Illustration : Révolution Énergétique.
Dès le 15 octobre et jusqu’au printemps, certains ballons d’eau chaude ne fonctionneront plus en journée. La mesure doit permettre de réduire le risque de tension sur le réseau électrique cet hiver. Mais peut-elle vraiment nous priver d’eau chaude ? Y a-t-il un rapport avec le compteur Linky ? On démêle le vrai du faux.
Il y a plus de 11 millions de cumulus électriques installés en France selon l’ADEME. En considérant une puissance moyenne de 1,5 kW par appareil, l’ensemble du parc pèse environ 16,5 GW. Une puissance monumentale, qui équivaut à 18 réacteurs nucléaires de palier CP0 (900 MW).
Autour de 75 % des cumulus sont « asservis » d’après RTE, le gestionnaire du réseau électrique national. Cela signifie que leur démarrage est actionné automatiquement par le réseau pendant les heures creuses uniquement, chez les clients ayant opté pour ce type de contrat.
Les plages d’heures creuses varient selon l’emplacement géographique et divers paramètres, pour éviter que tous les cumulus ne s’activent simultanément en sollicitant brutalement le réseau électrique. Elles s’étalent sur 8 heures par jour, principalement la nuit, mais incluent parfois une tranche « méridienne », en milieu de journée ou d’après-midi. Pour connaître ses plages d’heures creuses, il suffit de consulter sa facture d’électricité.
À lire aussi Offres d’électricité heures pleines / heures creuses : pourquoi est-il urgent de les rendre plus attractives ?Économiser jusqu’à 2,5 GW de puissance
Face au risque de pénurie d’électricité cet hiver, le gouvernement a décidé de supprimer temporairement cette plage méridienne. Concrètement, du 15 octobre 2022 au 15 avril 2023, les chauffe-eau asservis ne seront plus activés en journée, de 12 h à 14 h. Ils continueront de fonctionner sur la plage d’heures creuses nocturne habituelle. La tarification, elle, est inchangée.
Cela doit permettre d’économiser de 1 à 2,5 GW de puissance aux alentours de midi, soit l’équivalent de 1 à 2 réacteurs nucléaires. Ce levier est donc loin d’être négligeable et devrait réellement contribuer à soulager le réseau.
#Linky, ballon d’eau chaude, coupures et heures creuses, quelques éléments de contexte pour (mieux) comprendre ce qu’il se passe 👇 (1/6) pic.twitter.com/TjPzqIk2C5
— Enedis (@enedis) October 4, 2022
Qui est concerné ?
La mesure est actée par un arrêté, qui précise que « les gestionnaires de réseaux publics de distribution d’électricité désactivent la fermeture du contact pilotable […] entre 11 heures et 15 h 30. Cette désactivation quotidienne, qui ne peut être supérieure à deux heures, commence avant 14 heures. »
L’arrêté oblige les fournisseurs à informer leurs clients de la mise en œuvre de la mesure avec un préavis d’au-moins une semaine. En clair, vous êtes concernés uniquement si :
• Vous êtes titulaire d’un contrat d’électricité de type heures pleines/heures creuses.
• Votre contrat prévoit une plage d’heures creuses en milieu de journée.
• Votre ballon d’eau chaude est piloté par un contacteur jour-nuit.
• Votre contacteur jour-nuit est en position « auto ».
Le compteur Linky est-il impliqué ?
La désactivation des ballons d’eau chaude en journée n’est pas rendue possible par une nouvelle technologie et n’est pas non plus liée au compteur Linky. Il s’agit d’un système de pilotage déployé depuis des décennies et qui existait déjà sur les vieux compteurs électromécaniques et électroniques. Cette mesure touche donc tous les clients concernés, qu’ils soient équipés ou non d’un compteur Linky. Mais comment cela fonctionne ?
Pour être piloté à distance par le réseau, le ballon d’eau chaude doit impérativement être relié à un « contacteur jour-nuit ». Ce contacteur, placé dans le tableau électrique à côté des disjoncteurs, n’est rien d’autre qu’un interrupteur doté de 3 positions : « ON », pour faire fonctionner le ballon en continu, « OFF », pour l’arrêter, et « AUTO » pour démarrer automatiquement le ballon durant les heures creuses, selon les instructions du réseau.
Le contacteur est relié au compteur (Linky ou non) par un « fil pilote », qui transmet l’ordre de coupure ou de démarrage en provenance d’Enedis, le gestionnaire du réseau électrique basse et moyenne tension. Aucune donnée n’est transmise par ce fil pilote. Seul un faible courant y circule, afin d’ouvrir ou fermer le contacteur. En l’absence de contacteur et/ou de fil pilote, le contrôle du chauffe-eau par le réseau est impossible.
À lire aussi On teste 4 outils pour gérer sa consommation d’électricité en temps réelIl reste possible de s’y opposer
Si cela n’est pas très pertinent, vous pouvez tout de même vous opposer à l’extinction de votre cumulus en journée, en plaçant l’interrupteur du contacteur sur la position « ON » (marche forcée).
Il est également possible de déconnecter le fil pilote pour interrompre la transmission d’ordres depuis le compteur, à vos risques et périls. Cette mesure temporaire n’est donc pas une forme de contrôle ni de réduction des libertés, mais davantage un acte de solidarité facile dans un contexte exceptionnel. D’autant qu’elle n’aura pas d’impact significatif sur la production d’eau chaude de votre cumulus.
À lire aussi Les compteurs Linky seront-ils bridés pour sauver la France d’un blackout ?Pas d’effet sur le confort, sauf cas exceptionnel
Tous les clients d’un contrat heures pleines / heures creuses ne bénéficient pas d’une plage d’heures creuses en journée. Ces derniers ne sont ainsi pas concernés. Le cas inverse, la tranche d’heures creuses nocturne reste toujours plus longue que la tranche méridienne.
Selon sa capacité, un cumulus nécessite généralement 4 à 8 h pour reconstituer entièrement son stock d’eau chaude une fois vidé. La plage nocturne demeure donc la plus pertinente, quelle que soit la répartition des créneaux d’heures creuses. Sauf usage très intensif (plusieurs bains, douches extrêmement longues, présence de nombreux invités…) ou mauvais dimensionnement (ballon trop petit au regard du nombre d’occupants du logement), il est assez rare de vider totalement son ballon d’eau chaude en une seule journée.
Par ailleurs, la plage d’heures creuses méridienne ne suffit jamais à reconstituer complètement le stock du cumulus. Elle permet de regagner, au mieux, environ 50 % de sa capacité. Sa suppression temporaire n’implique donc pas de compromis sur le confort, sauf situation exceptionnelle. Dans ce cas, il reste de toute façon possible d’enclencher le contacteur en position « ON » afin d’activer la chauffe du ballon en toute indépendance.
À lire aussi Pour éviter le blackout électrique cet hiver, il faudra lever le pied pendant les pics selon RTE
Commentaires
Les heures creuses (HC) concernent tous les matériels sélectionnés par l'utilisateur qui sont commandés par le contact HC. Ce sont évidemment les chauffe-eau, mais aussi le chauffage à accumulation, voire le chauffage électrique direct, les pompes à chaleur, etc.
La France des années 80, les heures creuses et pleine du au nucléaire.
Nous avons 40 ans de technologie française qui se résume au pilotage a distance d'un interrupteur on off.
Et le pire 90% des gens ne comprennent rien a comment le ballon d'eau chaude et piloté ou chauffe. Et après on demande aux gens aux politiques de prendre des décisions pour l'avenir.
Chauffe eau solaire, en Allemagne.
Photovoltaïque avec délestage de surpuissance.
Chauffage direct sur résistance en continue.
On va suivre les préconisations du gouvernement se laver les mains a l'eau froide...on les voit venir les hommes des cavernes, ils accusent les écolos de revenir à la bougie. Les grands dirigeants appellent a ne plus se laver les mains...nous revoilà au moyen âge.
mais il n'y a pas de fil pilote, vous confondez avec autre chose
C'est le truc un peu idiot des cumulus.
Le genre d'appareil qui devrait être intelligent, l'utilisation de l'eau chaude étant assez régulière et la montée en température assez stable aussi.
Il est donc possible d'avoir un profile d'utilisation et donc un cumulus qui pourrait chauffer l'eau en prévision la plupart du temps.
La commande à distance n'est qu'un palliatif, il fonctionne mais y a mieux à faire.
Linky n'y est pour rien, c'est un signal de quelques Hertz qui est ajouté au courant pour attaquer un résonateur, c'est totalement électromécanique, ça a plus de 50 ans d'âge...
Je suis en train de réfléchir à ne brancher qu'une des trois résistances de mon cumulus (3x500W) pour qu'elle chauffe avec mes panneaux photovoltaïques...
Les deux autres résistances sur le réseau la nuit...
Est ce une 'bonne' solution ou plutôt va-t-il y avoir un soucis ?
Le mieux est d'utiliser un routeur solaire qui redirige le surplus de production vers un consommateur résistif comme un chauffe eau par exemple.
Ici un exemple d'appareil mais il en existe bien d'autres:
https://www.oscaro-power.com/pilotage/692-3755-power-reducer-le-pilotage-de-surplus-photovoltaique-de-4noks-pour-gestion-d-energie.html#/477-accessoires_4noks-power_reducer_sa
Bonjour, en regardant juste le lien que vous envoyez, @Brace, je vois que le routeur coûte près de 500 € (non installé), ça doit donc être un bijou de technologie c'est donc une sorte d'escalade à la complexité pour un bénéfice bien faible (pour l'utilisateur comme pour la société). Et en plus, ce n'est pas compatible avec les électrodes en stéatite, disent-ils.
De mon côté, @vvdb, j'ai un chauffe-eau 300L à 3x1000W, et après consultation de mon électricien, j'ai débranché 1 électrode. Cela réduit les pics de consommation (même si c'est la nuit) et me permet de temps en temps d'utiliser les panneaux photovoltaïques qui chez moi sont limités à 2500W de puissance. Rien de fabuleux, mais au moins c'est ultra-simple.
Ici, un anglais proposait de vendre uniquement les composants pour construire une routeur solaire:
https://mk2pvrouter.co.uk/shop.html
Malheureusement, il ne vent plus de kit mais il est possible de la monter soit même en achetant les composants séparément.
https://mk2pvrouter.co.uk/downloads.html
C'est plus compliqué mais moins cher.
Beaucoup de personnes utilisent un routeur solaire. Je trouve cette solution plus propre et plus optimisée.
Après chacun fait ce qu'il veut.