Une centrale hydroélectrique au Pérou - Source : Pixabay
Le phénomène n’est pas lié à la seule sécheresse que l’Europe connaît depuis le début de cet été 2018. La baisse de la production hydroélectrique s’observe depuis plusieurs années dans de nombreux pays.
La production hydroélectrique représente 70% de la production d’électricité à partir de sources renouvelables, et plus de 15% de la production totale d’électricité à travers le monde.
La construction de barrages se fait au prix d’obstacles colossaux à surmonter et entraîne une transformation en profondeur des écosystèmes. Elle engloutit parfois des paysages entiers, et pousse des millions de citoyens à quitter leur foyer.
Mais depuis quelques années, le secteur de l’hydroélectricité fait face à un nouveau défi : une baisse répétée de sa production due à un manque de précipitations et à un assèchement consécutif de ses réservoirs.
Une situation qui pose des problèmes importants dans les pays dont l’approvisionnement énergétique dépend majoritairement de la production des barrages.
C’est le cas du Malawi, dont la production d’électricité dépend à 98% du réseau hydroélectrique, et de la Zambie, à hauteur de 95%. Or, depuis le passage du Niño en 2016, les réservoirs zambéziens affichent un niveau inférieur de 13% à leur niveau habituel.
Plus inquiétant, les projets de construction de barrages en Afrique de l’Est et du Sud exposent ces régions à des risques accrus de sécheresse. En effet, la production hydroélectrique est déjà fort concentrée dans les deux seules régions du Nil et du Zambèze (respectivement 62% et 73% des capacités d’approvisionnement de ces régions), et les projets de construction à l’horizon 2030 risquent d’accroître la concentration des capacités installées respectivement à 82% et 85%. Or une étude publiée par le journal Nature Energy révèle que ces deux contrées sont caractérisées par un modèle de précipitations très similaire. Les projets en cours accroissent dès lors la vulnérabilité de ces deux régions d’Afrique, qui pourraient souffrir simultanément de pénurie ou d’excédents d’électricité.
Plus près de chez nous, la Norvège dépend également dans une large proportion de l’hydro pour sa production d’électricité (95,9% en 2015). Cette prédominance expose parfois le pays à de grandes variations dans sa production électrique norvégienne, l’entraînant ainsi à devoir importer de l’électricité d’origine fossile ou nucléaire auprès de ses voisins.
En Espagne, qui dispose de plus de 1000 barrages, le défi ne consiste plus à en construire de nouveaux, mais à s’assurer que les barrages existants soient mieux gérés et bien alimentés, selon Eva Fernandez, Responsable du Programme Eau et Agriculture chez WWF Espagne.
Le dernier bilan mensuel du gestionnaire du réseau à haute tension (RTE), publié le 11 juin 2018, met en évidence le printemps particulièrement sec que la France a connu en 2017.
Entre avril et juin 2017, la sécheresse a fait considérablement chuter la production d’énergie hydroélectrique, et a vu le niveau des réservoirs baisser de manière significative : une baisse de 35,5% au mois d’avril, et de 28,7% au mois de juin de cette année par rapport aux mêmes mois en 2016.
La baisse des précipitations n’a cependant pas été spectaculaire, mais on note depuis quelque temps un effet cumulatif : la période de chaleur s’accompagne d’une augmentation de la consommation d’eau, et part d’un niveau des lacs déjà plus bas, donc avec des stocks d’eau inférieur à la moyenne historique.
Une diminution peu importante des précipitations peut ainsi entraîner la fermeture de plusieurs barrages.
Les réservoirs norvégiens et britanniques en baisse
Un printemps particulièrement chaud et sec a entraîné une baisse de 22% de la production de l’énergéticien norvégien Statkraft, essentiellement basée sur l’hydroélectricité. La production s’établissait à 11,5 TWh pour le second trimestre 2018, contre 14,7 TWh en 2017.
Ces résultats sont le reflet des conditions qui prévalent depuis le début de l’année en Europe du nord, où la faiblesse des précipitations et de longues périodes de haute pression atmosphérique ont entraîné une baisse de la production hydroélectrique, mais également éolienne.
Le niveau de l’ensemble des réservoirs de Norvège, Suède et Finlande s’établissait à 62% au terme du second trimestre 2018, en baisse de 10% par rapport à l’année précédente, alors qu’ils se remplissent normalement à cette période de l’année du fait de la fonte des neiges.
Le Royaume-Uni n’échappe pas à la règle : le gestionnaire de réseau britannique SSE rapportait également pour le second trimestre 2018 une baisse de 20% de sa production hydroélectrique par rapport à 2017, ainsi qu’une diminution de la production éolienne de 15%.
Commentaires
Il semble qu'il y ait alors une complémentarité entre hydraulique au fil de l'eau (qui produit sans doute aux mêmes périodes que l'éolien avec un léger décalage) et solaire.
D'ailleurs, avec un coût désormais bas de l'énergie solaire, même les pays peu ensoleillés peuvent investir dans cette énergie afin d'avoir un meilleur équilibre dans leur mix énergétique.
Il resterait pas mal d'endroits dans le monde pour faire du stockage hydraulique (STEP) :
https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/energie-renouvelable-100-energies-renouvelables-monde-cest-possible-grace-step-59333/
Plutôt que des batteries mises en Guyane polluantes et souffrant de la chaleur)...
! Hydroliennes à vortex de Karman (fr.wikipedia.org/wiki/Allée_de_tourbillons_de_Karman):
Il serait possible, même en crues de fleuve avec arbres morts dérivants, de concevoir des triangles immergés à flotteurs en partie haute, créant des vortex successifs (en file indienne se renforçant mutuellement, un peu comme dans les oscillations des serpents dans l'eau, aux bras de liaison comme les tampons de wagons sur voie ferrée sinueuse).
L'énergie réglable... de ces "trains" oscillants triangulaires immergés, seraient alors récupérés en opposition par des vérins hydrauliques, pressions /débit d'huile (végétale) ramenés en tuyaux à la berge à des pompes actionnant des générateurs.
Là, aucune gène à la faune aquatique à craindre !
Ce n'est pas le cas de la France, pour le 1er semestre de cette année, d'après le blog Tecsol.
L'hydroélectrique partage avec le nucléaire, le charbon et le gaz l'avantage d'être pilotable, c'est-à-dire de pouvoir assurer la sécurité d'approvisionnement quand le solaire et l'éolien ne le peuvent pas à cause de leur intermittence.
Si l'hydroélectrique est en baisse à cause d'un manque d'eau, on ne peut pas demander de le remplacer par du charbon ou du gaz, qui rejettent des polluants et du CO2, ce qui est incompatible avec nos engagements aux Accords de Paris.
Tant qu'on ne sera pas capable de capter et stocker économiquement le CO2 et qu'on ne sera pas capable de stocker économiquement l'énergie produite par le solaire et l'éolien, il ne restera que le nucléaire pour garantir notre sécurité d'approvisionnement.