Entre Toulouse et Perpignan, un petit village rêvait de produire sa propre électricité à partir du soleil. Ça n’est qu’au terme de huit années de persévérance que les habitants de Luc-sur-Aude ont enfin inauguré leur centrale photovoltaïque. Entièrement financé et géré localement, le projet est une première en France.
C’est un peu l’histoire du village de gaulois d’Asterix et Obelix, version XXIe siècle. A Luc-sur-Aude en région Occitanie, une poignée d’irréductibles refusaient de consommer l’électricité principalement nucléaire et minoritairement renouvelable du réseau électrique national. Leur volonté, portée par le maire de la commune Jean-Claude Pons, a fini par aboutir ce 12 juin avec l’inauguration de la première centrale solaire citoyenne et autogérée de France. Fruit de huit années de mise au point et d’embûches contournées, le parc photovoltaïque du village va produire 320 mégawattheures par an.
Une volonté qui paye déjà
Le projet a été rendu possible par l’investissement de 286 particuliers, habitants de Luc-sur-Aude et de ses alentours. 40% des résidents de la commune on participé, selon le maire. Via la plateforme d’investissement participatif spécialisée Enerfip, ils ont levé 270.000 euros, bien au-delà des 190.000 espérés. Une subvention de 100.000 euros de la région Occitanie et de 7000 euros de l’ADEME a bouclé le financement. Avec leur société « 1,2,3 Soleil » créée pour l’occasion, les souscripteurs ont fait sortir de terre leur centrale en quelques mois. En service depuis fin 2017, elle a déjà rapporté 15.000 euros grâce à un tarif de rachat de 0,10 euro par kilowattheure, négocié avec le fournisseur d’électricité Enercoop.
Jusqu’à 250 kW en crête
Le parc s’étend sur 8000 mètres carrés et peut générer une puissance de 250 kWc, assez pour assurer la consommation hors chauffage des habitants de Luc-sur-Aude. Si le très coûteux raccordement au réseau public facturé par Enedis a failli faire chavirer le projet, la société citoyenne a finalement trouvé un compromis. Elle s’est également activée pour assurer un cadre légal et juridique à l’initiative, entre inscriptions au plan local d’urbanisme et obtention d’agréments et autorisations diverses.
Loin des centrales solaires lancées par de grands investisseurs étrangers et des géants de l’énergie, les audois sont parvenus à réaliser leur rêve : consommer une électricité ultra-locale et renouvelable en assurant un coût stable de l’énergie et en reversant les gains à ses citoyens engagés. Un exemple qui pourrait inspirer de nombreuses communes.
Je comprend mieux la quasi inexistence de ce type de production avec la phrase « le très coûteux raccordement au réseau public facturé par Enedis a failli faire chavirer le projet ». Bravo a ce maire et habitants.
Je trouve dommage de sacrifier des terres alors que les panneaux solaires sur les toitures existantes apporteraient également des puissances considérables.
Ce qu’ont fait Danois, Allemands, Suédois depuis 20 ou 30 ans…
Étrange pays qui ne sait que s’extasier devant les « grands » projets et s’acharne à combattre ce qui intéresse les habitants et leur rend service…
À quand les micro-centrales avec paraboles et générateurs Stirling à flanc de colline, à quand la remise en route systématique des moulins à eaux de nos rivières, à quand la méthanisation généralisée des déchets urbains ou agricoles…
Bonjour,
Petite précision: Le parc construit produit de l’énergie qui est consommée directement par les habitants de Luc-sur-Aude et le surplus est racheté par Enercoop ou est-ce que Enercoop rachète toute la production pour l’injecter dans le réseau en rémunérant la société créée avec le projet (et donc les investisseurs locaux) ?
Espérons de tels initiatives seront facilités dans l’avenir.
C’est pourtant très simple le solaire ! Bon en étant un peu bricoleur c’est mieux pour une rentabilité plus rapide et faut faire attention aux arnaques très nombreuses.
Le seul frein à mon sens c’est enedis avec ses frais de raccordement colossaux !.. Bien dommage.
A Hugo, le tarif d’achat et pas le tarif de rachat. La coopérative vend sa production et ne revend pas.
Pour voir large, disons 300.000 kWh par an, à 0,10€ du kWh x 15 ans = 450.000€, soit de quoi effacer un prêt et commencer à tirer de beaux bénéfices après cette période, si mes calculs sont bons ? Pas mal !
Doublon.