La demande en électricité devrait fortement augmenter dans les années à venir, et les centres de données seront en partie responsables de cette hausse. Bien que les États-Unis dominent ce secteur florissant, l’Union européenne (UE) représente également une zone géographique attractive pour les exploitants. En termes de capacité du réseau, comment l’UE se prépare-t-elle à répondre à cette augmentation ?

Les datacenters, ces infrastructures informatiques essentielles au stockage de données via de puissants serveurs, sont au cœur de nombreuses industries à travers le monde. À l’heure actuelle, on dénombre environ 8 000 installations dans le monde, dont près de 16 % sont situées en Europe. Face à une demande croissante, le nombre de ces centres de données est prévu d’exploser dans les prochaines années. Si le marché est en pleine expansion, cette croissance a un prix : un coût énergétique élevé. En effet, les datacenters consomment une quantité colossale d’énergie, qui surpasse parfois celle de certains pays. Cette importante consommation s’explique principalement pour deux raisons : le fonctionnement continu des serveurs, 365 jours par an, et la nécessité de systèmes de climatisation pour éviter la surchauffe due à la chaleur qu’ils génèrent. Avec l’augmentation des installations prévues, notamment dans l’UE, il est essentiel de réfléchir à l’impact énergétique de ces infrastructures. Alors que le débat public se focalise souvent sur la production et la propreté de l’électricité alimentant ces centres, il est également intéressant de s’interroger sur la capacité du réseau européen à supporter cette charge croissante.

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Des hausses prévues dans l’UE

En 2022, l’UE comptait environ 1240 centres de données actifs, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Les principaux pays hébergeant ces installations incluent l’Allemagne, l’Irlande, la France et les Pays-Bas, avec des concentrations perçues dans les villes de Francfort, Dublin, Paris et Amsterdam. La consommation énergétique de ces centres s’élevait à 100 TWh en 2022, et l’AIE prévoit une augmentation significative de ce chiffre à plus de 150 TWh d’ici 2026, soit une hausse de 50 % en seulement quatre ans. Les centres de données, aux côtés des véhicules électriques et des pompes à chaleur, seront parmi les principaux contributeurs à l’augmentation de la demande en électricité.

D’ici 2030, certains experts estiment que la demande énergétique des datacenters pourrait doubler, un phénomène qui se refléterait également au niveau mondial. Au sein de l’UE, des pays comme la Suède et la Norvège anticipent une hausse particulièrement marquée de la demande liée aux datacenters. En Norvège, la consommation passera de 1 TWh à 6,7 TWh d’ici 2030, tandis qu’en Suède, elle augmentera de 3 TWh à 5,7 TWh. En ce qui concerne la France, la demande est prévue d’atteindre 28 TWh d’ici 2035, représentant environ 5 % de la consommation nationale, contre 2 % en 2020.

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Les mesures prises par l’UE

Pour répondre à l’augmentation anticipée du nombre de centres de données, la Commission européenne a mis en place un règlement visant à réduire la consommation énergétique de ces installations. Dès cette année, les exploitants devront publier des indicateurs de performance pour leurs centres, avec une première échéance fixée au 15 septembre 2024. Cette mesure vise à améliorer la surveillance, le contrôle et l’analyse des données, facilitant ainsi la gestion de la demande croissante en électricité.

Par ailleurs, face à l’augmentation future de la demande, l’Europe doit renforcer ses réseaux électriques. En effet, 40 % des infrastructures actuelles ont plus de 40 ans. La Commission européenne a annoncé un plan d’améliorations pour préparer le réseau à supporter une charge plus importante, nécessitant un investissement de 584 milliards d’euros pour sa modernisation.

A l’échelle des pays, les efforts pour améliorer les réseaux varient d’un État membre à l’autre. En Irlande, par exemple, un moratoire sur le développement de nouveaux centres de données a été instauré en 2022 dans la région de Dublin. Toutefois, les sites ayant déjà reçu une approbation pourront continuer leurs opérations.