Les raffineries de pétrole plus polluantes que les centrales nucléaires en France ?


Les raffineries de pétrole plus polluantes que les centrales nucléaires en France ?

La raffinerie de Donges en 2015 / Image : Wikimedia - Ph. Saget.

La raffinerie de Donges vient de subir son troisième incident notable en moins de deux ans, avec la fuite de 15 m³ de pétrole qui se sont déversés dans la Loire. Cette situation, commune à de nombreuses raffineries françaises, pose question sur l’avenir de ces installations et leur rôle dans la transition énergétique. 

C’est aux alentours de 23 heures, que des techniciens de la raffinerie de Donges ont constaté, le 23 novembre dernier, une importante fuite de pétrole brut au niveau de l’appontement n° 6. Au total, près de 15 000 litres se sont déversés dans la Loire, irisant 500 m² de surface.

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Selon les autorités, qui sont parvenues à contenir partiellement le pétrole grâce à un système de double confinement, les eaux irisées « devraient en partie se disperser naturellement et se reporter, par l’action du vent, sur les berges ». Néanmoins, cette situation interroge. En l’espace de deux ans, c’est la troisième fois qu’un incident majeur touche la troisième raffinerie française, qui traite chaque année 11 millions de tonnes de pétrole. En février dernier, l’ensemble de la raffinerie avait été mise à l’arrêt pour réaliser des réparations consécutives à des problèmes de corrosion. Surtout, en décembre 2022, une fuite avait provoqué l’écoulement de presque 800 000 litres de naphta. Cet accident aura causé une pollution au benzène sur le sud de la ville de Donges pendant 4 jours. Il aura également fallu excaver pas moins de 11 000 tonnes de terre au niveau de la fuite pour dépolluer le site.

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Des dégâts environnementaux réguliers

La raffinerie de Donges n’est pas le seul théâtre d’accidents dans l’industrie pétrolière française. Sur les dix dernières années, on peut citer de nombreux incidents relatifs à des sites similaires. À Feyzin, par exemple, une fuite d’hydrocarbures a entraîné un incendie en 2021. L’année suivante, un court-circuit a même provoqué un départ d’incendie, et entraîné l’arrêt du site.

Dans le Nord, la raffinerie de Port-Jérôme-sur-Seine a connu une fuite de propane en novembre 2023, puis un incendie en mars 2024. De manière générale, les fuites de pétrole issues de problèmes techniques sur les sites industriels pétroliers sont régulières, en témoigne la libération de 2 millions de litres de pétrole brut dans la réserve naturelle du Crau près de Fos-sur-Mer, suite à une négligence de l’entretien du pipeline SPSE. Ce type d’évènement inquiète tant du point de vue de la sécurité que du point de vue environnemental.

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Pour expliquer ces évènements, d’éventuels problèmes de maintenance ou d’entorses à la sécurité sont souvent écartés par les principaux intéressés. Néanmoins, les professionnels du secteur, et en particulier les représentants du personnel, dénoncent un vaste processus désinvestissement industriel.

De fait, les raffineries font face à un contexte beaucoup moins favorable que par le passé. La demande de produits pétroliers est en recul avec la perte de vitesse du chauffage au fioul et l’électrification progressive des moyens de transports. En parallèle, le coût de l’énergie nécessaire au fonctionnement des raffineries ne fait, lui, que d’augmenter.

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Investir dans la modernisation des installations, ou accélérer la transition ?

Dans ce contexte, difficile, pour les industriels, de trouver des financements nécessaires à la modernisation des installations. Seule une conversion, à terme, de ces raffineries en bioraffineries permettrait de maintenir ces équipements en place. C’est, par exemple, ce qui a été décidé pour la raffinerie de La Mède, située dans les Bouches-du-Rhône. Mise en service en 1935, celle-ci a été convertie pour permettre la production de biogazole et de biojet.

D’un point de vue plus global, il apparaît aujourd’hui de plus en plus cohérent d’encourager le déploiement massif de nouvelles capacités de production d’énergie renouvelable et de nouvelles centrales nucléaires, pour permettre la fermeture de ces équipements vieillissants, et en finir avec les risques associés. Reste cependant la question de notre souveraineté concernant la production de produits pétroliers non énergétiques, comme les molécules utilisées pour l’élaboration de médicaments, les matériaux plastiques, polymères, etc.

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