Pour sécuriser son approvisionnement et garantir l’atteinte de ses objectifs climatiques, la Suisse pourrait miser sur le nucléaire. L’annonce récente du gouvernement ne se concrétisera pas sans passer par un nouveau referendum dans le pays.

La crise énergétique semble enfin derrière nous, mais elle a laissé des traces, d’autant que les tensions avec la Russie ont bouleversé l’approvisionnement en gaz naturel de l’Union européenne. Désormais, la sécurité et l’indépendance énergétiques ainsi que le prix de l’électricité sont au cœur des politiques publiques et pèsent dans le débat public.

En Suisse, le gouvernement s’interroge sur les décisions à prendre dès maintenant pour sécuriser l’avenir énergétique du pays. Le ministre de l’Environnement, des transports et de l’énergie, Albert Rösti a déclaré mercredi dernier qu’il fallait envisager de compter sur le nucléaire dans les 15 prochaines années. Cette déclaration va à rebours de la position suisse puisque, par referendum, la population s’est prononcée en 2017 pour la sortie progressive du nucléaire. En ce sens, la construction de nouvelles centrales est interdite par la loi.

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L’électrification nécessite d’augmenter la production

Mais au vu de l’évolution de la situation du marché de l’électricité, le gouvernement change son fusil d’épaule. Il va donc proposer de modifier la loi sur l’énergie nucléaire d’ici la fin de l’année. Pour justifier sa décision, le gouvernement suisse explique que la demande en électricité va augmenter pour passer de 60 TWh/an actuellement à 70, voire 80 TWh/an d’ici 2050. Cette hausse s’explique par l’accroissement de la population et l’électrification des usages induite par l’objectif de neutralité carbone. De ce fait, il faut trouver des solutions pour augmenter la production. Initialement, la sortie du nucléaire devait être compensée par des centrales à gaz, ce qui est contraire aux objectifs climatiques du pays. Quant aux énergies renouvelables, le gouvernement craint que leur développement ne soit pas suffisamment rapide pour répondre à l’augmentation de la demande en électricité.

Ainsi, la Suisse souhaite garder un atout dans sa manche en se laissant la possibilité de recourir davantage au nucléaire, si la situation l’exigeait à l’avenir. Le gouvernement a précisé qu’il faut prendre les décisions aujourd’hui pour sécuriser la situation dans 20 ans. Cela s’explique effectivement par les délais nécessaires à la construction de nouvelles centrales par exemple. Pour autant, le changement dans la politique énergétique suppose de franchir deux étapes importantes. D’abord, le Parlement devra discuter de cette modification, laquelle sera soumise ensuite à la population par referendum.