L’armée française sera-t-elle un acteur majeur de la transition énergétique ?


« C’est parce que nous avons l’empreinte environnementale la plus importante de l’Etat que nous avons l’impérieux devoir d’être un acteur volontaire et engagé de la transition énergétique ». Voilà ce qu’a récemment déclaré Florence Parly, ministre des armées, qui estime par ailleurs que les changements climatiques amplifient les menaces traditionnelles.

Le 2e Régiment Étranger du Génie établi à Saint-Christol (Vaucluse) est probablement l’une des unités de l’armée française les plus en pointe en matière de transition énergétique. Sa caserne est en effet équipée d’une chaufferie biomasse et d’un parc de capteurs solaires à concentration d’une superficie de 1.000 m², lequel vient d’être inauguré ce 5 septembre par Florence Parly. Deux installations qui permettent de réduire de 90 % les émissions de gaz à effet de serre de ce site militaire, et sa consommation d’énergie fossile de 45%. D’ici décembre, une surface supplémentaire de  5 hectares y sera mise à disposition d’un opérateur privé pour installer des panneaux photovoltaïques.

A l’occasion de sa visite à Saint-Christol, la ministre des armées a révélé les détails de la politique énergétique et environnementale qu’elle compte mettre en place dans son ministère, particulièrement gourmand en énergies fossiles. « C’est parce que nous avons l’empreinte environnementale la plus importante de l’État que nous avons l’impérieux devoir d’être un acteur volontaire et engagé de la transition énergétique » s’est-elle exclamée devant un parterre de hauts gradés.
Premier propriétaire foncier de France avec 274.000 hectares de terrains militaires, l’armée en libérera 2.000 d’ici 3 ans pour y implanter des installations photovoltaïques. Les entreprises privées qui les exploiteront lui verseront une redevance. Ce projet s’inscrit dans le cadre du plan gouvernemental « Place au soleil » qui ambitionne de mobiliser tous les acteurs nationaux pour accroître la part du solaire dans le mix énergétique français. Par contre la ministre n’a pas dit un mot sur la construction éventuelle de parcs éoliens sur des sites appartenant à l’armée. Il semble qu’ils n’aient pas bonne presse au sein de la « grande muette ».

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1.000 m² de capteurs solaires à concentration installés sur un terrain de l’armée à Saint-Christol

« Pour intensifier encore la réduction de notre consommation d’énergie, j’ai décidé d’accélérer le rythme d’établissement des contrats de performance énergétique sur les emprises du ministère, ainsi que le plan de mise aux normes énergétiques de nos bâtiments » a poursuivi Florence Parly. La rénovation énergétique de 5.300 logements domaniaux sera engagée.
Pour ce qui concerne l’empreinte carbone, la ministre dit avoir pris la décision de supprimer les chaufferies au charbon et au fioul lourd dans les « meilleurs délais ». En précisant que, pour les remplacer, le « raccordement de nos sites aux réseaux de chaleur urbains ou à défaut l’utilisation de chaufferies biogaz ou biomasse » seront privilégiés.

Constitution d’une « Task Force Energie » pour des véhicules militaires plus verts

En matière de mobilité, madame Parly annonce que les véhicules de service du ministère seront progressivement remplacés par des voitures électriques ou hybrides, l’objectif (pas très ambitieux) étant de « verdir » la moitié du parc d’ici… 2030. Elle souhaite aussi que l’ensemble des sites et des bases militaires organise plus rationnellement les transports de personnels en recherchant « chaque fois que possible les meilleures solutions avec les collectivités locales. »

Pour ce qui concerne les émissions de CO2 des véhicules et engins de combat, les objectifs environnementaux de la ministre risquent d’être sérieusement entravés par le plan SORPION. Ce programme d’armement, qui vise à renouveler et moderniser les capacités opérationnelles de l’armée de Terre, prévoit l’acquisition de nouveaux véhicules blindés plus lourds et plus énergivores.
Le Service des essences des Armées (SEA) anticipe d’ailleurs une hausse de 20% des consommations de carburants, lesquelles devraient atteindre 1 million de mètres cube par an. Or, entre 2016 et 2018, le choix de remplacer des moteurs diesel par des moteurs à essence aurait déjà fait grimper les consommations d’essence de 97,5%. Et, comme on le sait, à puissance égale, un moteur à essence émet plus de CO2 qu’un diesel.

Pour réfléchir à ce problème, la ministre annonce la création prochaine d’une « Task Force Energie » qui se saisira de la question. « Je souhaite que le ministère anticipe les évolutions nécessaires à nos équipements de défense, pour prendre en compte la problématique des nouvelles énergies », a-t-elle dit en évoquant, sans les détailler, des solutions de « carburants alternatifs » étudiées par le SEA ainsi que « l’hybridation électrique de certains matériels terrestres. »

Les changements climatiques amplifient les menaces traditionelles

Pour Florence Parly, « tout l’enjeu sera de trouver le bon équilibre entre les contraintes opérationnelles et notre ambition environnementale » en rappelant les liens étroits entre défense et climat.
Contrairement au choix fait par certains Etats comme le Costa Rica de supprimer leur armée et de consacrer le budget ainsi économisé au développement des énergies renouvelables, la ministre estime les efforts de défense nécessaires car les changements climatiques amplifient les menaces traditionnelles. « Tout, absolument tout est lié. Et lorsque la planète se sera essoufflée, ce sont les Armées qui seront en première ligne » explique-t-elle. « Les sécheresses, les crues et la montée des eaux, l’érosion des coraux ne sont pas que des événements naturels, ou mêmes seulement humains. Ce sont aussi des événements stratégiques. Ils redessinent les cartes. Ils créent de nouvelles tensions. Ils déplacent des populations, créent de nouvelles failles, de nouveaux conflits ».

Source : opex360.com

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