouges sur les habitudes de consommation des clients Tempo.
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C’est ce qu’a analysé Julien Gorintin sur X (ex-Twitter), le responsable innovation de la société Lite, qui accompagne les particuliers dans le choix de leur contrat d’électricité et dans le pilotage de leur consommation. Sur la base des données récoltées par l’entreprise, Julien Gorintin montre plusieurs graphiques qui rendent compte des consommations des foyers Tempo comparativement aux autres foyers.
Sur le premier graphique, on observe le niveau des consommations des clients Tempo comparé aux autres clients entre les 8 octobre 2023 et 14 janvier 2024. On remarque que les clients Tempo consomment globalement davantage d’électricité que les autres clients, sauf en décembre où l’on note plusieurs décrochages de consommations des clients Tempo ainsi qu’autour du 14 janvier. Cela correspond bien aux jours rouges positionnés cet hiver les 1, 6 et 18 décembre 2023 puis du 8 au 12 janvier et les 15, 16, 18 et 19 janvier 2024. Cela démontre que les clients Tempo ont tendance à consommer davantage d’électricité que les autres clients lorsque leur tarif est attractif, mais qu’ils baissent drastiquement leurs usages lors des jours rouges, bien plus chers.
Des baisses de consommation corrélées aux chutes de température
D’autres graphiques montrent que les consommations des clients Tempo diminuent en cas de chutes de température. C’est logique, puisqu’en cas de grand froid, les jours rouges sont presque systématiquement activés et le prix de l’électricité est jusqu’à 3 fois plus élevé que le tarif réglementé de vente en heures pleines. Selon les données de Lite, on voit bien que les clients Tempo baissent leur consommation lors des jours rouges. Ils y ont tout intérêt s’ils ne veulent pas voir leur facture d’électricité exploser.
Julien Gorintin conclut en précisant qu’avec une température extérieure de 0 °C, un jour rouge entraîne une économie moyenne de 11 kWh pour un foyer ayant choisi l’offre Tempo. Rapporté aux 500 000 offres Tempo souscrites (selon les données annoncées par EDF en octobre 2023), cela représenterait une baisse d’environ 5 GWh/jour, soit un bandeau de 200 MW qui s’effacerait de la courbe de consommation nationale. « L’objectif annoncé était de monter jusqu’à 5 millions de clients sur cette offre. Si l’impact reste le même, ça serait ~2 GW un jour rouge. Plus encore s’il fait froid. Gigantesque » explique-t-il.
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Une analyse à relativiser
Si elle donne un aperçu de l’impact des usagers Tempo en cas de jours rouges, l’analyse est à relativiser puisqu’elle est fondée uniquement sur les données de consommations des clients de l’entreprise Lite. On ignore le nombre de ménages concernés et si le ratio clients Tempo/non Tempo est représentatif de celui existant au niveau national. En clair, on ignore l’impact réel de l’offre Tempo sur le niveau national des consommations. Seule une analyse globale des consommations de l’ensemble des clients mené par ENEDIS ou RTE permettrait de le savoir précisément. On peut tout de même supposer que si EDF a fait autant de publicité pour son offre Tempo depuis un an et demi, c’est bien que cette option joue un rôle non négligeable pour l’équilibre du réseau.
Reste à savoir si cette offre va rester compétitive et de quelle manière va-t-elle être touchée par la hausse des prix annoncée pour début février 2024 ? On pourrait penser qu’au vu de son intérêt pour l’équilibre du réseau, elle sera protégée d’une hausse trop élevée. Pourtant, ce n’est pas ce qui se dessine pour les contrats heures pleines/heures creuses qui devraient subir une augmentation du prix plus importante que le tarif base, selon l’annonce récente du ministre de l’Économie.
Commentaires
+1 @michelg34
J'ai le même comportement un jour bleu qu'un jour rouge,
résultat: 80% en HC et 20% en HP sur l'année grâce il est vrai à un chauffage à forte inertie (plancher chauffant avec PAC géothermique) qui permet de ne chauffer que la nuit pour un résultat décalé en journée.
Mais quand il fait froid (Jours Rouges) je consomme plus que maintenant (Blanc et Bleu).
Cependant, si tout le monde faisait pareil, les heures pleines seraient la nuit et il faudrait revoir la tarification de façon plus dynamique en faisant varier les HC d'un jour sur l'autre pour lisser la consommation et l'adapter au plus prêt de la production ENR et nucléaire.
Si ce système a été mis en place car ça permet de lisser la consommation des particuliers la nuit et les weekends là où les entreprises n'ont pas besoin d'électricitée car une centrale électrique ne s'accélère pas et ne se ralentit pas comme une voiture quand elle est lancée pour une période froide on ne peut pas la ralentir du jour au lendemain par contre les consommations on peut les faire fluctuer beaucoup plus rapidement .
Oui, il faut prévoir des moyens de lissage.
Non, il est techniquement facile de réduire la puissance d'une "'centrale électrique".
La souplesse de production fait intervenir :
Dans le cas d'un réacteur nucléaire, le ralentissement est possible (ouf) mais la remontée est ralentie par l'empoisonnement du coeur (krypton).
Tous les experts le clament depuis des années : il faut adosser les parcs éoliens à des turbines à gaz, qui offrent le coût d'investissement le plus faible.
Le chauffage (domestique ou tertiaire) fatalement thermosensible est une énergie basse température : il serait logique de développer la sonde géothermique sur la pompe à chaleur, pour conserver un bon rendement de PAC.
Je suis d’accord. Le système Tempo est un peu rigide il ne permet pas en cas de forte production des ENR provoquant une surproduction électrique d’offrir un prix du kwh proche de 0€ afin de ne pas perdre ce don du ciel.
Mais cette surproduction ne pourra exister que si le % du nucléaire diminue, ce qui pour l’instant ne semble pas être à l’ordre du jour.
La communication entre les divers intervenants, producteurs et fournisseurs d’énergie, clients grâce aux compteurs Lindky est maintenant aboutie pour gérer la production et la consommation d’énergie au mieux des intérêts des citoyens contribuables.
Existe-t-il un avenir à l’abonnement Tempo avec la construction de si nombreux EPR ?
J’en doute si les choix économiques ne changent pas.
Etrange raisonnement.
Quel rapport avec les EPR prévus pour remplacer à terme les réacteurs nucléaires historiques ?
Si la production de base n'est pas un méchant réacteur nucléaire, ce sera une centrale à charbon ou des turbines à gaz (plus souple).
Le souci n'est pas l'excès de vent, mais l'absence de vent.
A la journée, c'est gérable e, mobilisant les importations éventuelles, les STEP, les délestages et les effacements (la météo du vent permet d'anticiper).
Par contre, si l'anticyclone sur l'Europe dure deux semaines, sans vent, cela devient coton. EDF devra maintenir une capacité de production pour compenser ponctuellement la perte de l'éolien. Pour amortir, EDF multipliera par dix le prix du kWh (avec W majuscule) pour que le citoyen contribuables se rappelle que le "don du ciel" est intermittent !
Le pouvoir politique a manqué d'ambition : il fallait étaler sur 30 ans l'amélioration poussée de l'isolation thermique (du parc existant) et mettre les subventions dans les bâtiments publics au lieu de subventionner des propriétaires déjà économiquement aisés.
Une analyse à relativiser..; Ouais, franchement n'importe quoi cette analyse qui manifestement regarde la consommation sur une journée entière, alors que Tempo est fait pour consommer moins de 6h à 22h. Evidemment les "Tempoïstes" comme moi compensent et consomment plein pôt de 22h à 0h et 0h à 6h en heures creuses... Alors analyser la conso sur 24h (5GWh de baisse puis diviser par 24h pour annoncer 200MW d'économie), ça n'a, doublement, aucun intérêt.