Malgré une demande en énergie qui poursuit sa croissance et des industries qui plébiscitent le charbon, la Chine a réussi à réduire ses émissions de dioxyde de carbone (CO2). La prudence reste de mise, mais le pays semble enfin placé sur la bonne voie.

La Chine est le pays au monde qui émet le plus de dioxyde de carbone (CO2). Alors, lorsqu’on lit que, pour la première fois depuis la levée de la politique « zéro Covid », les émissions de la Chine ont baissé, on ne peut que se réjouir. Mais à y regarder de plus près, l’heure n’est peut-être pas encore venue de sabrer le champagne. Car la baisse n’a été enregistrée que sur le deuxième trimestre 2024. Et elle n’a pas dépassé les 1 % !

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Des énergies renouvelables en masse

Alors, pourquoi le souligner ? Parce que plusieurs indicateurs laissent penser que la Chine est enfin engagée sur la bonne pente en matière de réduction de ses émissions de CO2. Sur les six premiers mois de l’année 2024, le pays a, par exemple, poursuivi sa politique de déploiement massif de moyens de production d’énergies renouvelables. La Chine s’est ainsi enrichie de 102 gigawatts (GW) de capacités solaires et de 26 GW de capacités éoliennes. C’est respectivement 31 % et 12 % de plus qu’au premier semestre 2023 — une année déjà record en la matière. Et cela a permis au pays de couvrir, sur la période, plus de la moitié de l’augmentation de la demande en électricité avec ces énergies renouvelables.

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Le recul du pétrole

En parallèle, la demande en produit pétrolier continue de baisser. De 3 % au deuxième trimestre 2024. D’une part parce que la part des véhicules électriques dans les ventes cumulées de véhicules au cours des 10 dernières années ne cesse de croître, passant de 7,7 % en juin 2023 à 11,5 % en juin 2024. D’autre part parce que le volume des nouvelles constructions est en baisse. Et avec elle, la production de ciment et d’acier, sources majeures de demande en produits pétroliers.

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En Chine, une intensité carbone toujours élevée

L’ennui, c’est que la consommation d’énergie continue d’augmenter à un rythme un peu fou. De 4,2 % sur le deuxième trimestre 2024. C’est beaucoup plus qu’avant la pandémie. Et c’est d’autant plus inquiétant que cette augmentation est principalement due à des industries qui engloutissent du charbon pour produire.

Résultat, l’intensité carbone de la Chine demeure élevée. Trop pour respecter l’engagement que le pays avait pris pour 2025. L’objectif était en effet de réduire les émissions de CO2 par rapport au PIB de 18 % entre 2020 et 2025. Et pour être en phase avec cet objectif, la Chine devrait faire descendre son intensité carbone de 7 % cette année. Or elle n’a reculé que de 5,5 % au deuxième trimestre 2024.

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Le pic des émissions de CO2 de la Chine atteint ?

La bonne nouvelle reste que les experts chinois misent, pour le second semestre 2024, sur un ralentissement de la croissance aussi bien de la demande d’électricité — de 8,1 % en premier semestre à 5 % seulement — que de la demande en gaz — de 8,7 % au premier semestre à quelque chose entre 6,5 et 7,7 %. Si ces projections s’avèrent correctes, la Chine devrait pouvoir annoncer une baisse de ses émissions de CO2 à la fin de cette année 2024. Il se pourrait même que le pic des émissions du pays le plus émetteur au monde soit alors enfin derrière lui. Alors que Pékin s’était engagé à atteindre ce pic… d’ici 2030. Et en maintenant un taux de croissance des énergies renouvelables comparable à celui d’aujourd’hui, la Chine pourrait même réussir à réduire ses émissions de CO2 de 20 à 25 % d’ici 2035 !