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La politique américaine en faveur du développement des énergies renouvelables sur son territoire provoque des répercussions sur le marché mondial et notamment en Europe. Les aides américaines pourraient mettre à mal la production de panneaux photovoltaïques sur le sol européen. Explications.
L’information circulait déjà depuis quelques semaines et elle a été confirmée ces derniers jours : le fabricant suisse de panneaux solaires Meyer Burger va fermer son usine photovoltaïque située en Allemagne d’ici avril prochain. C’est une très mauvaise nouvelle pour le marché photovoltaïque européen. Mais en quoi les États-Unis seraient-ils impliqués dans cette décision ?
Une politique américaine encourageant la production photovoltaïque locale
Pour le comprendre, il faut revenir un peu en arrière. En 2022, le Président américain Joe Biden a réussi à faire voter un texte historique pour le climat, l’Inflation Reduction Act. Ce texte ambitieux annonçait un budget de 369 milliards de dollars pour le développement des énergies renouvelables, ce qui pourrait mener à une baisse drastique des émissions de gaz à effet de serre (GES) sur le territoire américain d’ici 2030.
Ce texte prévoit de fortes subventions pour la filière photovoltaïque, et notamment pour les produits fabriqués sur son sol. Et des taxes substantielles sont prévues pour les produits fabriqués en Chine, pays leader de la filière photovoltaïque.
Cette politique américaine provoque une double conséquence. D’abord, les entreprises du solaire ont tout intérêt à avoir une usine sur le sol américain, pour bénéficier des subventions américaines. C’est d’ailleurs ce que prévoit de faire Meyer Burger qui a confirmé vouloir délocaliser sa production aux États-Unis. Ensuite, les panneaux chinois étant bloqués aux frontières américaines, ils ont été redirigés vers le marché européen qui s’est trouvé submergé par ces produits.
Le marché européen du solaire fortement concurrencé par les produits chinois
Les fabricants européens subissent donc une forte concurrence du fait de la présence de panneaux chinois commercialisés à bas prix en Europe. Dans ce contexte, il est difficile pour les entreprises européennes de rester compétitives.
Cela a également entraîné une baisse des prix des panneaux solaires et une augmentation des stocks des entreprises européennes. Conclusion : il n’est plus intéressant pour ces sociétés de rester sur le territoire européen. Le sol américain, protégé de la concurrence chinoise et bénéficiant de larges subventions, est devenu le nouvel eldorado du solaire.
La filière photovoltaïque se retrouve donc en grande difficulté, à l’image de la décision de fermeture prise par Meyer Burger qui va impacter 500 salariés. Le groupe suisse avait tenté d’obtenir de l’aide auprès du gouvernement allemand, afin de pouvoir envisager la poursuite de son activité sur le territoire, en vain.
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Mais alors la production européenne est-elle condamnée à disparaître au profit des entreprises chinoises ? Ce n’est pas si sûr. Bruxelles tente de trouver des solutions pour maintenir l’activité du solaire sur son sol. Début février, un règlement pour une industrie zéro net a été adopté. Le texte permet notamment aux États membres d’attribuer 30 % des capacités mises aux enchères à des producteurs nationaux. Toutefois, il faudra attendre 2025 pour l’entrée en vigueur de cette nouvelle réglementation.
En outre, l’Union européenne devrait adopter une loi visant à lutter contre le travail forcé dans les chaines d’approvisionnement des entreprises. Ce nouveau texte devrait avoir pour conséquence de bloquer les importations de panneaux solaires chinois, le pays étant régulièrement montré sur doigt pour les conditions de travail sur son territoire. Toutefois, il faudra encore être patient puisque l’entrée en vigueur de ce texte ne devrait pas avoir lieu avant 2026.
En France, des producteurs nationaux de panneaux solaires existent, mais aucune usine n’est assez grande pour produire en quantité suffisante par rapport aux objectifs de développement des énergies renouvelables. C’est la raison pour laquelle un projet de complexe photovoltaïque gigantesque devrait voir le jour près de Marseille. Initiée par la société lyonnaise Carbon, cette gigafactory prévue pour voir le jour en 2025 devrait employer 3000 personnes dès son lancement.