En 2019 le Danemark a couvert 75 % de sa consommation d’électricité par les énergies renouvelables, dont 47% d’éolien, 3% de solaire et environ 25 % de biomasse. Le pays est donc sur la bonne route dans sa transition vers 100 % d’énergie décarbonée, sans recours au nucléaire. Il indique la voie à suivre aux autres Etats.
Comme chaque année, Energinet, le réseau danois de transport d’électricité a été le premier, ce 2 janvier, à publier les chiffres du mix électrique consommé par son pays en 2019. Un rapport chaque fois fort attendu puisque le Danemark est champion d’Europe en matière de production d’électricité par les parcs éoliens. Le record datait de 2017, le vent ayant cette année là fourni 43% du courant électrique consommé par le petit royaume scandinave.
Après un léger recul à 41 % en 2018 – en raison d’une vitesse moyenne des vents historiquement faible – les éoliennes danoises ont atteint un nouveau sommet en 2019, fournissant environ 47 % de l’électricité consommée. Si l’on y ajoute les 3% injectés dans le réseau par les installations photovoltaïques, le pays est donc le premier, en Europe, et probablement au monde, à produire la moitié de son électricité par des sources d’énergie intermittentes.
La prouesse est d’autant plus épatante que, selon le Conseil européen des Régulateurs de l’Energie (CEER), le Danemark figure à la 3e place du classement des Etats européens dont les réseaux électriques sont les plus stables. L’exemple danois oppose ainsi un démenti cinglant à tous ceux qui, aujourd’hui encore, affirment toujours l’impossibilité pour les réseaux électriques de supporter plus de 20 % d’énergie renouvelable dans le mix de production d’un pays.
La performance danoise est notamment rendue possible grâce à deux câbles sous-marins d’interconnexion qui relient le pays aux installations de pompage turbinage (STEP) situées en Norvège et en Suède. Celles-ci permettent de compenser la production irrégulière des éoliennes puisque le Danemark étant un pays plat, il ne dispose pas de capacité hydroélectrique.
Les centrales à biomasse qui ont produit environ 25 % de l’électricité consommée par les danois en 2019, participent aussi à ce rôle régulateur. En effet, leur puissance pilotable peut être réduite lorsque les éoliennes tournent à plein régime, et relancée dans le cas contraire. Une fonction remplie dans d’autres pays par des centrales au gaz ou au charbon quand il ne s’agit pas de nucléaire.
Les chiffres publiés par l’AIE (Agence Internationale de l’énergie) révèlent qu’en 2010 le charbon, le gaz et le pétrole produisaient encore 66,1 % de l’électricité de ce pays producteur d’hydrocarbures en Mer du Nord depuis les années 1970. Or, ces énergies fossiles n’intervenaient plus en 2018 qu’à raison de 28,4 % dans le mix électrique. Une chute de presque 40 % due essentiellement à l’essor des énergies renouvelables puisque les danois ont toujours renoncé au nucléaire.
Contrairement à ce qu’affirment les lobbies opposés aux énergies vertes, une proportion importante de sources intermittentes d’énergie renouvelable dans le mix électrique d’un pays n’engendre donc absolument pas la nécessité d’un recours accru aux énergies fossiles émettrices de gaz à effet de serre ou au nucléaire producteur de déchets radioactifs.
Le rôle essentiel de la biomasse
Visant la neutralité carbone et l’abandon complet des énergies fossiles d’ici 2050, le gouvernement danois a dévoilé en avril 2018 un nouveau programme intitulé « Energy for a green Denmark ». Objectif intermédiaire : 50 % d’énergie renouvelable et sortie du charbon d’ici 2030.
Outre le projet de doubler la capacité de production du parc éolien par la construction d’îles artificielles entourées d’éoliennes offshore, le plan gouvernemental table aussi sur la conversion à la biomasse des centrales au charbon.
Selon les données de l’Agence danoise de l’énergie, la consommation de biomasse solide pour la production d’électricité a fortement augmenté dans le royaume au cours des 5 dernières années, passant notamment de 27,84 GWh en 2014 à 37,12 GWh en 2017, ce qui correspond à une croissance de 33% en 3 ans. Cette augmentation résulte en grande partie du remplacement du charbon ou du gaz par des granulés et des plaquettes de bois dans plusieurs grandes centrales de cogénération du pays, comme celles de Studstrup 3 et Avedore 1 en 2016, et de Skoerboek 3 en 2017.
Parallèlement aux conversions massives de ces grosses unités, les petites cogénérations à base de paille et les installations de biométhanisation fleurissent dans les campagnes et les fermes danoises.
Résultat : en 2018 les statistiques officielles annonçaient une part de 22% de la biomasse dans la couverture des consommations d’électricité du pays. Nous n’avons pas encore connaissance des chiffres pour 2019, mais la centrale au charbon d’Asnæs ayant été convertie à son tour à la biomasse, nous estimons qu’une croissance d’au moins 3 % s’est poursuivie l’année dernière, portant la proportion d’électricité produite par la biomasse à plus de 25 % de la consommation du pays.
Au total les danois ont donc produit en 2019 environ 75 % de leur électricité par des sources d’énergie renouvelable. Certains pays européens font certes encore mieux, mais la performance est néanmoins remarquable puisque le Danemark, contrairement à la Norvège ou la Suède ne dispose pas d’un potentiel hydroélectrique important, ne peut pas compter sur la géothermie comme en Islande, ne possède pas de vastes forêts comme en Finlande et ne jouit pas d’un bon ensoleillement.
Entourée presque entièrement de mers, la péninsule danoise pourrait cependant compter sur un autre atout : celui des énergies marines. Selon EurObserv’ER, l’énergie des vagues et des courants marins pourrait répondre à 10 % des besoins électriques européens d’ici 2050. Bien placées pour les exploiter, plusieurs startups danoises comme WaveStar, Crestwing ou Wavepiston déploient actuellement des projets pilotes dont les résultats ne sont toutefois pas attendus avant quelques années.
En bonne voie pour réussir sa transition vers la neutralité carbone en 2050, sans nucléaire, le Danemark pourrait donc servir d’exemple à de nombreux autres Etats.
Commentaires
Marrant quand même, pendant que cet article clame 75%, le gouvernement français publie un bilan à... 50% de production "verte" de l'électricité danoise.
Et puis au fait... Brûler de la biomasse n'émet pas de GES ??... Ce n'est pas parce que la syllabe bio est dedans que c'est forcément inoffensif.
Et enfin, ses "efforts verts" reposent aussi en (grande) partie sur la production de ses voisins (exemple prod finlandaise grâce à son hydroélectrique).
Je cite:
"l’exemple danois oppose ainsi un démenti cinglant à tous ceux qui, [...], affirment toujours l’impossibilité pour les réseaux électriques de supporter plus de 20 % d’énergie renouvelable dans le mix de production d’un pays.
La performance danoise est notamment rendue possible grâce à deux câbles sous-marins d’interconnexion [...]. Celles-ci permettent de compenser la production irrégulière des éoliennes."
Comment affirmer quelque chose et prouver que c'est faux la phrase suivante!
Personne ne voit que ce n'est que reporter le problème aux pays voisins? Si les pays voisins étaient aussi à 50% d'énergie intermittente, le réseau électrique électrique du danemark n'aurait pas tenu.
Il faut trouver des solutions mais affirmer des absurdités n'aide pas à trouver la bonne direction.
Ce qui frappe le plus, c'est le déséquilbre entre éolien et PV.
Le Danemark peut mieux faire en déployant beaucoup plus de PV, complémentaire de l'éolien.
Ce texte est volontairement un tissu de mensonges par omission. Le Danemark n'atteint une proportion d'électricité éolienne aussi élevée dans son mix que par le jeu des import-exports d'électricité avec la Norvège et la Suède. Il exporte, à bas prix son électricité vers ces pays quand le vent est fort, et en importe à prix élevé de l'électricité quand le vent est faible. De même, une bonne partie de la biomasse vient de Lithuanie sous forme de plaquettes de bois.
Le Danemark est un petit pays dont la production d'électricité est relativement faible et peut jouer sur l'import-export parce qu'il fait partie du réseau scandinave;
Un pays comme l'Irlande, dont la production électique est du même ordre qui est beaucoup plus isolé ( deux liaisons avec l'Angleterre cependant), n' a pas ces possibilités, et a de plus en plus recours au gaz importé pour équilibrer son éolien !
Le cas du Danemark est un trompe-l'oeil, très utilisé par les marchands d'éolien appuyés par l'écologie politique.
En quoi le fait d'importer et d'exporter de l'électricité est un problème ? Tous les pays européens le font, y compris la France et l'Allemagne. Si je ne me trompe pas, la France importe ou exporte aussi beaucoup d'autres biens, à commencer par le pétrole et de nombreux produits alimentaires. Pourquoi voudriez-vous que chaque pays soit une île autonome en électricité alors que presqu'aucun Etat ne l'est pour la plupart des autres biens. Les frontières sont des limites purement artificielles, héritées d'un passé révolu et qui aujourd'hui, en Europe, n'ont plus qu'une seule raison d'être : celle d'alimenter la rhétorique répugnante de l'extrême droite.
Loin d'être un trompe-l’œil, le Danemark et ses échanges énergétiques avec les pays scandinaves est donc plutôt un très bon exemple pour l'Europe de l'électricité sans frontière vers laquelle nous nous dirigeons. L'Europe a d'ailleurs fixé des objectifs à chaque pays en matière d'interconnexion, car c'est la clé de voûte de la transition énergétique vers un mix 100% renouvelable. Vous citez l'Irlande ; or il y a justement un projet d'interconnexion haute tension entre la France et l'Irlande en cours de construction : le Celtic Interconnector.
Evidemment le cas du Danemark et ses 75 % d'électricité renouvelable est un caillou dans la chaussure des aficionados du nucléaire qui ont toujours soutenu qu'il n'était pas possible d'alimenter un réseau électrique avec un large pourcentage de renouvelable et utilisent n'importe quel argument fallacieux pour soutenir leur thèse.
Vous dites que mon article est un tissu de mensonges. Excusez-moi, mais votre commentaire est un tissu de bêtises.
J'arrive tardivement mais prendre l'exemple du Danemark comme modèle relève de l'escroquerie. Voir ci-dessous.
Ils consomment 32TWh (2019).
Ils produisent 16TWh avec le vent.
Et 5TWh biofuels, 3.25 coal, 1.82 NG, 0.98PV, 0.3 petrol total production: ~27.4TWh
Ils importent 15.6 TWh et exportent 10TWh. c'est un système très dépendant des voisins. On sait pourquoi: il faut compenser quand l'éolien s'arrête et envoyer la surproduction éolienne (pas mal vers les scandinaves qui ont des barrages réservoirs qu'on peut arrêter).
Tout le monde n'a pas les barrages de la Suède et la Norvège comme back-up de l'intermittence de l'éolien près de chez lui et c'est un petit pays.....
Merci de me traiter d'escroc. L'exemple danois est au contraire un très bel exemple de collaboration internationale pour le marché de l'énergie. Comme je l'ai déjà dis souvent, nous ne sommes plus au temps du nationalisme nauséabond du 19e et du 20e siècle qui a mené aux drames que nous connaissons. Le marché de l'électricité est aujourd'hui un marché international. Pourquoi ne pourrait-on pas importer et exporter de l'électricité, comme le fait le Danemark, alors que nous le faisons à grande échelle pour les productions alimentaires, le pétrole, le gaz, les voitures, et de nombreux biens d'équipement. Au contraire, l'Europe incite à ces échanges d'électricité entre pays, qui pourront contribuer aux objectifs de transition énergétique. Elle a d'ailleurs fixé dans une directive européenne des objectifs d'interconnexion que d'ailleurs la France, qui est un mauvais élève en la matière ne respecte pas. Il y a en Europe des pays plats (comme le mien) et des pays montagneux qui peuvent stocker l'électricité dans des STEP, des pays venteux et des pays qui le sont moins, des pays ensoleillés et des pays qui le sont moins, des pays qui disposent d'un potentiel géothermique et d'autres d'un potentiel de développement des énergies marines. Les échanges et la collaboration entre tous ces pays contribueront à atteindre l'objectif de 100% de production renouvelable en 2050. Et l'exemple de la collaboration entre le Danemark, la Norvège et la Suède, qui sont pionniers en la matière, est donc un très bon exemple. Evidemment, les lobbyistes du nucléaire qui, pour préserver leurs intérêts, ne pensent cherchent tout prix à tuer la transition énergétique en diffusant des contrevérités et des arguments fallacieux et trompeurs. Ils n'ont donc pas intérêt à promouvoir cet exemple et cette collaboration internationale et se replient donc sur un nationalisme et un chauvinisme de très mauvais aloi pour le dénigrer. Désolé de vous dire que votre combat d'arrière garde est perdu d'avance ....
Ça reste absurde et vous ne répondez pas réellement à la question. Sur le site de RTE on constate que l'éolien tombe régulièrement à moins de 1000 GWh sur des périodes de 7 jours ou plus, lorsqu'elle peut produire 15000 GWh les jours fastes. D'où voulez faire venir la différence ? Il n'existe à l'échelle de la consommation française aucune réserve en Europe pour alimenter quasiment toute la consommation française sur 7 jours, sans parler d'y ajouter l'Allemagne.
Il n'est pas question de nationalisme, l'exemple du Danemark n'est pas transposable à moins que vous montriez clairement à qui on pourrait s'adosser à raison de, par exemple, 70 000 GWh sur 7 jours, et ce une ou deux fois par mois. Si c'était possible on serait ravi de le faire mais la vérité c'est qu'on s'adossera principalement au gaz puisque presque tous les pays européens seront en même temps en manque de vent.
Très bien toussa! Je note que le taux d'EnR du Danemark (plat pays) est rendu possible grâce à l'interco avec les STEP de Norvège (montagnes).
Il aurait été judicieux aussi d'indiquer le prix du kWh payé au Danemark depuis des décennies par les particuliers et les entreprises. Il est assez élevé, ce qui "rentabilise" plus facilement les investissements EnR.
En France, le nuke a permis au pays de bénéficier pendant des décennies d'un courant bon marché. Cela à favorisé tout le monde, mais aussi provoqué des dérives (chauffage électrique à outrance, blocage du développement des EnR). Et envisager d'aligner progressivement le prix de l'électricité sur nos voisins va automatiquement jeter plein de GJ bruyants dans les rues.