L’Ecosse a presque atteint son objectif de 100% d’électricité renouvelable
En 2011, l’Ecosse s’était fixé l’objectif d’atteindre, en 2020, 100% de sa consommation d’électricité par les énergies propres. Pari quasi-tenu, puisqu’à la fin de cette année-là, les Ecossais couvraient 97,4% de leurs besoins électriques par les renouvelables. Lorsque la nation s’était lancé ce défi, les technologies vertes ne généraient encore que 37% de la demande nationale d’électricité. Mais huit ans plus tard, en 2019, c’était déjà 90,1%.
L’Ecosse a adopté les objectifs climatiques parmi les plus ambitieux du monde. Sa loi de 2008 sur le changement climatique est unique en son genre : elle fixe un objectif juridiquement contraignant, qui oblige le pays à atteindre la neutralité carbone en 2045, soit cinq ans avant le reste de l’Europe, et qui permet aux citoyens de poursuivre le gouvernement dans le cas contraire.
Une centrale au gaz et deux réacteurs nucléaires
Mais ce taux de 97,4% de consommation d’électricité assurée par des énergies renouvelables n’implique pas pour autant un mix électrique presque 100% vert. Bien que la dernière centrale au charbon de Longannet ait été fermée en 2016, et tout juste démolie en décembre dernier, il subsiste encore en Ecosse une centrale au gaz à Peterhead, et quatre réacteurs nucléaires, dont deux sont en service à Torness, un troisième actuellement en phase de démantèlement (Hunterston A) et le quatrième en phase de déclassement (Hunterston B). Si malgré cela la nation peut s’enorgueillir de couvrir la quasi-totalité de sa demande électrique par les énergies vertes, c’est tout simplement parce qu’une part importante de la production, correspondant à peu près à celle du gaz et de l’atome, est exportée.
L’éolien prédominant
Le mix électrique en 2019 est largement dominé par l’éolien terrestre (62,8% du total de l’électricité renouvelable produite). L’Ecosse bénéficie, il est vrai, de vents d’une régularité exceptionnelle, qui permettent à certains parcs d’atteindre des taux de charge de 40%[2], alors qu’en moyenne, en Europe, c’est plutôt 25%.
Le reste de la production d’électricité verte est assuré par l’hydroélectricité (17,6%), l’éolien offshore (10,4%) et les autres énergies renouvelables telles que la biomasse, le photovoltaïque et les énergies marines (9,2%).
En 2020, l’Ecosse produisait 32 TWh[3] d’électricité renouvelable, ce qui couvrait un peu plus de 97% de sa consommation d’électricité brute. La production totale d’électricité en Ecosse, exportations incluses, atteignait en 2020 un peu plus de 51 TWh, comme l’indique le graphique ci-dessous :
Encore quelques efforts à fournir
Au niveau de la consommation d’énergie primaire, le chauffage (51,5% des besoins d’énergie primaire) et le transport (24,5%) demeurent toutefois des secteurs délicats empêchant l’Écosse d’entièrement passer aux énergies propres. Mais pour y remédier, les autorités écossaises se sont déjà fixé l’objectif d’atteindre le zéro carbone en 2045 et ont adopté un plan.
Le gouvernement compte stimuler l’électrification du parc automobile et accélérer à la fois le remplacement des chaudières à gaz au niveau des foyers par des sources renouvelables (pompes à chaleur, réseaux de chaleur, hydrogène vert). Seuls 6,5% des besoins énergétiques en chauffage sont aujourd’hui couverts par les énergies propres.
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De nombreux projets durables sont en cours de développement actuellement sur le territoire, soit en phase de d’instruction de permis, soit déjà autorisés. L’ensemble de ces projets totalise une puissance installée de plus de 15 GW.
La grande partie de ces capacités additionnelles proviendra de l’éolien terrestre, avec 5,1 GW qui ont déjà reçu un permis, et également 5,1 GW en phase de développement.
Les permis pour les projets éoliens en mer représentent 3,6 GW, mais ce chiffre est en constante augmentation, vu la taille croissante des projets en développement, à l’image de Scotwind.
L’appel d’offres ScotWind de Crown Estate Scotland, clôturé en juillet dernier, devrait conduire à terme à la construction d’une capacité éolienne offshore d’environ 10 GW, dont une grande partie devrait utiliser la technologie de l’éolien flottant.
A ces nombreux projets s’ajoutent encore ceux d’installations solaires (357 MW) et d’énergies marines (350 MW).
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[1] Gross electricity consumption : selon Scottish Renewables, la consommation d’électricité brute désigne l’électricité totale produite moins les exportations nettes.
[2] Ce chiffre signifie que, sur une année, les éoliennes ont fourni 40% de l’énergie qu’elles auraient produit si elles avaient tourné sans discontinuer, 365 jours sur 365, à leur puissance maximale.
[3] Source : www.scottishrenewables.com
Commentaires
L ecosse, 17 janvier 2022 est encore plus exemplaire; Scotwind Leasing a bien été la compétition de référence de l’éolien offshore et plus particulièrement flottant. En attribuant des concessions pour une capacité cumulée de près de 25 GW dont 15 GW flottants, un record, l’Ecosse a fait beaucoup d’heureux
En énergie finale (TWh) :
Quelle est la consommation annuelle d'électricité de l'Ecosse ?
Quelle est la part de l'électricité dans l'énergie totale annuelle consommée, et sa quantité annuelle ?
Quelle est donc la part des autres énergies et leurs quantités annuelles ?
Nous n'avons pas du Nucléaire ...mais les idées, oui !
Exemple simplifié sur l'année. Mes éoliennes produisent 120, mes centrales au charbon (!!) produisent 80. Je consomme 100 et j'exporte 100. Jusqu'ici ça va...
Maintenant calculons les répartitions. Je pourrais dire que ma consommation est à 120% renouvelable, ce serait rigolo. Et sous-entendrait que je n'exporte que de l'électricité sale.
En réalité j'exporte le surplus de production, qui est très variable, selon ma conso instantanée et la production éolienne instantanée, et aussi mes décisions de faire tourner ou non les centrales charbon (selon le cours du kWh sur le marché spot...).
Du coup il y a forcément des moments où je consomme mon électricité charbonnière sans rien exporter (panne de vent). Mais comment faire coïncider les phrases "je consomme du charbon" et "je produis à plus de 100% EnR"? Hmmmm!
La réponse se trouve peut-être dans cette foutaise de "certificats d'EnR". Qui consiste à dire que j'exporte du courant sale tout en consommant du courant propre. Sauf si je peux vendre mes certificats, mais alors je serai obligé d'admettre que je consomme du courant sale tout en exportant du courant propre! Et cela change quoi pour le climat? Rien, c'est juste pas les mêmes consommateurs qui auront l'impression de consommer propre.
Et comble de l'ironie, si je dis que plus de 100% de ma prod est propre et que je revends tous mes certificats, cela donnera l'impression que je ne consomme que du propre et que les clients étrangers n'importent de chez moi que du courant propre certifié. Bref, on a fait disparaître les centrales au charbon! Sur le papier.
Les centrales à charbon ont effectivement disparu d'Ecosse il y a 4 ans.
Certes, il s'agissait juste d'un exemple fictif pour parler des certificats grâce auxquels en France par exemple tout le monde ou presque semble consommer de l'électricité verte (et surtout pas nucléaire)...
Bonne nouvelle, d'abord pour l'exemple et puis si leur surproduction permet à d'autres de moins faire tourner des centrales à charbon, c'est tout bénef pour leurs finances et le climat de tout le monde.
On attend avec amusement le jour où ils annonceront avoir couvert 200% de leurs besoins grâce aux enr, puis 300%, puis 400% etc.
Je n'ai pas bien compris ce qu'il y aurait d'amusant. Pour l'Écosse et l'Irlande, il y a clairement l'ambition de produire plus que leur propre consommation, afin de pouvoir exporter de l'hydrogène vert ou des carburants de synthèse.
Ça s’appellera l’exportation. Qui permettra le foisonnement. Qui permettra de couvrir les périodes de production faible chez nous. Bref, j’attend avec bonheur plus qu’amusement.
Bien sûr les lignes électriques transportant l'électricité à travers l'Europe seront à la charge du contribuable, ce qui permettra au syndicat des enr de s'afficher comme étant peu cher...
Que ce soit à la charge du contribuable ou du consomateur.. ca revient en fin de compte presque exactement au même! voir par exemple ce que fait le gouvernement pour empecher que les prix de l'electricitée s'envolent... mais bien sur ca grave le bilan d'EDF detenu à plus de 80% par l'Etat, ce sont donc les contribuables qui payent. Vu qu'EDF pert toute credibilitée sur les marché (voir le cours de l'action...) et n'a plus les moyens pour financier en même temps la construction de nouvelles centrales, le grand carenage, le dementellement et les dechets pendants des miliers d'années, l'Etat donc les contribuables vont devoir mettre quelques centaines de milliards dans la balance dans les années qui viennent de toute façon.
Ça va bientôt arriver lol. Néanmoins, il faut admettre que l'éolien permet de répondre à la consommation 54% du temps ce qui est remarquable, mais le titre de l'article laisserait à penser que seul 3% de la prod est produite hors éolien ce qui est bien sûr archi faux.