Image : Synatom, modifié par : RE
Le prix de l’uranium explose et atteint son plus haut niveau depuis 17 ans. Déjà malmenés par les hausses spectaculaires des dernières années, les Français vont-ils voir les prix de l’électricité continuer leur envol ?
Le contrat de référence sur l’oxyde d’uranium, appelé U3O8 (ensuite enrichi) est monté jusqu’à 106 dollars la livre (environ 450 g). C’est plus de deux fois le prix encore observé en avril 2023 et plus de quatre fois celui de 2019. La fièvre observée depuis ces dernières années résulte d’une multitude de facteurs, entre conflits en cours et rebond de la demande.
Côté demande, la période Fukushima est révolue. La Suède a abrogé une loi empêchant la construction de nouvelles centrales sur son sol et au même moment la France relance la construction d’EPR. Nombreuses sont les prolongations de réacteurs comme au Royaume-Uni et en Belgique (+ 10 ans). En Californie, le régulateur a validé l’extension de cinq ans la durée de vie de deux réacteurs de Diablo Canyon qui devaient initialement fermer en 2024 et 2025. Globalement, plus de 100 réacteurs sont actuellement en construction dans le monde, majoritairement soutenu par la Chine (25 en projet). Lors de la COP28, une vingtaine de pays menés par la France a appelé à tripler la capacité nucléaire dans le monde d’ici à 2050.
À lire aussi Enrichir davantage d’uranium pour ne plus en importer de Russie ?Une offre d’uranium en berne
Côté offre, plusieurs entreprises connaissent des ralentissements aux causes multiples. Les perspectives d’extraction sont plus faibles qu’anticipé chez plusieurs industriels du secteur, comme le kazakh Kazatomprom, qui fait face à une pénurie d’acide sulfurique nécessaire à l’extraction. Près de la moitié de la production mondiale d’uranium provenait du Kazakhstan en 2022. Chez le français Orano, le ralentissement de l’approvisionnement vient du retrait du Niger, pays connaissant un coup d’État militaire. Ce pays représentait 4 % de la production mondiale d’uranium en 2022 et 20 % de l’approvisionnement français sur ces dix dernières années.
La Russie, représentant 5 % de la production mondiale, est devenue un partenaire commercial embarrassant dans le cadre de la guerre qu’elle mène contre l’Ukraine et s’est vue imposer un embargo voté par la Chambre de représentants américaine. À ces phénomènes physiques et géopolitiques s’ajoutent une dose de spéculation financière puisque le cours ne cesse de monter, accumulant d’importantes réserves et alimentant la montée des prix.
Quel impact sur la facture d’électricité ?
Le minerai n’est plus extrait sur le territoire français depuis la fermeture de la dernière mine en 2001 car « les gisements n’étaient plus exploitables économiquement », explique Orano. Depuis que la France a décidé de cesser d’en extraire sur son sol, le 3ᵉ mineur mondial s’est doté d’instruments pour limiter son exposition à la volatilité du marché. Il maintient, en permanence, plus de 20 ans de ressources et réserves, et diversifie ses approvisionnements. Pour ce faire, il signe des contrats long terme à prix fixe, avec ses partenaires historiques comme le Kazakhstan, le Canada et le Niger, ainsi qu’avec de nouveaux partenaires comme l’Ouzbékistan ou la Mongolie. L’entreprise française constitue des stocks naturels d’uranium correspondant à 2 ans de production d’électricité nucléaire.
Enfin, le prix de l’uranium n’est qu’une faible composante du coût du nucléaire, récemment réévalué à 70 euros par mégawattheure (€/MWh). D’après la Cour des Comptes, l’uranium compte pour moins de 5 % du coût de production du parc nucléaire actuel, loin des 34 % que représentent les coûts d’exploitation des réacteurs et des 41 % des coûts de construction. Un doublement du prix de l’uranium ne conduirait ainsi conduit qu’à une augmentation du coût de production de l’électricité de l’ordre de 3,5 €/MWh. La situation est très différente des centrales au gaz, par exemple, dont le coût d’achat du gaz représente la majeure partie des coûts du MWh.
Cette hausse permettra peut-être de relancer les investissements dans l’amont du cycle du combustible, pour relancer les mines et répondre à la demande grandissante de la filière nucléaire.
Commentaires
C'est vraiment très bête de vouloir à tout prix faire des centrales nucléaires qui du fait de l'utilisation massive de la vapeur contribue autant à la production de co2 que du réchauffement ! Alors même que faire du stockage avec de l'air comprimé et les énergies renouvelables ne couterait rien ?
@Fournier,
Sur votre propos : "" les énergies renouvelables ne couterait rien ? "" Pour le moment cela a déjà couté très cher au consommateur "moyen", mais certes certains prix baissent, le PV notamment pour l'éolien les baisses de cout sont terminées depuis peu (voir cela augmente !)... Mais cela reste couteux et non pilotable avec des effets de "cannibalisme" sur d'autres productions (Cf Prix Négatifs sur les marchés - 300 heures en Allemagne en 2023 et près de 150 heures en France... Quelqu'un paye dans ces cas-là quand les prix sont garantis au producteur...).
Pour le stockage avec de l'air comprimé (environ 50% de rendement max de mémoire), il y a tout de même de sacrés investissements à prévoir même si quelques projets du passé, avec récupération de chaleur et du froid du aux process, avaient du sens pour des implantations en zones urbaines... Qui paiera les pertes dues au rendement !? (Avec les prix actuels autour de 13h00 c'est vrai que cela pourrait être intéressant une partie de l'année, mais quand le différentiel est faible qui paiera le delta donc les pertes "système" !? )
Rien n'est gratuit en ce bas monde et rien ne l'a jamais été quand cela demande du "Travail" et des investissements...
Démarrage, le 04 Février, de l'utilisation d'uranium recyclé. Une grande avancée ! Cruas : relance de la filière d’uranium de retraitement - Sfen
Orano vient d'annoncer le re-démarrage de sa production au Niger.
Comment ferait brakson pour publier des articles si le verbe Exploser n'existait pas...