Une étude publiée cette semaine dans la revue Nature Energy par des scientifiques de l’Université du Sussex en Grande-Bretagne et de l’International School of Management révèle que les énergies renouvelables sont jusqu’à 7 fois plus efficaces que le nucléaire pour réduire les émissions de CO2.
Les chercheurs ont analysé des données récoltées par la Banque Mondiale et l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) dans 123 pays pendant 25 ans Elle est divisée en deux périodes, de 1990 à 2004 et de 2000 à 2014, ce qui permet de mieux distinguer l’effet de l’émergence des renouvelables depuis de début de ce siècle. « Nous avons constaté que le développement de l’énergie nucléaire dans le monde ne permet pas de réduire suffisamment les émissions de carbone. Le nucléaire ne devrait donc plus être considéré comme une énergie efficace dans la lutte contre les changements climatiques » expliquent-ils. Ils proposent dès lors aux Etats qui désirent réduire leurs émissions rapidement et à moindre coût de donner la priorité au développement des énergies renouvelables.
Les scientifiques ont observé que les pays qui disposent des parcs nucléaires les plus importants n’ont pas tendance à réduire significativement leurs émissions. Dans les pays peu développés, les programmes nucléaires semblent même être associés à un accroissement de celles-ci.
Donner la priorité aux renouvelables
A l’inverse, les Etats qui s’engagent dans des politiques donnant la priorité aux renouvelables parviennent mieux à réduire leurs émissions, et cela quel que soit le niveau de leur PIB ou la période observée.
Selon Patrick Schmid, professeur à l’International School of Management de Munich, « la relation entre la promotion des sources d’électricité renouvelable et la réduction des émissions de CO2 est, dans certains pays, jusqu’à sept fois plus forte que la relation correspondante pour le nucléaire ».
Or les gouvernements sont enclins à privilégier soit le nucléaire soit les renouvelables et rarement les deux sources d’énergie à la fois, peut-on lire dans l’article.
Le nucléaire est moins efficace
« L’analyse des données récoltées indique clairement que le nucléaire est la moins efficace des deux principales politiques de réduction des émissions de carbone » nous confie Benjmin Sovacool, professeur à l’Université du Sussex. « Comme la coexistence des deux stratégies dans un même Etat semble difficile, il ne paraît pas sage de développer les investissements dans l’atome car ils se feront au détriment des renouvelables » poursuit-il. Pour son collègue Andy Stirling, l’étude démontre l’incohérence des arguments qui plaident pour un développement simultané des deux sources d’énergie car « les tensions et les incompatibilités qui existent entre elles risquent de ruiner les efforts faits pour combattre les changements climatiques ».
Les données analysées par les chercheurs montrent notamment que les projets nucléaires sont plus sujets aux retards et aux dépassements de coûts que les projets renouvelables, lesquels sont réalisés à plus petite échelle et permettent de produire plus rapidement de l’énergie décarbonée.
Les énergies renouvelables présentent en outre une courbe d’apprentissage positive puisque, de projet en projet, les coûts diminuent et les performances augmentent. En comparaison, la courbe du nucléaire est négative. L’étude mentionne le cas français, où chaque nouvelle génération de réacteurs engendre des coûts et des durées de construction à la hausse. En cause, le renforcement des mesures de sécurité après chaque accident majeur (Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima).
Les résultats de cette étude devraient conforter la décision prise par le tout nouveau gouvernement belge qui vient de confirmer dans son accord la sortie du nucléaire en 2025.
Le communiqué de l’Université du Sussex
L’article publié dans Nature Energy
Attention à ne pas confondre énergies renouvelables et ENR (énergies nouvelles renouvelables). La première catégorie comprend l’hydroélectricité, et pas la seconde. Oui, dans des pays très peu développés, avec de petits réseaux électriques et des mini centrales à fioul (voire des groupes électrogènes non connectées au réseau), la mise en service d’un ou quelques gros aménagements hydroélectriques, associés à une extension du réseau de distribution, peut permettre de réduire considérablement la consommation de combustible fossile pour la production d’électricité. C’est factuel, logique, explicable, etc. Au contraire, les centrales nucléaires sont construites dans des pays industrialisés avec des réseaux très lourds,… Lire plus »
Bonsoir. Je suis actif et convaincu par les énergies renouvelables mais il faut rester proportionné. Notre consommation nationale est d’un peu moins de 400 TWh/an d’énergie primaire. Le PV c’est actuellement 5 TWh/an (Apere) L’éolien 10 TWh/an (Apere 2019). Le potentiel de biométhane à injecter 14 TWh/an (Valbiom 2020). Il y a encore du chemin à parcourir pour une décarbonation significative de notre mix d’énergie primaire. Garder en fonctionnement des unités nucléaires existantes -bas carbone- (avec les retrofits nécessaires) me paraît relever de la bonne gestion. Gardons du bon sens et faisons attention aux études complexes où ce bon sens… Lire plus »
Une belle étude déconnectée de la vie réelle: « Here, we use multiple regression analyses on global datasets of national carbon emissions and renewable and nuclear electricity production across 123 countries over 25 years to examine systematically patterns in how countries variously using nuclear power and renewables contrastingly show higher or lower carbon emissions. We find that larger-scale national nuclear attachments do not tend to associate with significantly lower carbon emissions while renewables do. We also find a negative association between the scales of national nuclear and renewables attachments. » Une étude basée sur la production globale de CO2 (tous secteurs confondus)… Lire plus »
L’article paru parle de corrélation. Cette étude, si elle se veut scientifique, doit être validée, comme il se doit, par des scientifiques pairs et comité de lecture. Sinon, elle doit être admise avec beaucoup de précautions. La France, quant à elle et avec son mix très nucléarisé, se montre bien placée toute l’année et depuis des décennies pour ses faibles émissions (pour le secteur électrique) de CO2 et autres pollutions générées par les combustibles fossiles comme le charbon, la lignite et le fuel. Ce qui n’est apparemment pas le cas des pays ayant beaucoup misé sur les renouvelables autres que… Lire plus »
Une centrale nucléaire possède deux tranches de 900 mégawatts soit au total 1800 mégawatts. Pour compenser l’arrêt de cette centrale il faut installer 600 éoliennes de 3 mégawatts. Vous les installez ou: dans votre jardin?
Les éoliennes on peut les installer en mer, dans les champs et les campagnes. La place ne manque pas. Et puis le nucléaire on ne le remplace pas qu’avec des éoliennes, mais aussi des panneaux photovoltaïques qu’on peut installer sur tous les toits, les parkings (ombrières), les friches industrielles etc. Aussi par des centrales biomasse, de la géothermie, etc. Les solutions existent et elles sont validées par de très nombreuses études scientifiques et universitaires. Par contre les déchets nucléaires qui restent hyper dangereux pendant des centaines de milliers d’années, on va les installer où ? Dans votre jardin ?
Les déchets nucléaires qui restent dangereux sur des durées de vie longue représentent à l’heure actuelle un peu moins de 47.000 m3 en France après 40 ans de fonctionnement de tous nos réacteurs (soit un cube de 36 mètres de côté). C’est donc loin d’être ingérable, d’autant plus que la recherche avance pour, à l’avenir, être en mesure soit de réutiliser ces « déchets » dans des réacteurs de 4ème génération, soit de les détruire (le laser haute puissance est une des pistes), soit de les stocker dans des couches géologiques stables (celles où se sont formées le pétrole par exemple).
Ne vous fiez pas aux chiffres trompeurs propagés par le lobby nucléaire à propos des déchets nucléaires. En réalité il existe aujourd’hui un stock mondial d’environ 250.000 tonnes de combustibles nucléaires usés hautement radioactifs répartis dans quinze pays. Et chaque année l’exploitation des réacteurs nucléaires dans le monde en produit 12.000 tonnes supplémentaires. La majeure partie de ce combustible irradié reste entreposée dans des piscines de refroidissement sur les sites des réacteurs, qui manquent de défenses en profondeur, comme le confinement secondaire, et sont vulnérables à une perte de refroidissement. Dans de nombreux cas, ils ne disposent même pas d’une… Lire plus »
Les chiffres que j’ai donné ne viennent pas du « lobby nucléaire » mais de l’Andra, qui est un établissement public placé sous la tutelle des ministères chargés de la Recherche, de l’Industrie et de l’Environnement. Le fait qu’après 60 ans de recherche personne n’ait encore trouvé le moyen de traiter les déchets les plus dangereux ne signifie pas que le combat soit perdu, bien au contraire. Les montants investit dans la filière au niveau mondial se compte en milliards (en centaines de millions en France) donc votre pessimisme me semble en décalage avec la réalité. La tectonique des plaques concerne des… Lire plus »
Plutôt que dépenser des milliards en pure perte pour chercher une solution pour les déchets, il vaudrait mieux ne plus en produire. Ce serait pas plus logique ? Comme on dit souvent : le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas.
L’humanité continuera a produire des déchets nucléaire pendant près d’1 siècle puisqu’il y a une cinquantaine de réacteurs en construction dans le monde en ce moment et que leur durée de vie pourra aller jusqu’à 80 ans.
Les milliards dépensés pour trouver une solution aux déchets n’est donc malheureusement pas une option.
Le fantasme d’une recherche qui avance pour réutiliser ces déchets et les neutraliser date de 1957…… elle avance donc à la vitesse escargot mais elle nous a déja couté plus cher que l’EPR avec 8 réacteurs (rien qu’en France +les américains+anglais+russes, et italiens) construit spécialement dans ce but :
1957 Rapsodie
1961 Rachel
1965 Harmonie
1966 Masurca
1968 Phénix
1968 Prospero
1970 Caliban
1986 Superphénix
2010
Astrid1957 on y a échappé de peu avec l’arret en 2020 quand il n’était encore que sur le papier.MAIS SURTOUT…….. TOUS DES BIDES
Je me permet d’ajouter que si l’ensemble du bâti du pays orienté sud était couvert de PPV, il produirait le double de ce que produit l’ensemble du parc nucléaire du pays.
CF: Etude de l’économiste énergéticienne Julia Cagé-Piketty (Le regard des hommes sur le Soleil) paru aux éditions encyclopédiques ISTE.
Et la tranche nucléaire, vous la mettez dans votre jardin ? De plus vous vous trompez il en faut plus que 600 puisque le facteur de charge est moindre, mais comme je vois que vous en êtes à ce niveau école primaire dans les calculs comparatifs, je préfère en rester là
Un exemple d’observation très intéressant : la Chine… on verra comment ils décarbonent leur industrie du charbon sans nucléaire…et les Allemands avec. D’ailleurs, c’est déjà vu. L’étude est biaisée par le fait que pour l’instant, on n’a pas décarboné l’industrie lourde. On s’est contenté de compenser l’augmentation du besoin (= augmentation de la population) par les ENR. Concernant le nucléaire, l’exemple français est certainement le pire : perte du savoir faire, entente européenne difficile, contraintes extrêmes. Quant au coût du pilotage des ENR, on en reparlera, c’est toujours la même chose. Cela dit, l’objectif majeur de décarbonation n’est pas atteint… Lire plus »
Le pilotage des EnR est souvent surestimé : le Danemark fournit presque 50% de son électricité à partir du vent. Il est vrai qu’il bénéficie de suffisamment d’interconnections avec les pays voisins. Nous sommes en transition, et le nucléaire a sans doute encore quelques années devant lui. Mais le coût des EnR diminue, les centrales nucléaires vont être de plus en plus coûteuses, et les recherches en matière de stockage avancent. Une fois cette question résolue, on ne parlera plus de transition : on sera dans un nouveau paradigme. Et si en plus le bilan CO2 du nucléaire n’est pas… Lire plus »
Je ne suis ni pour ni contre les ENR ou le nucléaire. J’aime assez votre réponse, Bruno, bien moins sectaire que celles de notre ami Rochain. C’est une course qui est engagée. Aujourd’hui, la trajectoire de nos émissions est sur celle du scénario RCP8.5. Si les intentions de la COP21 (les NDC) se concrétisaient réellement, les dernières études placent la trajectoire sur le RCP4.6 avec un réchauffement d’un peu plus de 3°. A cette valeur, le GIEC annonce clairement une insécurité alimentaire généralisée (synonyme de déstabilisation géopolitique certaine). Il faut donc éliminer rapidement 20 GtCO2/an de résidus d’émissions anthropiques persistants… Lire plus »
Je ne vois pas où se trouve le sectarisme à partir de chiffres qui résultent d’organismes économiques, statistiques, et scientifiques.
Quant à la Chine ce n’est pas le nucléaire qui va beaucoup l’aider à décarboner son industrie puisque sa pente de croissance nucléaire est 15 fois plus faible que sa pente de croissance renouvelable, notamment hydroélectrique.
Quand le résultat d’une étude ne correspond pas à ses propres souhaits c’est que l’étude est biaisée….. c’est évident ! La Chine puisque vous en parlez investit beaucoup plus dans les ENR que dans le nucléaire pour décarboner son énergie, et non pas son industrie du charbon qui ne saurait être décarbonée cela n’a pas de sens. Vous avez néanmoins raison sur un point : avec l’Allemagne, c’est déjà vu ! Avec les unité en Mt-CO2 L’Allemagne est passé entre 1990 à 2020 de 1249 à 749 soit une baisse de 40% La France dans le même temps est passée… Lire plus »