L’appel d’offres sur l’installation de centrales solaires en toitures issu de la deuxième programmation pluriannuelle de l’énergie est-il encore pertinent ? Malgré une révision récente de ce dernier, la question commence à se poser alors que le nombre de lauréat diminue drastiquement. 

En 2021, le ministère de la transition écologique lançait un appel d’offres portant sur la réalisation et l’exploitation d’installations de production d’électricité à partir d’énergies solaires sur bâtiments. Découpé en 14 périodes, cet appel d’offres était destiné à favoriser le déploiement de 5,6 GW d’installations photovoltaïques sur bâtiments grâce à un complément de rémunération sur 20 ans. 3 ans plus tard, la septième période de cet appel d’offres vient de se terminer et les résultats montrent une nette chute du nombre de projets retenus. Sur les 400 MWc de puissance visés sur la période, seulement 179,9 MWc d’installations ont été retenus, soit 50 projets contre 90 lors de la précédente période. Cette dernière avait alors retenu, au total, près de 362,2 MWc d’installations photovoltaïques.

Si la limite inférieure concernant la puissance minimale des projets est fixée à 500 kWc, le plus petit projet retenu affiche une puissance de 900 kWc tandis que la puissance moyenne des installations se situe à 5 MWc.

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Un appel d’offres pointé du doigt par la CRE

Si les causes exactes du faible succès de l’appel d’offres PPE2 PV Bâtiment ne sont pas identifiées, ce mécanisme, récemment modifié, présente quelques limites qui ont été mises en lumière par le dernier rapport de la Commission de Régulation de l’Énergie. Dans celui-ci, la CRE pointe du doigt plusieurs problèmes concernant le type de projet retenu. Derrière la notion d’ombrière photovoltaïque, censée caractériser une partie des projets retenus, se cache une large variété d’installations dont certaines s’apparentent plus à une installation solaire au sol qu’une installation sur bâtiment. C’est notamment le cas pour certaines ombrières sur cultures céréalières retenues dont la hauteur du point bas est inférieure à 1 mètre. Or, le soutien financier dans l’appel d’offre « bâtiment » est supérieur à celui du photovoltaïque au sol à hauteur de 20 €/MWh. Pour permettre une distinction claire entre ces deux types d’installation, la CRE propose la mise en place d’un double critère de hauteur permettant de mieux définir l’installation.

Surtout, la CRE a souligné le manque de prise en compte de l’évolution économique du marché du photovoltaïque. Toujours selon la CRE, le prix des modules photovoltaïques a énormément baissé depuis un an, atteignant un niveau historiquement bas, or le prix de ces cellules représente près d’un tiers du coût total de l’investissement pour une installation solaire. Pourtant, la France continue de retenir des projets dont les coûts d’installation sont stables, et compris entre 80 € et 100 €/MWh, contre 52 €/MWh en Allemagne par exemple.