Jusqu’ici farouchement opposé au nucléaire, le Luxembourg est-il en train de retourner sa veste ? Sans aller jusqu’à vouloir construire une centrale nucléaire sur son sol, le pays de 645 000 habitants a annoncé, par le biais de son premier ministre, être ouvert à la technologie.
En marge du sommet européen sur le nucléaire, qui s’est tenu la semaine dernière à Bruxelles, le Premier Ministre du Luxembourg, Luc Frieden, a eu des mots pour le moins surprenants concernant le nucléaire. Celui-ci a, en effet, déclaré que le gouvernement luxembourgeois était ouvert à la technologie nucléaire. Il a ajouté que le Luxembourg ne souhaitait pas dire aux autres pays comment abandonner l’énergie fossile, sous-entendant que le nucléaire était une solution comme une autre. Si celui-ci a également rappelé qu’il n’y aurait pas de centrale nucléaire dans le pays, cette déclaration tranche avec la traditionnelle position anti-nucléaire du Luxembourg. L’année dernière encore, Xavier Bettel, alors Premier Ministre, tenait un discours opposé au nucléaire en affirmant que cette technologie n’était ni sûre, ni rapide, ni bon marché et n’était pas respectueuse du climat.
Un changement surprenant pour un pays historiquement opposé au nucléaire
L’opposition du Luxembourg contre le nucléaire ne date pas d’hier, mais fait suite à un projet de centrale qui aurait dû être mise en service dans la ville de Remerschen en 1981. À l’époque, le projet de construction d’une centrale de 1 300 MWe avait failli voir le jour. Cependant, dès le début du projet, en 1973, la société civile luxembourgeoise avait commencé à former une résistance contre cette centrale. Si cette opposition massive a abouti à l’abandon du projet en 1979, elle ne s’est pas arrêtée aux frontières du pays, et a duré jusqu’au milieu des années 1990 contre le projet voisin de la centrale française de Cattenom. Depuis lors, le gouvernement luxembourgeois a non seulement abandonné l’idée de construire une centrale nucléaire, mais a demandé à de nombreuses reprises la fermeture de la centrale française de Cattenom (5 200 MWe) ainsi que des centrales belges de Tihange (2 000 MWe) et de Doel (1 928 MWe).
À ce jour, le pays est largement importateur d’électricité, puisqu’il en consomme environ 6,7 TWh par an (2022), mais n’en produit que 2,2 TWh (2022), dont la majorité provient de l’hydroélectricité. La consommation électrique moyenne par habitant est presque deux fois plus élevée au Luxembourg qu’en France (12 135 MWh/an/habitant au Luxembourg contre 6 908 MWh/an/habitant en France).
Il suffit qu’un ministre prononce le mot nucléaire sans cracher de dégoût pour qu’aussitot les nucleophiles annoncent avec roulement de tambour que le pays de ce ministre lançait assurément la constructions de plusieurs réacteurs, et probablement des EPR si c’est dans la bouche d’un français.
Serge Rochain
Étonnant de vouloir produire son électricité, quand les milliers de milliards d’évasion fiscale européenne qui atterrissent au Luxembourg depuis des décennies lui permettent d’en acheter à n’importe quel prix.
Un 5e réacteur à Cattenom ?
Je suis surpris du chiffre de la production d’électricité luxembourgeoise? On lit 2.2 TWh dans l’article mais sur Electricity Map (https://app.electricitymaps.com/zone/LU) et le site PAPERJAM (https://paperjam.lu/article/luxembourg-petit-mais-responsa), on semble plutôt à la moitié. Quelle est la vraie valeur ? O alors, il y a confusion entre production sur le territoire et importation d’électricité et de la source avec ? Je suis très surpris également du titre de l’article qui sous-entend « Ce pays ne produit pas d’électricité du tout et ils vont enfin s’y mettre ». Alors qu’on lisant l’article on lit, justement qu’ils produisent 1.1 TWh (ou 2.2). Le titre n’est pas cohérent… Lire plus »