Si tout se passe comme prévu, l’Espagne devrait avoir fermé toutes ses centrales nucléaires d’ici 2035. Mais pour certains, cet objectif, fixé avant l’explosion de l’intelligence artificielle et l’électrification des transports, présente un risque pour la pérennité du réseau électrique espagnol. 

En Espagne, la sortie programmée du nucléaire suscite de plus en plus d’inquiétude. La progression des énergies renouvelables est pourtant remarquable, de l’autre côté des Pyrénées. En 2023, elles comptaient pour 52,3 % du mix électrique, en grande partie grâce à l’éolien avec 22,5 %, et le photovoltaïque avec 16,9 %. Pour atteindre de tels niveaux de production, l’Espagne peut compter sur une géographie avantageuse avec un excellent ensoleillement combiné à des vents forts et réguliers.

La progression est telle que le gouvernement actuel a revu ses objectifs à la hausse dans une nouvelle feuille de route publiée en septembre. Le gouvernement vise ainsi 81 % d’énergies renouvelables dans le mix électrique d’ici à 2030, soit 7 % de plus que le précédent objectif fixé en 2021. En parallèle, le pays veut accélérer sur l’hydrogène vert. Au lieu des 4 GW d’électrolyseurs initialement prévus, ce sont désormais 12 GW qui devraient être installés d’ici la fin de la décennie.

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Une question de timing

Malgré ces avancées, de nombreux acteurs du pays s’inquiètent d’une fermeture prématurée des centrales nucléaires, prévue pour 2035, qui pourrait avoir un fort impact social et économique dans le pays. Le nucléaire représente encore 20 % du mix électrique du pays grâce à 7 réacteurs répartis dans 5 centrales.

Une trentaine d’entreprises, avec le géant Iberdrola en tête de file, ont publié un manifeste pour la prolongation de la vie des centrales du pays. Dans ce texte, les entreprises en question s’inquiètent des dommages que pourraient causer un démantèlement prématuré des centrales nucléaires. En parallèle, plusieurs partis de droite plaident également au maintien des centrales, au moins jusqu’à ce que la production d’énergies renouvelables et les infrastructures de transport d’électricité soient en capacité de prendre le relais.

Malgré le fort développement des moyens de production d’énergie renouvelable, l’inquiétude guète également concernant la possible évolution à la hausse des besoins en électricité du pays, du fait de l’électrification des transports, et de l’explosion de l’intelligence artificielle. Pour le moment, il est prévu que la centrale d’Almaraz, plus grande centrale du pays avec ses deux réacteurs Westinghouse de 1 000 MW, soit la prochaine à être arrêtée, probablement en 2027 ou 2028.