Une ligne électrique au Botswana / Image : THP Creative.
Si en France comme dans la plupart des pays développés, l’accès à l’électricité n’est qu’une formalité, le constat n’est pas le même dans une partie des pays à faibles revenus, notamment en Afrique. Près de 9 % de la population mondiale vit encore sans électricité, et si le déploiement de l’accès à l’énergie progresse, celui-ci est confronté à la nécessité de limiter les émissions de CO2.
Symbole d’un monde à plusieurs vitesses, l’accès à l’énergie est loin d’être évidence pour tous. Alors que notre quotidien est dicté par des progrès technologiques — parfois inutiles — quasi quotidiens, près d’une personne sur dix vit, au contraire, encore sans électricité. L’électrification du monde, qui est une priorité depuis plusieurs décennies, est désormais rendue plus complexe par les enjeux de la décarbonation. Au mois d’août, la fondation Rockefeller a publié un rapport concernant cette problématique. Celle-ci y explique que les 72 pays les plus pauvres devront produire 8 700 TWh d’électricité propre chaque année, sans quoi ils pourraient être responsables, en 2050, des trois quarts des émissions mondiales de carbone. Pour se faire une idée de ce que cela représente, la consommation annuelle d’électricité de la France s’élève à 445 TWh.
Un impact variable sur l’économie
En parallèle de ce constat, l’Université du Maryland et l’Université de Chicago viennent de présenter les résultats d’une étude portant sur l’impact économique de l’électrification des zones rurales. Cette étude a porté sur le programme national d’électrification indien « Rajiv Gandhi Grameen Vidyutikaran Yojana », qui a permis de connecter au réseau d’électricité près de 17,5 millions de foyers entre 2005 et 2011. Des critères ont été relevés avant et après l’électrification, comme les dépenses des ménages, la fréquentation scolaire, la création d’emploi ou encore la création de microentreprises.
Les résultats de l’étude montrent que l’électrification des villages de plus de 2 000 habitants a eu un très fort impact sur l’économie locale. En moyenne, les dépenses des ménages ont doublé, tandis que le nombre d’emplois non agricoles et de microentreprises a augmenté de manière significative. En revanche, les résultats sont bien différents pour les villages de 300 habitants ou moins. Dans ce cas de figure, l’électrification n’a eu aucun impact économique, si ce n’est une légère baisse des dépenses.
Ces résultats viennent, en quelque sorte, objectiver les raisons de la difficulté d’électrifier les zones rurales. Pour les pays à faibles revenus, une telle électrification demande un investissement financier très important, qui ne se traduit pas par une amélioration de la situation économique.
Accès à l’énergie : un enjeu planétaire complexe
Pourtant, l’accès à l’énergie ne peut se résumer à son impact économique, et est une condition nécessaire à l’amélioration de la qualité de vie, de la santé, et de l’éducation des populations locales. D’ailleurs, si 675 millions de personnes vivent encore sans électricité, la Banque Mondiale a également rapporté qu’en 2021, 2,3 milliards de personnes utilisaient des combustibles nocifs pour la cuisine.
Face à cette série de constats, l’électrification est plus que jamais un défi international. En avril dernier, la Banque Mondiale a justement lancé un programme visant à donner accès à l’électricité à 300 millions de personnes en Afrique, d’ici 2030. Pour atteindre cet objectif grâce à des énergies vertes, près de 30 milliards de dollars seraient nécessaires.
Réseau global ou micro-réseaux ?
Outre la question des financements, se pose la question des moyens techniques nécessaires pour atteindre cette électrification. En Afrique, où se concentre le problème, de nombreuses solutions sont envisagées pour développer et sécuriser la production d’électricité à l’échelle supranationale. Néanmoins, ce type d’infrastructures pourrait nécessiter des investissements colossaux, et fait face à des obstacles comme les problèmes de corruption ou d’insécurité.
Face à cette difficulté d’étendre le réseau public dans les régions reculées, certains pays ont décidé de changer leur fusil d’épaule en favorisant le développement de micro-réseaux solaires. C’est notamment le cas du Kenya qui a lancé plusieurs appels d’offres en ce sens. Le recours aux micro-réseaux a l’avantage de permettre d’améliorer l’accès à l’électricité à moindre coût, tout en favorisant le recours aux énergies renouvelables. Ces micro-réseaux solaires ont également l’avantage d’être plus simples à stabiliser. Enfin, ils profitent de l’ensoleillement exceptionnel dont bénéficie une bonne partie de l’Afrique.
Commentaire
Il est intéressant de voir comment certaines choses convergent, des micro réseaux appelés à s'étendre et a s'interconnecter , et des réseaux dans les quels se developpent des boucles locales d'autoconsommation .