Pourrons-nous bientôt traverser l’Europe à bord de tubes sous-vide à des vitesses cosmiques ? Rien n’est moins sûr, mais des entreprises y travaillent et avancent dans cette direction. C’est le cas de Hardt Hyperloop qui vient de franchir une nouvelle étape en Europe. 

Le futur est là ! Hardt Hyperloop vient de le prouver en faisant flotter son prototype de train à sustentation magnétique à la vitesse vertigineuse de… 30 km/h. Trêve de plaisanterie, ce premier essai réussi devrait aboutir sur d’autres essais avec pour objectif d’atteindre la vitesse de 100 km/h avant la fin de l’année. La startup néerlandaise à l’origine du prototype se veut d’ailleurs plutôt optimiste, et espère pouvoir transporter ses premiers passagers d’ici 2030.

Pour mettre au point son prototype, Hardt Hyperloop dispose d’un avantage de taille : le tunnel de 420 mètres de long du Centre européen Hyperloop. Fondé en 2020, cet organisme est destiné à faciliter le développement de la technologie. Le tunnel principal bénéficie même d’un système de changement de voie, un élément structurel indispensable au développement d’un futur réseau complexe.

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Objet de nombreux fantasmes, l’Hyperloop est un train à sustentation magnétique circulant dans un tunnel sous-vide, permettant de réduire les forces de frottement, et donc d’en améliorer l’efficience. En 2013, Elon Musk avait popularisé le concept en évoquant la possibilité de relier Los Angeles à San Francisco en seulement 30 minutes. Certains projets d’hyperloop pourraient même s’approcher de la vitesse de Mach 1, soit plus de 1 000 km/h. Du côté de Hardt Hyperloop, on vise déjà l’impressionnante vitesse de 700 km/h, qui permettrait de relier Amsterdam à Berlin en seulement 90 minutes.

Du potentiel, mais beaucoup d’interrogations

Depuis 2013, les projets se sont multipliés à travers le monde, sans jamais parvenir à de véritables avancées. En 2020, Hyperloop One parviendra tout de même à transporter deux passagers à plus de 170 km/h dans le Nevada. Mais la startup californienne finit par fermer ses portes le 31 décembre 2023. Les nombreux échecs s’expliquent notamment par les immenses difficultés à franchir pour atteindre un réseau hyperloop commercialement viable. Outre l’aspect technologique, qui n’est pas encore abouti, la mise en place de telles infrastructures demande nécessairement des investissements financiers colossaux.

À titre de comparaison, en France, le coût de construction d’une ligne LGV est déjà extrêmement élevé, et varie entre 5,5 et 19,7 millions d’euros par kilomètre. En 2019, le coût de différents projets Hyperloop oscillait de 20 millions de dollars par kilomètre à 80 millions de dollars par kilomètre ! Dans ces conditions, sans savoir si les lignes en questions pourraient permettre le transport journalier d’une même quantité de personnes, difficile d’imaginer une rentabilité sans un prix du billet très élevé.

Pour finir, l’impact environnemental est encore méconnu. Hardt Hyperloop a indiqué que la consommation énergétique de l’hyperloop serait 10 fois inférieure à celle d’un avion de ligne, et 3 fois inférieure à celle d’un train. Mais la mise sous vide des tubes de transport pourrait se montrer particulièrement énergivore. De plus, du fait de son fonctionnement, l’Hyperloop nécessite une infrastructure propre qui viendra se rajouter aux réseaux ferrés routiers existants, laissant une empreinte humaine supplémentaire dans le paysage.