Le parc éolien flottant de Kincardine est le plus puissant du monde
L’ancrage dans la baie d’Aberdeen de la sixième et dernière éolienne du projet offshore de Kincardine est achevé. Avec une puissance cumulée de 50 MW, il s’agit, pour l’heure, de la plus grande ferme éolienne flottante du monde.
D’une puissance de 2 MW, la première turbine flottante de ce parc est entrée en service en 2018 dans la baie d’Aberdeen, au nord-est de l’Ecosse. Après des tests concluants, 5 autres machines, de 9,5 MW cette fois, ont été ancrées à 15 km des côtes sur le fond marin dont la profondeur, à cet endroit, varie entre 60 et 80 m. Les 6 éoliennes ont été fournies par le fabricant danois Vestas, leader mondial de l’éolien.
Avec une puissance cumulée de 50 MW, le projet offshore flottant de Kincardine est, aujourd’hui, le plus important du monde. Il devrait générer annuellement environ 218 GWh (gigawattheures) d’électricité verte, ce qui correspond à la consommation moyenne de 55.000 ménages écossais.
Le projet a été développé par Kincardine Offshore Wind, une filiale de l’entreprise portugaise Pilot Offshore Renewables qui en a confié le design, la construction et la mise en service à la compagnie madrilène Cobra Wind.
C’est le consortium espagnol Navantia-Windar qui a conçu et fabriqué les fondations flottantes semi-submersibles. Elles ont été transportées jusqu’au port de Rotterdam où les turbines ont été montées sur les plateformes avant d’être remorquées jusqu’à la baie d’Aberdeen.
Jusqu’ici, le record de puissance des parcs offshore flottants était détenu par le projet Hywind, développé par l’énergéticien norvégien Equinor (auparavant Statoil) et l’investisseur emirati Masdar qui en détient 25%. Construit également en Ecosse près d’Aberdeen, il comprend 5 turbines Siemens-Gamesa de 6 MW dotées de pales de 75 mètres. Il affiche donc une capacité totale de 30 MW.
Kincardine ne détiendra pas le nouveau record pendant longtemps. Equinor développe en effet au large de la Norvège un projet de 88 MW : Hywind Tampen.
La France est en retard
Les experts estiment que les projets éoliens flottants sont amenés à se développer fortement au cours des prochaines années le long des côtes européennes. Les emplacements disponibles pour les turbines ancrées sur les fonds marins sont en effet limités par la profondeur de ceux-ci : 50 mètres maximum. Le Royaume-Uni qui accueillera bientôt la COP26 en Ecosse, s’est fixé un objectif de 1 GW d’éolien flottant d’ici 2030.
En France, un premier démonstrateur de 2 MW baptisé Floatgen, équipé d’une fondation flottante semi-submersible, en béton, conçue par la société française Ideol et construite par Bouygues, a été assemblée en 2017 dans le port de Saint-Nazaire puis remorquée jusqu’au site d’essai situé à 22 km du littoral, au large du Croisic (Loire-Atlantique). Les premiers kilowattheures produits ont été injectés dans le réseau national en septembre 2018.
A l’heure actuelle, Floatgen est toujours la seule et unique turbine offshore de France. Inutile de dire que le pays compte un retard évident dans le développement de l’éolien maritime. Il mise notamment sur le développement des fermes offshore flottantes pour le résorber.
La mer Méditerranée bénéficie d’un gisement conséquent pour l’installation de parcs éoliens flottants en raison de ses régimes de vent très favorables et réguliers et de la profondeur de ses fonds marins qui plongent rapidement au-delà de 60m. 3 projets de fermes pilotes flottantes sont prévus dans la zone.
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Commentaire
La France attend peut-être aussi que les coûts de l'éolien flottant baissent.
La zone Méditerranée est intéressante car complémentaire de la partie Nord de la France.
Le développement de l'éolien en France (bientôt 20 GW avec une puissance délivrée qui varie en pratique d'un facteur 10: 1,5GW à 15 GW de production) n'a pour l'instant pas fait augmenter les émissions des centrales fossiles car les fluctuations sont compensées par les exportations, les centrales à gaz actuelles, l'hydraulique de barrage et le pompage-turbinage.
Il faut néanmoins aujourd'hui aborder la question du stockage, sans quoi la poursuite du développement éolien ira de pair avec celles du parc de centrales à gaz (avec des réserves mondiales très limitées au regard de la croissance de la consommation).
Quant au nucléaire, lorsque la France va perdre 2,5 GW par an (rythme auquel les réacteurs ont été construits), ce sera l’effondrement.
Pour l'éviter, il faudrait un changement d'échelle dans le rythme de mise en place de nouveaux moyens (nucléaire + éolien + solaire + biomasse + moyens de stockage + interconnexions) et évoluer vers un mode de vie plus sobre en énergie.