L’Assemblée générale des Nations Unies demande la restitution de la centrale nucléaire de Zaporijia aux autorités ukrainiennes. La centrale est sous contrôle russe depuis mars 2022 et les Nations unies craignent pour la sécurité du site nucléaire. Quelle est la portée de ce texte ?

Depuis l’invasion russe en Ukraine en février 2022, le sort de la plus puissante centrale électrique européenne inquiète la communauté internationale. Avec ses six réacteurs de 1 000 mégawatts (MW) chacun, elle produisait plus d’un cinquième de l’électricité ukrainienne avant le conflit. Dès mars 2022, les soldats russes ont pris le contrôle du site, tout en maintenant le personnel ukrainien sur place pour faire fonctionner les installations. Les six réacteurs sont désormais déconnectés du réseau électrique, mais il est nécessaire de maintenir une activité sur place pour refroidir les réacteurs. Des experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sont présents sur place depuis septembre 2022.

À lire aussi Les 3 centrales nucléaires les plus puissantes du monde

De nouvelles attaques sur la centrale de Zaporijia font craindre une catastrophe nucléaire

Toutefois, la centrale a été la cible régulière d’attaques jusqu’en novembre 2022, laissant planer la menace d’une catastrophe nucléaire. La communauté internationale a demandé à de nombreuses reprises qu’une zone démilitarisée soit mise en place autour du site, afin de le sécuriser, en vain.

En avril 2024, le directeur général de l’AIEA a alerté le Conseil de sécurité des Nations Unies en précisant qu’on se rapprochait « dangereusement d’un accident nucléaire » sur le site de Zaporijia, du fait de nouvelles attaques. Depuis, les attaques dans la zone se poursuivent, comme en atteste la dernière déclaration du directeur général de l’AIEA en date du 3 juillet 2024.

Il s’agit d’attaques de drones qui ne visent pas directement la centrale, mais qui pourraient avoir des conséquences directes sur la sécurité nucléaire. En effet, la centrale dépend d’une ligne électrique provenant de la centrale elle-même, qui permet de fournir l’électricité nécessaire au refroidissement des réacteurs. Une ligne de secours existe également, mais l’AIEA précise que « la situation reste précaire » dans son dernier communiqué.

À lire aussi Comment la centrale nucléaire de Zaporijjia se démène pour trouver de l’eau

Une résolution symbolique de l’Assemblée générale des Nations Unies

Pour tenter de faire pression sur la Russie, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté le 11 juillet dernier une résolution, avec 99 voix favorables, 9 voix opposées et 60 abstentions. Ce texte exige que les Russes se retirent de la centrale de Zaporijia et la remettent immédiatement aux autorités ukrainiennes. Il est également demandé à la Russie de retirer toutes les mines antipersonnel qui ont été installées tout autour du site nucléaire.

La portée de cette résolution, adoptée à la majorité des voix, n’est que symbolique puisqu’elle n’a aucune valeur contraignante. C’est d’ailleurs ce qui différencie les résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies de celles du Conseil de sécurité. Ces dernières sont contraignantes juridiquement, mais les 5 membres permanents dont la Russie disposent d’un droit de véto pour bloquer leur adoption. Et la Russie a bloqué toute résolution du Conseil de sécurité sur le sujet.

Il n’y a donc aucune suite à attendre de cette résolution de l’AG que la Russie a d’ailleurs critiquée dès son adoption, qualifiant le texte de « provocateur ».