Depuis le 1er juillet, la City of Sydney, l’arrondissement central de la ville la plus peuplée d’Australie, incluant le quartier d’affaires et de nombreux quartiers résidentiels avec 250.000 habitants, est alimentée en électricité 100% renouvelable.
En juin dernier, le conseil municipal de la ville australienne a pris une décision importante en faveur d’une action climatique : tous les services municipaux de la City of Sydney – comprenant les piscines, les terrains de sport, les entrepôts de la ville, 115 bâtiments municipaux, 75 parcs, 23.000 lampadaires ainsi que l’Hôtel de Ville historique – sont désormais alimentés en électricité d’origine renouvelable.
De nombreuses retombées positives
Si le contrat d’achat d’électricité verte entraîne un coût de 40 millions d’euros, il permettra à la City d’économiser 300.000 euros par an au cours des dix prochaines années, et de réduire les émissions de CO2 de la municipalité de quelques 20.000 tonnes par an, l’équivalent des émissions de 6.000 ménages.
L’accord permettra en outre à la ville d’atteindre déjà en 2024 son objectif de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 70% en 2030, soit six ans plus tôt qu’initialement prévu.
Selon Clover Moore, la maire de Sydney, le nouvel accord permettra de créer de l’emploi, de soutenir les communautés impactées par la pandémie du COVID-19, et de créer de nouvelles opportunités dans l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud, une région particulièrement affectée par les sécheresses répétées.
La ville a conclu un contrat d’achat avec le fournisseur Flow Power dont le CEO, Matthew van der Linden explique que ce projet peut contribuer à accélérer la transition du pays vers la neutralité carbone. Selon le classement de CDP [1] en 2019, Sydney est l’une des 43 villes citée pour ses engagements en faveur de la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre et sa lutte contre les événements climatiques extrêmes, tels que l’élévation du niveau de la mer, les incendies et la sécheresse.
« Les villes sont responsables de 70% des émissions de gaz à effet de serre à travers le monde, il est dès lors primordial que nous mettions en place des mesures environnementales concrètes et efficaces », explique la maire Clover Moore.
Du vent et du soleil
Trois quarts de l’électricité fournie à la City of Sydney est d’origine éolienne, le quart restant est généré par trois centrales photovoltaïques. L’une de celles-ci, baptisée Shoalhaven, se compose de 10.000 panneaux et alimentera 1.500 foyers.
Quant à la centrale solaire de Bomen, d’une puissance de 120 mégawatts, elle se différencie des deux autres par ses cellules photovoltaïques bifaces. Ses 310.000 panneaux étalés sur 250 hectares sont tous équipés d’une technologie tracker pour suivre la position du soleil tout au long de la journée. De plus, ses cellules bifaces captent la lumière des deux côtés : la face arrière tire profit de la lumière réfléchie et de la lumière diffuse pour générer de l’électricité, la face avant capte le rayonnement direct. Les modules peuvent ainsi produire en moyenne de 10 à 25% d’énergie supplémentaire par rapport aux cellules monofaces.
Côté vent, la City of Sydney sera en partie alimentée par le parc éolien Sapphire. Situé près de Inverell, le plus grand parc éolien de la Nouvelle-Galles du Sud se compose de 75 turbines culminant à 200 mètres de haut, et offrant une puissance totale de 270 mégawatts. Ce parc produit l’équivalent de la consommation de 115.000 foyers et permet d’éviter l’émission de 700.000 tonnes de CO2 tout en créant des retombées économiques positives pour la Nouvelle-Galles du Sud.
« Nous sommes au cœur d’une urgence climatique. Si nous voulons réduire les émissions et développer le secteur de l’énergie verte, tous les échelons du gouvernement doivent passer rapidement aux énergies renouvelables », déclare Clover Moore dans un communiqué de presse.
[1] CDP est une association internationale à but non-lucratif ayant pour objet d’établir un classement annuel des entreprises, villes, Etats et régions en fonction des mesures prises pour protéger l’environnement, sécuriser l’approvisionnement en eau potable et lutter contre la déforestation.
Commentaires
Je trouve intéressant toutes ces initiatives mais malheureusement les pays africains subsaheliens comme le Sénégal dispose de plus de 3000h de solaire dans l'année et nous avons un besoin important d'energie aussi bien pour les foyers, l'agriculture comme l'industrie. Nous recherchons activement des partenaires pour fournir a nos membres du matériel avec des rentabilités tres élevées ainsi que des garanties financières de grandes institutions internationales. Je vous laisse mon mail au besoin: mbodjmansour@colier.sn
Quelqu’un peut-il expliquer la relation entre la réduction des émissions de CO2 et, le soutien aux communautés impactées par la pandémie du COVID-19 ?
Vous avez raison, il n'existe aucune relation mécanique à court terme entre CO2 et soutien aux communautés...
D'ailleurs rien dans l'article ne dit ça !
"Selon Clover Moore, la maire de Sydney, le nouvel accord permettra de créer de l’emploi, de soutenir les communautés impactées par la pandémie du COVID-19, et de créer de nouvelles opportunités dans l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud, une région particulièrement affectée par les sécheresses répétées."
Je crois que c'est qu'en faisant le choix d'une alimentation à base de renouvelables que la ville de Sydney soutient les communautés.
Ce développement permettra de créer de l'emploi (beaucoup en phase de construction, mais aussi pour tout le développement et l'exploitation), et des ressources fiscales. Compte tenu de la géographie du coin, une bonne part de ce développement Enr se fera en Nouvelle-Galles du Sud, ce qui tombe bien car c'est une région particulièrement éprouvée par le changement climatique, ce qui met à mal une part de son économie.
C'est la bonne route, mais elle est encore longue.
Bonjour,
Je voudrais savoir comment la consommation est équilibrée avec la production ? A-t-on affaire à un réseau totalement autonome avec stockage, ou bien le réseau du pays assure encore le lissage (centrales nucléaires et thermiques) ??
Merci.
Pour répondre à une partie de votre question : il n'y a pas de centrale nucléaire en Australie. En effet depuis 1999 l’atome y est interdit par l’EPBC Act (Environment Protection and Biodiversity Conservation Act). Il y a des pays qui n'ont pas fait les mêmes choix aberrants que la France.
Bonjour YCL et Bernard Deboyser
Je me suis posé la même question et il me semble avoir trouvé la réponse ici :
https://www.cityofsydney.nsw.gov.au/__data/assets/pdf_file/0003/153282/Renewable-Energy-Master-Plan.pdf
Il se base sur une production de gaz vert issue des déchets afin de soutenir le réseau.
Concernant les choix aberrants de la France évoqués par Monsieur Deboyser, loin d'être un fervent défenseur du nucléaire à tout prix j'aimerais rappelé quelques réalités : Actuellement 90 % de l'électricité d'Australie vient du charbon (même source que précédemment). Ce qui en fait le 9 ème pays le plus émetteur de gaz à effet de serre au monde par habitant et le 1er dans les pays de culture occidentale (3 fois les émissions d'un français moyen).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_%C3%A9missions_de_dioxyde_de_carbone_par_habitant
Oui, d'accord, le choix de l'Australie qui a misé sur le charbon n'est pas plus judicieux que celui de la France avec le nucléaire. Il peut s'expliquer, sans l'excuser, par le fait que l'Australie détient 14 % des réserves mondiales de charbon et est le 3e producteur mondial. Heureusement, il y a d'autres solutions. Par exemple, l'Allemagne et le Danemark qui étaient de gros consommateurs de charbon en sortent progressivement. Le Danemark, qui n'a pas de centrales nucléaires est déjà à plus de 75 % d'ENR pour sa production d'électricité : https://www.revolution-energetique.com/la-performance-du-bon-eleve-danois-75-delectricite-renouvelable-en-2019/
L'Allemagne est sur la bonne voie (tout en sortant aussi du nucléaire) : https://www.revolution-energetique.com/allemagne-nouveau-record-pour-les-energies-renouvelables-et-declin-persistant-du-charbon/
Avec l'exemple de Sidney, l'Australie s'engage donc aussi sur la bonne route.